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Critique de Alfaric


Une histoire dense et intense qui fleure bon la SF des années 70 comme le cinéma des années 80 (le chef militaire des pavillonnaires Laurent Lefort est-il un clin d'oeil au paladin de la SF française Laurent Genefort ?). La prose est capiteuse voire envoûtante, le style très rythmé et très visuel : un véritable nectar !
Il faut démanteler un trafic de stupéfiant organisé par un Roi-Mutant qui veut dominer Néo-Paris. C'est simple et efficace, mais le récit comporte comme les autres ouvrages d'Estelle Faye des lacunes de narration assez gênantes. Mais dans le cas contraire, cela aurait été carrément grandiose !


J'ai mis 50 pages avant de comprendre que le narrateur n'était pas une femme. Donc c'est bien joué !
Car en fait le narrateur du roman est un chanteur/chanteuse de cabaret nommé Chet, non pas en l'honneur du jazzman Chet Baker mais du Daniel Chetman du film "Rue barbare", qui fait ici office de Billie Holliday au masculin. La narration à la première personne, le style nerveux où les phrases courtes s'entrechoquent d'autant plus que le rythme du récit est très soutenu nous plonge dans la psyché de Chet, ses affres, ses espoirs, ses fantasmes…
“All the girls are monsters and all the boys are whores”
L'ambiance est clairement gay-friendly. Chet est une véritable femme fatale qui s'ignore. J'ai pensé tout du long à une version masculine de la Rita Hayworth, la sex symbol du film culte des années 1940 "Gilda".
Les autres personnages ont bien du mal à exister à côté de lui ! Car c'est toute une galerie de personnages qui traversent parfois tels des fantômes la vie de Chet : Damien le pianiste, Virgile le poète fou, Léna la démoniaque sylphide dominatrice, Paul Langlois l'ex-psionique érudit, Janosh la Lavorda le prince des gitans… Même Galaad le preux éco-chevalier du 9-2 en treillis militaire ne parvient à faire oublier à Chet sa Reine des Neiges à lui : Tess la garçonne manquée idéaliste qui voulait gagner la Sibérie…
Néo-Paris est un personnage à part entière de roman, qui aurait pu (du ?) être davantage mis en avant, mais comme le roman est court, dense rythmé et entièrement raconté du point de vue de Chet qui ne cesse de courir avant de se laisser submerger, pas facile d'avoir une vue d'ensemble de Paname après l'Apocalypse : les Planteurs de Montmartre, les écologistes de la Bordure, les ferrailleurs et les forgerons de l'Île de la Cité, les marchands de grillons morts du marché chinois, les parias freaks du Quartier d'Enfer, l'immense tour de verre de la Défense…

Le récit ne se cache pas de suivre le cheminement de "La Divine Comédie" de Dante. Après avoir échappé à l'Enfer et avoir traversé son Purgatoire, Chet va devoir affronter la tentation ultime du Paradis. Et quels sont ses guides à travers son périple à travers Néo-Paris ? Virgile, Sybil et Lucifer…


Niveau thématiques, Estelle Faye n'échappe pas à ses mentors : Mathieu Gaborit, Hayao Miyazaki, et Xavier Mauméjean.



Pour terminer j'ajouterai que j'ai ressenti un petit côté "Final Fantasy" pas déplaisant du tout, voire même un gros côté manga avec les Psys de Stonehenge semblant tout droit sortir du manga culte "Akira" (à moins que ces mutants surpuissants qui perdent leurs pouvoirs à la puberté n'appartiennent aux territoires infinis de la Science-Fiction d'antan…).
Plus qu'un nouveau talent, livre après livre Estelle Faye est en train de devenir une grande dame de la SFFF française. Heureusement que les éditeurs ont cru en elle dès le départ...

Lien : http://www.portesdumultivers..
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