Citations sur Le deuxième cercle de l'Enfer (10)
- La poussière, c'est comme le sexe, répliqua Kathleen avec un adorable accent britannique tout en pivotant sur les talons pour lui faire face. Un petit coup de temps en temps, ça ne peut pas faire de mal.
- Pardon, mais je manque à tous mes devoirs. Je ne me suis même pas présenté. Je m'appelle Constantin, mais vous pouvez m'appeler le Piment.
- Laisse-moi deviner, se moqua Kathleen. Tu vas nous donner chaud si nous te prenons en bouche, n'est-ce pas ?
- Et ensuite, je vais vous déchirer le cul, se vanta l'intéressé.
Estomaquées, Jenny et Kathleen demeurèrent une nouvelle fois sans voix, puis l'Anglaise demanda à son amie :
- Encore une subtilité de la langue française ?
- Oui, mais là, j'avoue avoir un doute, répondit Jenny avant de faire face au Piment. Connard ? Ça prend une ou deux baffes ?
« Pour la première fois depuis bien longtemps, entourée de ceux qu’elle aimait, la jeune femme eut l’impression d’avoir trouvé sa place. Jenny se sentait utile et épanouie. »
- C'est mon travail de ramener ceux qui s'égarent, de soutenir les plus faibles et de maintenir en place les plus forts.
- Si je résume, tu es un soutien-gorge.
- Malheureusement, il y aura toujours des attardés, inquisiteurs archaïques des bonnes mœurs et refoulés des choses du sexe. Quand j'ai fait mon coming-out, on m'a servi un discours apocalyptique, affirmant que si tout le monde faisait comme moi, la Terre, finirait dépeuplée. Et oui, malgré le réchauffement climatique, la pollution industrielle et la montée du fanatisme religieux, certains pensent encore que c'est l'homosexualité qui provoquera la fin du monde. Ceux-là ne méritent pas qu'on s'intéresse à eux.
Bon gré, mal gré, Jenny s'empara d'un préservatif dans son emballage métallisé et l'offrit à l'agent de police. Ce dernier considéra l'objet avec scepticisme.
- Une capote ?
- C'est aussi fiable qu'un test d'alcoolémie, expliqua-t-elle. Je m'en sers pour vérifier que je ne suis pas bourrée. C'est tellement compliqué à enfiler qu'il faut être sobre pour y arriver.
- Je croyais que vous ne buviez pas.
- Presque pas, mais ne jouons pas sur les mots.
En temps ordinaire, elle se serait contentée de pester derrière son volant, mais pas aujourd'hui. Non, aujourd'hui, elle n'était pas d'humeur à se laisser manquer de respect. Et puisque le Destin semblait prendre un malin plaisir à jalonner son existence d'emmerdeurs, Jenny se sentit en droit de les faire chier en retour.
Je suis venue, j'ai bu, j'ai rendu... mais j'ai vaincu !
- Je suis sincèrement peiné pour toi, Jenny.
- Et puis-je savoir pourquoi ?
- Je crois que tu auras beau chercher, tu ne retrouveras jamais quelqu'un comme moi.
- Ça, c'est plutôt une bonne nouvelle. Quand on sort les ordures, ce n'est pas pour en retrouver d'autres au milieu du salon.
- Laisse tomber, Jenny.
- Pourquoi ?
- C'est un barbu.
- Et alors ? insista Jenny.
- Crois-en mon expérience. L'attirance que tu peux avoir pour un barbu s'arrête le jour où tu le vois manger de la semoule.