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Critique de Franz


Franz
02 décembre 2019
Pour quelques nanars de plus.
Russell, vacher de la vieille école, sait que l'épopée des grandes plaines a pris du plomb dans l'aile avec l'avènement du cheval de fer, plus prompt et plus rentable à mener les troupeaux aux abattoirs des grandes villes. Nanti d'un pécule amassé sur la poussière des pistes et le dos des bêtes, Russell songe à s'implanter fermier car le chômage et la misère guettent les laissés-pour-compte. Russell a recueilli le fils d'un couple ami défunt, Benett Hattaway, idiot et dévoué. Tout pourrait suivre tranquillement son cours déclinant si le jeune Benett n'était retrouvé inexplicablement occis dans la ville étape de Sundance. Pour les notables du cru, il est hors de question d'admettre qu'un crime a été commis sur leur territoire car leur bled doit montrer patte blanche afin de décrocher l'implantation d'une gare ferroviaire, garante d'un développement économique lucratif. Russel n'entend pas être éconduit sans avoir fait la lumière sur la mort de son fils adoptif.
Agrippé par la couverture accrocheuse de l'album, titillé par le genre du western déclinant et le titre gunfighter, le lecteur peut espérer enfin extraire la pépite d'or du flot d'albums oubliables et dispensables. Si le genre fait florès, les réussites se comptent sur les doigts de la main valide de Bouncer. Malheureusement, dans cette collision et bascule des mondes et modes de vie, l'histoire imaginée par Jérôme Félix comporte des béquilles qui produisent des escarres en cours de route. Si tout démarre bien, assez vite le bât blesse. Les personnages ne sont pas assez creusés et perdent en crédibilité. Russell est incompréhensible et ses actions semblent absurdes. La fin de l'histoire est bâclée et parachève l'apologie de la veulerie et du cynisme dans un western crépusculaire sans flamboyance. Malgré cet os en travers de la gorge, les dessins et les couleurs de Paul Gastine demeurent splendides de bout en bout. L'auteur normand sait autant restituer l'ambiance des grands espaces que le confinement des nuits détrempées. Ses personnages expressifs et sa mise en page cinématographique donnent belle allure à l'ensemble : one-shot à la cartouche scénaristique mouillée mais au graphisme éblouissant.
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