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Critique de vilaindefaut


Nous sommes en Bretagne, côté sud, vers Quimper peut-être, ou Lorient ? Vincent Laffargue, commissaire de police et navigateur averti, part sur les traces de celui qui a sans doute agressé sa femme et s'est sauvé en volant un bateau. Sur les traces, ou plutôt dans son sillage puisque c'est une "Traque en haute mer" dans laquelle l'auteur, François Ferbos, nous entraine. Haute mer, haute mer… dans le dernier tiers du roman, quoi ; avant on reste beaucoup près des côtes. Je pinaille ? Oui, je pinaille.
Mais ce roman-là m'a agacée, que voulez-vous. D'abord, beaucoup trop de descriptions techniques sur les manoeuvres nautiques. Certes un petit glossaire à la fin éclaire bien des choses, mais enfin, même moi qui aime la mer, je n'en pouvais plus de ces manoeuvres inlassablement racontées en détails. A mort les détails techniques ! Vive la littérature qui exprime, qui fait rêver, qui fait sentir ! Et puis les passages à terre ne sont guère mieux écrits : c'est souvent maladroit, un peu lourd, les personnages n'ont pas beaucoup d'épaisseur, ni de finesse (oui, c'est paradoxal, mais je suis sûre que vous comprenez – non ?) et on ne s'y attache pas. L'auteur s'est fait plaisir à raconter ce périple marin, mais le lecteur, lui, n'en ressent pas grand-chose ; l'éditeur indique « roman maritime » sur la couverture, mais il faut plus que la mer pour faire un roman maritime. Je repense à Conrad, à Coloane et son Dernier mousse, aux feuilletonistes du XIXe siècle, grandiloquents mais passionnants.
L'éditeur, d'ailleurs, n'a pas fait son travail. Je veux bien croire que le Télégramme n'ait pas les moyens de Gallimard, mais enfin, on ne fait pas de relecture, dans les petites maisons ?
A la première page, je savais déjà que François Ferbos et moi, on n'allait pas être copains : « Les fins d'après-midi du début de l'automne en Bretagne était trop belles pour que le commissaire Laffargue dissimule son plaisir à retrouver le grand air et les longues lumières chaudes des soirées bretonnes. » Si vous n'avez pas compris qu'on est en Bretagne… L'ensemble est un peu à cette image : trop de détails inutiles, une langue hyper-descriptive et pas du tout évocatrice, des mots pour dire et pas pour faire rêver. le sommet étant atteint à la page 182 : « La mer grise et moutonneuse était déserte, il avait l'impression de foncer dans le vide d'un grand désert et commençait à ronger son frein, à s'ennuyer de la monotonie de la marche du bateau. » Et dix lignes plus bas : « La mer était ce grand désert sidéral… ». Entre les deux ? « aucun écho » sur le radar, une « surface vide », une « radio muette », un navigateur « isolé », « seul », sur une « immensité océanique ».
Que l'auteur ne remarque pas tout ça à la relecture, pourquoi pas. Mais l'éditeur, il nous fait quoi, là ? Il croit que son rôle, c'est juste de trouver un imprimeur pas cher et une jolie photo libre de droits ?

Je vous déconseille donc de suivre cette traque, même sur la plage. Reprenez donc un peu de Fred Vargas, finesse des personnages, plaisir du style, vrai suspens. Ou bien découvrez la Bretagne avec le "Château d'Argol", ou "La Côte sauvage".
Moi, tout ça m'a donné des envies de Moby dick.

(reçu dans le cadre de l'opération "Masse critique")

Lien : http://vilaindefaut.canalblo..
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