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Critique de ange77


«Gloire à toi, Seigneur des Moissons. C'est en paix que nous venons vers ton autel. Accepte nos offrandes, toi qui est le dernier et le premier, l'Alpha et l'Oméga, celui qui est, qui était et qui vient. Je sais où tu demeures : c'est là qu'est le trône de Satan. C'est en ton nom, Seigneur des Moissons, que sera versé le sang de l'agneau. Car c'est à toi qu'appartiennent le règne, la puissance et la gloire.»

Ce roman de nombreuses fois remanié sort finalement en 2004 et reçoit dans la foulée le prix Masterton 2005.
Attention talent !
Effectivement, le don de Mélanie Fazi n'est plus à démontrer et n'a rien à envier aux "ombres tutélaires" (de Bradbury ou King) dont on nous parle sur la couverture - magnifique par ailleurs.
L'écrivaine possède d'après moi une façon bien à elle de délivrer ses oeuvres, tant par sa plume toujours fluide et vivifiante que par la dualité des sujets ou des thèmes abordés avec énormément de finesse à chaque fois. Dualité dont elle pousse le vice jusqu'à la retranscrire au sein même de l'histoire et dans le caractère intrinsèque de ses personnages, avec une justesse éblouissante.

"Si on avait pu échanger nos places, d'un claquement de doigts, pour arrêter de nous envier nos vies respectives ?"

Mélanie Fazi, née en 1976 à Dunkerque, reste une auteure au style incontestable et incontournable de l'univers de la fantasy comme le prouve ses propres nouvelles traduites pour les États-Unis, excusez du peu^^

"Les serpents en eux-mêmes n'avaient rien d'exceptionnel. Pas très causantes, comme bestioles. Mais quand Katrina les prenait dans ses mains pour danser, là, c'était quelque chose. La façon dont tout son corps ondulait. le costume qu'elle portait, style princesse orientale dévêtue aux trois quarts. le contact des écailles sur sa peau nue. J'ignorais qui j'enviais le plus, Kat ou les serpents."

L'histoire :

Nous allons faire la connaissance d'Arlis, onze ans, jeune garçon candide, adopté par une troupe assez hétéroclite de circassiens.
Il y a là un ours placide nommé Palmer ; son dresseur Jared, cul-de-jatte au grand coeur ; un couple de ouistitis matois ; leur maître Aaron, très penché sur la bière ; la pulpeuse et tentatrice Katrina et son numéro de serpents ; Emmet, écuyer, chef des forains et à ses heures, amant de Lindy ; et Lindy donc, sa maman de coeur, à qui Arlis voue une admiration sans bornes et un amour sans limites.
"J'en voulais à mort au bébé qui l'avait abandonnée. Je me serais accroché, à sa place, au lieu de me défiler comme un lâche. Lui qui avait la chance d'être la chair et le sang de Lindy, quand je devais me contenter de porter son nom."
C'est à Bailey Creek, petite bourgade bourgeoise, que les caravanes foraines font halte et c'est à Bailey Creek donc, qu'Arlis va rencontrer la fillette qui va chambouler sa vie...
"Elle avait un visage qu'on se rappelait sans effort, avec la peau très brune, sans doute à force de journées passées à jouer au soleil. On l'imaginait bien gitane avec des anneaux d'or aux oreilles, Indienne avec des plumes dans les cheveux."
Faith, la fille du révérend Quinlan, n'a pourtant rien d'un petit ange, au contraire, et si elle a foi en quelque chose, ce n'est sûrement pas dans les sermons de son père. D'avantage adepte de rituels païens à tendance satanique, Faith va initier l'innocent Arlis à ses jeux nocturnes au beau milieu des champs, devenus pour l'occasion théâtre des offrandes et des prières au "Seigneur des Moissons".
"Un dieu des moissons qui parlait le langage de la lune avec la voix du vent."

L'un comme l'autre sont loin d'imaginer ce que ces rites vont réveiller chez Arlis... et jusqu'où va le mener ensuite la quête identitaire qui découlera des drôles d'évènements dont il sera témoin.
"Oui, lorsqu'on a onze ans, le monde est un endroit étrange, où peuvent surgir la violence et la mort, et changer votre vie à tout jamais…"


Autrement dit :

Un tragi-conte moderne raconté par le jeune, mais très - peut-être trop - mature Arlis lui-même. Fazi semble se délecter de ce mode d'écriture à la première personne dans lequel elle excelle diablement bien, avouons-le.

On y retrouve sa merveilleuse plume évidemment, son humour savoureux (comme par exemple le nom de l'église, dont je vous laisse la surprise), son intérêt pour l'âme humaine et ses dérives, sa facilité à transmettre des sentiments dans lesquels tout un chacun peut se reconnaitre,...

"L'expérience se révélerait peut-être enrichissante, d'un point de vue scientifique. Tout ce qui avait trait aux us et coutumes du commun des mortels, tout ce qui se passait hors d'une caravane m'intriguait au plus haut point. Autant saisir l'occasion, des fois qu'il ne s'en présente plus d'autres."


"J'avais onze ans et tout restait encore à faire."
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