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Critique de Jolap


L'Histoire vraie :
Nous sommes le 18 septembre 1874. Little Wolff, chef des cheyennes, (1820-1904) quitte son campement pour rencontrer le Président des Etats-Unis Ulysses Grant.
Reçu en grande pompe avec sa délégation, il évoque les blessures tant morales que physiques infligées à son peuple et qui ne s'effaceront jamais. Il propose un marché qui puisse non pas réparer, mais qui, contribuerait à combler en partie le fossé d'incompréhension qui existe entre les indigènes et les wasichus, les blancs.
Il s'agit d'échanger 1000 femmes blanches contre 1000 de leurs chevaux pour favoriser l'intégration.
Ainsi poursuit le chef indien « nos guerriers logeront leur graine dans le ventre des femmes blanches. Elle s'épanouira dans leurs entrailles et la prochaine génération de nos enfants viendra au jour dans votre tribu pour jouir de tous les privilèges qui y sont associés. »
En entendant cela, Julia l'épouse du Président Grant s'évanouit tandis que les membres du congrès se mettent à huer Little Wolff qui sera reconduit dans sa tribu sous bonne escorte.

De cette anecdote historique, Jim Fergus, journaliste, écrivain, passionné par les cheyennes a imaginé un roman.
Le personnage principal May, issue d'une famille bourgeoise, a été internée pour avoir aimé un homme contre l'avis de son père. Deux enfants sont issus de cette union. Les conditions de vie sont telles dans cet hôpital qu'elle choisit de participer au convoi des mille femmes blanches.
C'est de cette épopée dont il est question dans ce livre. Nous partons avec May, partageons ses angoisses, ses craintes, ses rencontres amicales avec les autres femmes, ses coups de coeur avec le colonel Bourke, son mariage avec le chef Little Wolff.
Au fil des pages, tandis que l'aventure se dessine, elle nous fait lire un échange épistolaire fourni avec l'une de ses soeurs, livrant ses états d'âme, ses doutes et le déchirement d'être séparée de ses deux enfants. Sa soeur chérie recevra-t'elle ces courriers ? Peu importe ! Un roman est un roman…Nous avons la primeur de ces lettres. Imaginons le reste…

Jim Fergus nous offre une histoire de femmes valeureuses, courageuses, obstinées, n'ayant plus rien à perdre. Chacune a un passé atypique et pas forcément glorieux. Certaines « tombent bien » d'autres auraient aimé avoir un peu plus de chance. Certaines affichent leur personnalité en étendard, d'autres sont si introverties que la promiscuité imposée ne change rien à leur caractère. May est plutôt de celles qui veulent imposer leurs envies, leurs valeurs, protéger, enseigner, modifier. Elle me fait penser à une phrase de Claude Lelouch : « Plus l'adversité est grande, plus l'envie de convaincre l'est aussi. » Fergus a fait de son héroïne imaginaire une maîtresse femme, cultivée, volontaire et intelligente. Little Wolff, son nouveau mari, est décrit par George bird Grinnel, ami et ethnographe, comme le plus grand indien qu'il ait jamais connu. (Là c'est vrai !).
La fin du livre nous plonge dans un tunnel. Plus nous tournons les pages pour récupérer, plus le tunnel devient étroit. « Quand on a tout perdu, quand on n'a plus d'espoir, la vie est un opprobre et la mort un devoir » disait Voltaire. La fin ? Incroyable ! un roman dans le roman. Un mur qui s'effondre , une tragédie, le pot de fer contre le pot de terre!

Ce roman est écrit par une main habile, documentée, sûre d'elle. L'écriture est alerte, parfois nerveuse. Elle a du souffle. du souffle il en faut pour traverser les grandes plaines, assimiler les paysages grandioses et parfois ingrats. Mille femmes blanches, une clef qui permet de comprendre les indiens jugés trop souvent comme étant naïfs, mais toujours guerriers, garants de leurs traditions de leurs croyances, ayant le sens de l'honneur et de la parole donnée.
J'ai aimé ce voyage inédit, improbable et risqué même si à une ou deux reprises des passages ont frisé l'invraisemblance. Mais cela vient certainement des limites inconscientes que je me suis fixées pour chevaucher dans le grand ouest .

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