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Critique de clairejeanne


Prix de la littérature asiatique Émile Guimet 2020

Qinglin est un homme marié, il a un fils et il prend grand soin de sa mère, cette femme très aimante qui l'a élevé seule depuis que son mari est mort, et qui n'a que ce fils dans son existence.
Progressivement, Qinglin s'aperçoit que sa mère - quand il était petit, son père lui avait dit que c'était une femme peu ordinaire - n'est plus très présente à la vie quotidienne réelle : elle semble complètement partie dans un autre monde, prononce des paroles incompréhensibles, récite des poèmes qu'elle n'est pas sensée connaître si elle n'a pas fait d'études, sait broder d'une façon merveilleuse. Qui est-elle cette femme qui a été trouvée quasiment morte dans la rivière yonggu, avec un corps brisé et sans aucune mémoire ?

Qinglin va aller d'étonnements en étonnements au cours de son "enquête" sur le passé de sa mère ; son cheminement lui permettra de retracer d'abord l'histoire de son père puis, plus difficilement celle de sa mère.
Retrouvant ses racines grâce à son ami Long Zhongyong, architecte à la recherche des vieilles maisons de propriétaires et grâce également aux dires des uns et des autres en particulier de ceux du village où se trouve le Manoir des fantômes, Qinglin devra découvrir cinquante ans de l'histoire de la Chine pour comprendre ses origines et ce qui est arrivé à ses parents.

Le texte de Fang Fang pose plusieurs fois la question de savoir s'il est important de connaître son passé, et celle de savoir si on doit le connaître à tout prix, même si nos ancêtres en ont décidé autrement ? Autre thème important développé par l'autrice, celui des haines entre familles et de leur lien avec les soubresauts de l'Histoire.

Très bien raconté, en particulier l'histoire de la mère qui remonte le temps en même temps que son esprit sort de l'enfer, ce récit met en parallèle la chronique de deux familles de riches propriétaires et celle d'un immense pays, la Chine, qui a vécu des années noires au moment de la réforme agraire au début des années cinquante.
Un livre étonnant, passionnant, au suspens très bien mené ; une histoire mal connue qui mêle à la fois violence, sagesse et poésie, un très beau moment de lecture.

Premières phrases : " Cette femme est depuis toujours en lutte contre elle-même. Elle est déjà très agée. Sa peau est tellement relâchée que ses rides même en paraissent affaissées. Son visage et son cou sont couverts de très fines cicatrices et comme elle a la peau très blanche, ces marques ne donnent pas l'impression d'avoir été laissées par le scalpel du temps, mais bien plutôt par un pinceau minutieux qui aurait dessiné son visage, trait à trait."

Lien : https://www.les2bouquineuses..
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