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Critique de gabb


Dur dur d'être un génie incompris, contraint à l'anonymat, muselé au quotitiden par sa propre modestie ! (moi-même, vous n'imaginez pas ce que j'endure... ;-))

Arturo Bandini en sait quelque chose, lui l'écrivain maudit dont l'oeuvre magistrale demeure injutement ignorée du public ! Bon, à y regarder de plus près, l'oeuvre magistrale se limite en fait à une unique nouvelle (le Petit Chien Qui Riait, en vente chez tous les bons charcutiers) mais déjà hein, c'est pas rien !
La gloire, l'argent et les honneurs ne vont pas tarder, c'est sûr, alors pour patienter Arturo Bandini déambule dans les rues poussiéreuses de Los Angeles, gaspille ses derniers dollars et vit d'expédients. Bars et hôtels miteux, rencontres improbables, mais toujours personne pour reconnaître en lui le nouveau Faulkner, l'égal d'Hemingway... Pourtant ça crève les yeux !
Fantasque, menteur, plein d'ambition et d'énergie, Arturo tire des plans sur la comète : c'est un vrai bonheur que de le suivre dans ses délires, et à l'inverse un vrai crève-coeur de se heurter avec lui à l'indifférence générale. Notre jeune homme en perd presque la tête, et son caractère changeant de grand émotif vire presque à la schizophrénie quand il rencontre la belle Camilla Lopez, une serveuse mexicaine tout aussi frappée que lui ! C'est la naissance d'une relation ambiguë, alternativement tendre et violente, mélange de haines et de passions, de "je t'aime moi non plus", qui nous offre des scènes et des dialogues assez décapants !

Tout au long du roman, John Fante (dont on m'avait fort justement vanté les mérites, merci @blandine5674 !), souffle ainsi le chaud et le froid, soulevant au passage cette poussière du désert qui, à l'en croire, plane en permanence sur la cité des anges.
Si l'histoire proprement dite ne m'a pas complètement transporté, le style vraiment original et parfaitement maîtrisé de John Fante (encensé dès la préface par Bukowski himself, excusez du peu !), son goût pour l'absurde, la force évocatrice de son texte et son phrasé étonnamment moderne (pour une oeuvre de 1939) me l'ont rendu, ainsi que son héros, éminemment sympathique !

Voilà donc un livre tragiquement décalé, plein de rage, de misère et d'humanité, qui s'achève sur un très joli chapitre dans le sublime désert du Mojave. La fièvre créatrice d'Arturo Bandini (présenté comme le jumeau fictif de John Fante lui-même) est furieusement contagieuse et s'il est vrai, comme le disait Picasso, que "l'art lave notre âme de la poussière du quotidien", alors nous voilà durablement décrassés !
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