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Critique de Julitlesmots


J'étais très impatiente de plonger dans cette "suite", même si j'avais un peu peur que cela soit trop proche de Mille femmes blanches, mais Jim Fergus nous offre un roman à la hauteur du premier. Un hommage à la culture amérindienne et particulièrement aux Cheyennes dont il parle avec grand respect et son admiration transpire dans cet opus.

Jim Fergus se lance dans une suite, qu'il ne souhaitait pas spécialement faire. Il dit lui-même n'avoir pas vraiment relu Mille femmes blanches et être très content qu'on puisse lire la vengeance des mères sans avoir besoin de lire le premier.

L'auteur rend hommage aux femmes, qu'il trouve "beaucoup plus intéressantes que les hommes", merci monsieur Fergus de laisser les femmes s'exprimer à travers votre plume, ce qui ne doit pas être une mince affaire, s'immerger dans l'esprit d'une femme afin d'exprimer sa psychologie, son esprit, ses sentiments ! Les femmes sont complexes et Jim Fergus nous le prouve dans ce roman ! Elles sont contradictoires et tellement belles !

On sent que l'auteur a voulu non seulement rendre hommage au peuple cheyenne, mais aussi aux femmes "sacrifiées" pour une pseudo intégration des indiens. En définitif ces femmes vont trouver dans ces tribus ce que 'elles n'ont pas trouvé chez elles : le respect, l'amour et bien d'autres choses encore...

Ce qui est incroyable avec la vengeance des mères, c'est que je n'ai pas les 15 années entre les deux romans ! Jim Fergus nous plonge directement dans le vif du sujet en donnant la parole à Molly et Susan, comme il l'avait fait avec May Dodd. le roman commence là où s'arrête le précédent, sur le massacre du camp de Little Wolf pendant l'hiver 1875/76.

Le programme FBI, mis en place dans Mille femmes blanches, fut proposé par Little Wolf au président Grant, en effet celui-ci a peur (avec raison) que son peuple ne disparaisse, (au même titre que les bisons) suite à la conquête des "Blancs". Il propose de mêler les sangs blanc et cheyennes, pour assurer la survie des Indiens, grâce à une intégration bénéfique pour tous : « C'est pourquoi nous avons l'honneur de demander au Grand Père le présent de mille femmes blanches. Nous les épouserons afin d'apprendre, à nous et à nos descendants, la vie nouvelle qu'il nous faudra mener lorsque le bison aura disparu. »

Sans le savoir, Little Wolf provoque un sacré tollé, mais il poursuit : « Ainsi, nos guerriers logeront leur graine de Cheyennes dans le ventre des femmes blanches. Elle s'épanouira dans leurs entrailles et la prochaine génération de nos enfants viendra au jour dans votre tribu pour jouir de tous les avantages qui y sont associés. »

"En échange des mille femmes blanches, nous vous donnerons mille chevaux. Cinq cent bêtes sauvages et cinq cent autres déjà dressés. Les sangs de nos deux peuples seront irrémédiablement mêlés."

Voilà, comment le programme FBI est adopté, par un président très pragmatique et ce malgré une opposition politique, de la presse et de la bourgeoisie qui la jugent scandaleuse – livrer des femmes à des « sauvages » contre des chevaux – et inacceptable.

Je ne vais pas vous faire le récap' complet mais il faut savoir que dans la vengeance des mères, le programme est normalement abandonné, mais c'est sans compter avec la lenteur de la bureaucratie...

Les soeurs jumelles rescapées du massacre des indiens, ont la rage au ventre suite à la perte de leurs enfants... Elles décident donc de fuir aux côtés des Cheyennes. Et là nous assistons à un défilé de paysages magnifiques, tellement bien décrits par l'auteur, jusqu'aux Bighorn Mountain.

On retrouve de nouvelles "postulantes" qui vont peu à peu embrasser la cause indienne, Molly Susan, mais aussi Margaret, Lady Hall, Astrid, Lulu, Gertie et Matha qui se révèleront être de véritables guerrières, prêtes à tout pour sauver ce peuple, leur nouveau peuple... Elles sont blanches, mais deviennent profondément indiennes.

Les femmes et encore les femmes, sont les héroïnes de Jim Fergus qui délecte son lecteur avec cette histoire imprégnée par la mort, le deuil et surtout par la reconstruction et l'espoir. Tout au long de cette lecture, l'espoir sera un fil conducteur : l'espoir d'une vie meilleure, l'espoir de se venger, l'espoir de survivre...

Dans La vengeance des mères, deux femmes écrivent et donnent cette alternance avec ces carnets, chacune avec son style et son point de vu. Une évoque les traditions, les modes de vie, les paysages. L'autre nous parle de combats et de violence. Ce qui, en fin de compte, fait ressortir cette dualité que l'on trouve dans la culture amérindienne, à laquelle l'auteur est fortement attaché.

Jim Fergus réussi avec merveille à garder le lien entre ses deux fictions, tout en se démarquant dans le second, car on peut lire La vengeance des mères sans avoir lu Mille femmes blanches. La vengeance des mères met l'accent sur le métissage et la difficulté d'intégration, sur le désespoir de ces femmes qui en perdant leurs familles et leurs enfants ont tout perdu une seconde fois....

Partant d'une proposition, somme toute banale pour un indien, d'échange de chevaux contre des femmes, Jim Fergus a bâti une fiction d'un réalisme époustouflant.

La vengeance des mères s'achève la veille de la confrontation de la bataille de Little Bighorn en juin 1876, la coalition des Cheyennes et de Sioux inflige une mémorable défaite à la cavalerie du général Custer...

J'ai hâte de lire cette suite annoncée par Jim Fergus, lors de la rencontre dans les locaux de Babelio, en espérant ne pas attendre encore 15 ans :)

Il y a de l'aventure, du romantisme (pourtant j'en suis pas fane, mais à petite dose ça passe vraiment bien) et une belle approche de la culture amérindienne.

Merci à Babelio et aux éditions du Cherche Midi, de m'avoir donné l'occasion de découvrir ce roman et surtout de rencontrer Jim Fergus, un écrivain d'une grande simplicité qui a répondu aux questions des lecteurs avec beaucoup de naturel et d'entrain.
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