>
Critique de Margorito
Le parcours de Fassin est fascinant. D'abord médecin, sociologue puis anthropologue, les questions de justice, de répression, de colonisation et d'inégalités sociales ont guidé sa trajectoire. À travers ses enquêtes ethnographiques, il a étudié les lieux qui jalonnent le processus pénal : la rue, le commissariat, le tribunal, la prison. Dans Punir, il convoque donc une expertise vaste et incarnée, et synthétise dans un essai court et brillant les bases d'une réflexion sur le châtiment.
.
La démarche, qu'il qualifie « d'anthropologie critique », interroge le châtiment d'un point de vue généalogique, philosophique et sociologique. Qu'est-ce que punir ? Pourquoi faudrait-il punir ? Pourquoi punit-on dans les faits ? Enfin, et surtout, qui punit-on ?
.
L'essai remet en cause le lien supposé nécessaire entre crime et châtiment, entre commission d'une infraction et infliction d'une souffrance. Il montre que la logique punitive a une histoire, qu'elle ne va pas de soi.
.
Le châtiment dépouillé de sa nécessité peut donc être observé pour ce qu'il est : une institution sociale, reflet des affects et des normes d'une société. Fassin parle ainsi du tribunal comme « le lieu par excellence de la diffraction du social à travers le prisme du pénal ».
.
Il étudie les mécanismes par lesquels le châtiment ne se déploie pas uniformément dans l'espace social : la présence policière sélective, les enjeux sociaux occultés de la procédure pénale, les héritages historiques de la colonisation...et surtout l'impossibilité pour le système pénal, dans sa structure même, de prendre en compte ces enjeux. Censé le préserver, le châtiment n'est-il pas finalement ce qui menace l'ordre social ?
.
En à peine 150 pages, la réflexion de Fassin se déroule avec une clarté et une logique très agréables à lire, et illustrée par de nombreux exemples. Un coup de coeur que je recommande ++
.
La démarche, qu'il qualifie « d'anthropologie critique », interroge le châtiment d'un point de vue généalogique, philosophique et sociologique. Qu'est-ce que punir ? Pourquoi faudrait-il punir ? Pourquoi punit-on dans les faits ? Enfin, et surtout, qui punit-on ?
.
L'essai remet en cause le lien supposé nécessaire entre crime et châtiment, entre commission d'une infraction et infliction d'une souffrance. Il montre que la logique punitive a une histoire, qu'elle ne va pas de soi.
.
Le châtiment dépouillé de sa nécessité peut donc être observé pour ce qu'il est : une institution sociale, reflet des affects et des normes d'une société. Fassin parle ainsi du tribunal comme « le lieu par excellence de la diffraction du social à travers le prisme du pénal ».
.
Il étudie les mécanismes par lesquels le châtiment ne se déploie pas uniformément dans l'espace social : la présence policière sélective, les enjeux sociaux occultés de la procédure pénale, les héritages historiques de la colonisation...et surtout l'impossibilité pour le système pénal, dans sa structure même, de prendre en compte ces enjeux. Censé le préserver, le châtiment n'est-il pas finalement ce qui menace l'ordre social ?
.
En à peine 150 pages, la réflexion de Fassin se déroule avec une clarté et une logique très agréables à lire, et illustrée par de nombreux exemples. Un coup de coeur que je recommande ++
