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Critique de belette2911


Toxey Bivins est un jeune garçon qui a terminé le lycée, tout en os, pas bagarreur et passionné par la photographie. Jusque-là, tout va bien…

Là où ça se corse, c'est que nous sommes dans le Sud des États-Unis, dans les années 60, que Toxey est Afro-américain et qu'il vit, avec toute sa famille, dans le quartier le plus pauvre de la ville.

Non, l'écriture de l'auteur n'est pas de celle qui cherche à faire pleurer dans les chaumières.

Pas de pathos dans ce récit noir comme le café, juste des faits, des parcours de vie comme il en existe tant dans l'Amérique fracturée par tout ce qui peut diviser des Hommes (couleurs de peau, position sociale, argent,…).

J'avais le présage que ce Présage allait être une bonne lecture et si je ne suis pas capable de vous tirer les cartes, je peux vous présager un excellent moment de lecture avec ce roman noir sombre, profond, qui alterne les récits au passé et au présent, avec un vieil homme souffrant de la maladie à corps de Lewy, qui perd la mémoire et qui tente de raconter un épisode important de sa jeunesse, à sa fille, Cynthia.

Le titre en anglais parlait de "Bone omen" et comme dans ce roman noir, un personnage porte le nom De Bone, on peut dire qu'il y avait un jeu de mot avec son présage à lui et il avait bien raison, ce Bone, personnage étrange, taxidermiste et associé à un politicien aux dents longues, imbu de sa personne, pété de thunes et qui m'a fait penser à un autre politicien, celui avec une touffe orange sur le crâne (et rien dedans).

Oui, dans ce roman noir, les personnages sont réalistes, mais aussi travaillés, sans pour autant que l'auteur doive en ajouter des tonnes.

Ses personnages sont naturels, pas forcés, comme on pourrait en croiser, que ce soit dans les Quarters, le quartier pauvre ou dans l'entourage d'Elder Reese, qui se présente aux élections, sans programme, disant tout et son contraire et ne pensant qu'à attraper les filles par la techa… Son personnage est réussi et fout la trouille.

Dans ce roman noir, il y a du contexte social, des interrogations sur les anciens peuples qui vivaient là avant et qui furent spoliés, sur la nature qui trinque, sur les cerfs malades, sur la corruption dans la politique (et ailleurs), sur le fait que les gens soient fiers d'être incultes, non-lecteurs, sur la lobotomisation des masses, sur le racisme, sur la difficulté de trouver du travail.

Il y a aussi une grosse réflexion sur le fait que lorsque que certains fous accèdent au pouvoir, ils peuvent transformer le pays en zone de non-droit, laisser les gens faire la loi avec leurs armes, tirer à vue, instaurer des couvre-feux et jouer avec les médias, jouer avec les faits et transformer tout en attaque de sa petite personne, sous les regards énamourés et enfiévrés de ses supporters… Certains passages dans le présent font peur, très peur.

Le Présage est un roman noir qui claque comme un coup de fusil, qui pète à la gueule, qui fait peur, réfléchir, tout en nous entraînant dans une nature sauvage, avec des personnages qu'on n'oubliera pas de sitôt… Un portrait d'une Amérique réaliste, même si on n'a pas envie de voir se réaliser le présage, funeste, d'une Amérique aux portes d'une guerre fratricide…

Bref, c'était une lecture marquante, une lecture qu'il faut ensuite digérer, en se demandant ce que l'on va bien pouvoir lire ensuite… Un autre roman de Peter Ferris, sans aucun doute !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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