Franchement, vu la façon dont j'ai été traitée par les gens dits "civilisés", il me tarde finalement d'aller vivre chez les sauvages.
Les Indiens se déplacent comme le vent, plus légers que la brise, en faisant moins de bruit que les feuilles dans les arbres, avec la grâce naturelle des esprits.
Quand on est jeune, il n'y a que le présent qui compte. Il faut attendre un certain âge pour s'intéresser à ce qu'ont fait nos parents et nos grands-parents. Mais c'est en général trop tard.
Tout notre contingent a été aussitôt mis à contribution au camp où nous nous acquittons des tâches les plus basses, à la manière d'enfants instruits par nos mamans indiennes, sinon d'esclaves, pour être plus proche de la vérité.
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De leur côté, ces messieurs sauvages donnent l'impression de passer un temps démesurés à paresser dans leurs tipis, à fumer et à palabrer entre eux... ce qui me pousse à croire que nos cultures, finalement, ne sont peut-être pas si différentes : les femmes font tout le travail pendant que les hommes bavassent.
page 117 [...] Le visage peint de mystérieux motifs, un grand nombre de nos visiteurs étaient vêtus de jambières et de tuniques de cuir resplendissantes, ornées de toutes sortes de parures fantastiques. Certains avaient les jambes et le torse nus, parcourus de curieuses peintures. D'autres, armés de lances décorées de couleurs vives, arboraient des plumes, parfois une coiffe entière. Leurs cheveux tressés étaient embellis de perles et de pièces d'argent frappé, ils portaient des colliers d'os et de dents d'animaux, mais aussi des boutons de cuivre et des clochettes d'argent, de sorte que leur magnifique apparition était accompagnée d'un tintinnabule mélodieux qui ne fit qu'ajouter au sentiment général d'irréalité. [...]
Les Cheyennes croient que toute chose ayant eu lieu quelque part - chaque naissance, chaque mort - s'y trouve toujours, de sorte que le passé, le présent et l'avenir cohabitent éternellement sur terre.
Je respirai son odeur d'homme fort, semblable à une forêt d'automne. Les muscles de ses bras et de son dos donnaient l'impression de robustesse d'une maison aux murs solides. Le rythme de son coeur contre ma gorge me sembla le pouls de la terre elle - même.
Voyez-vous, les riches ne sont après tout que des pauvres avec de l'argent.
Toutes les religions semblent être organisées au bénéfice du sexe masculin, avec pour conséquence que les femmes sont reléguées au second plan : elles accouchent, élèvent les enfants, s’occupent des corvées. Voilà pourquoi je me méfie des religions, celles des Indiens y compris. (page 252)
Si les Indiens ont peu contribué à la littérature et aux arts de ce monde, c'est sans doute qu'ils sont trop occupés à vivre - à voyager, chasser, travailler - pour trouver le temps nécessaire à en faire le récit ou, comme Gertie le suggérait, à méditer sur eux-mêmes. Je me dis parfois que c'est après tout une condition enviable...