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Critique de Tortoise


Mélanie Fazi est une de ces auteur.e.s que je suis depuis mes premiers pas dans les festivals et évènements du monde littéraire SFFF, dont j'affectionne les écrits, et que j'aime à lire aussi sur son blog.

C'est donc là, et par le relai des réseaux sociaux, que j'avais lu son billet intitulé "Vivre sans étiquette" le 26 juin 2017, qui m'avait beaucoup touchée à bien des niveaux, et tout particulièrement sur l'acceptation de la différence - à commencer par la sienne propre.
J'étais aussi heureuse qu'elle se libère de ces questionnements qui la minaient depuis un certain temps, qui s'avéraient donc être principalement une quête identitaire (ce qui me parle aussi pas mal), d'une nature particulièrement liée à des questions de notre société actuelle, qui prend doucement conscience que l'homosexualité n'est pas une maladie, et qu'il existe aussi bien d'autres formes de différences de genres et d'approches, qu'elles soient dans l'identité même ou dans les pratiques et modes de vie (bi-, trans-, non-binaire.s, asexuel.le.s, aromantique.s...).

La différence ici est plus difficile à cerner, et ne peut être définie par un mot spécifique : il s'agit, essentiellement, de l'absence de désir ou besoin de vivre en couple. Ce qui n'exclue pas le sentiment amoureux pour autant, et ne peut donc être intégré à la notion d'aromantisme. Non, la notion de relation reste présente d'une certaine manière, c'est bien la notion de relation *en vivant ensemble* - pour résumer par la caractéristique la plus évidente - qui est ici en question.

Et cette absence d'étiquette pour cette différence, cette absence d'un mot bien spécifique permettant de la définir, est un manque certain. Autant pour qui le vit que pour la société en général. D'autant que des témoignages manifestés à l'occasion de la publication de ce livre et même un peu avant montrent bien qu'il ne s'agit pas d'un cas isolé, mais d'une réalité bien présente et tangible, et la plupart du temps mal vécue car incomprise.
Il est vrai que dans notre société, le célibat est toujours considéré comme lié à un malheureux concours de circonstances, tout sauf un choix délibéré et assumé. Et pourtant, peu importent les genres et identités liées, le célibat comme choix délibéré existe aussi et n'est pas une tare pour autant, bon sang... Mais dans tous les cas, la réaction la plus courante est généralement d'estimer que le/la célibataire "n'a pas encore le/la bon/ne (partenaire)", alors que cela peut être tout aussi inepte que de dire la même chose à un.e homosexuel.le, en lui niant et refusant sa véritable identité de non-hétérosexuel.le ou autre.
Et là, c'est oppressif, et notre société n'a pas besoin de ça, elle doit évoluer pour l'intégrer et faire preuve d'ouverture et de respect (au-delà de la simple tolérance déjà plutôt limitée).

Et c'est aussi là que des textes comme l'article "Vivre sans étiquette" et "Nous qui n'existons pas" sont utiles, et que là où généralement on va plutôt privilégier une vision globale en-dehors des étiquettes quand elles ne sont que des cases limitatives et restrictives, dans un tel cas de figure il est nécessaire de créer une étiquette inexistante, pour mieux définir la nature de cette différence, et ainsi proposer une réponse à des quêtes identitaires et mieux la revendiquer et la défendre.

Pour conclure, je vais mettre cet avis en perspective avec mon propre positionnement : personnellement, j'ai longtemps vécu en célibat, plus ou moins par choix selon les périodes et les expériences, et même si j'estime avoir la chance d'être en couple depuis bientôt 4 ans, je n'en oublie pas moins certaines réactions et pressions par lesquelles je suis passée, et je les combine à ce que j'ai vécu et vis toujours en tant que no-kid ou child-free.
Je vis le "décalage" et le "pas de côté" sur d'autres fronts aussi, plus généraux.
En termes de genres et de pratiques, je suis simple hétéro', je connais des homo' des deux côtés dont certain.e.s assez tôt sans m'en être jamais formalisée, je compte aussi parmi mes ami.e.s et mon entourage des trans-, asexuel.le.s et aromantique.s (dont certain.e.s en couple), des polyamoureux/ses, et bien sûr d'autres hétéro'.
Mes tendances hyperempathiques m'ont toujours aidée à comprendre les autres et les accepter tel.le.s qu'ils/elles sont, mais aussi, avec le temps, à m'intéresser à tous les types de différences et aux vécus qu'elles impliquent...
Je suis donc toujours touchée, dans une certaine mesure, par les problématiques et les combats que posent ces différences-là (comme d'autres aussi), et je soutiens avec un intérêt sincère toute forme de questionnement et de revendications pour des différences acceptées et intégrées par la société dans son ensemble.
Bien que plutôt pessimiste/réaliste/pragmatique, j'ose garder un infime espoir que les meilleurs aspects de l'humanité persistent et puissent parfois prendre le pas sur les pires...

(Et puis, même en non-fiction, Mélanie Fazi reste une auteure remarquable au style fluide et immersif : son texte est bien meilleur que cette chronique dont je reste insatisfaite après des semaines de tentatives et corrections diverses, retombant toujours dans une espèce de raccourci militant et de manifeste moralisateur qui me fait tiquer désagréablement... Mieux vaut ça que le silence, me dis-je.)
Lien : https://www.facebook.com/tot..
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