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Critique de prettyrosemary


Quel bonheur de retrouver l'univers de Bohen dans un second opus qui reprend tous les bons ingrédients du premier mais dans une version vraiment, vraiment plus punchy. Je fais partie des lectrices et lecteurs qui avaient adoré le style intimiste des Seigneurs, mais Estelle Faye prouve ici qu'elle excelle également dans les affrontements épiques et elle met un grand coup de pied dans le peu de frustration qu'avait pu me laisser le précédent volume.

Encore une fois, nous suivons plusieurs personnages dans ce roman choral puisque partout, la résistance se met en place face à ce fameux Usurpateur et à la princesse Yule retranchés dans leur immense palais d'Ambre vert à Serna Chernik dont les projets un brin cryptiques ne nous disent rien qui vaillent… Il y a celles et ceux qui sont restés au sein même du siège du pouvoir, qui s'organisent dans l'ombre et qui désespèrent de retrouver un sens à leur combat, les disparus comme le Mage dément qui semblent n'avoir laissé derrière eux que des cicatrices irréparables et les étincelles d'espoir qui renaissent faiblement aux quatre coins de Bohen. Ioulia la Perdrix, l'espionne métamorphe dont toutes les certitudes ont été bouleversées par la Révolution et qui entame un long voyage vers des contrées oubliées de l'oeil de la capitale, les morguennes des Havres, Maëve, Lantane, bientôt rejointes par une nouvelle Poison Ivy en puissance, Sienne, la fille de la Voix de Bohen…

… et je passe le meilleur bien sûr pour que vous ayez toute la surprise. L'enchainement des chapitres est parfaitement équilibré et c'est en suivant toutes ces petites rébellions désespérées qu'on traverse Bohen de part en part et que le monde foisonnant créé par Estelle Faye se déploie sous nos yeux.

Il y a les lieux et les décors fabuleux qu'elle invente, de la toundra de Doshe, en passant par les étendues désertiques des Lacs Turquoises, jusqu'aux mangroves de Bo Chaï… Ce qu'on voit, ce qu'on entend, ce qu'on sent et ce qui y vit forment déjà un univers hyper riche mais ce que je préfère c'est que tout cela prend toujours une autre dimension avec les histoires et les légendes qui s'y rattachent. L'ancienne magie terrifiante, les croyances, le vrai, le faux, tout se mêle pour réenchanter les pierres, la terre et le vivant. Estelle Faye puise largement dans l'imaginaire, les mythologies et les sociétés moyen-orientales et orientales et chaque contrée de Bohen a trouvé une incarnation dans ma tête. En fait, en vrai, l'autrice crée une nouvelle mythologie autour de son propre récit et c'est assez déglingo pour être noté.

On ne cessera pas de dire merci pour la représentation LGBT, pour les personnages qui prennent le contrepoint total des clichés sexistes (oh ma berseker, oh mon chaman), pour l'extrême liberté qu'Estelle Faye semble toujours accorder à ses personnages : « C'est pas grave si tu ne corresponds pas à ce qu'on attend de toi, vole petit papillon »

Au niveau du style, ça coule tout seul. L'autrice a une plume élégante mais aussi très épurée et elle n'a pas besoin d'en faire des caisses pour donner du souffle aux scènes les plus poignantes. Je reste juste un peu sceptique face à l'utilisation répétée de certains adverbes comme ponctuation/transition et qui ont eu tendance à me casser un peu le doux flow. M'enfin, je m'en suis remise. ;)
Lien : https://prettyrosemary.wordp..
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