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Critique de Takalirsa


Parfois les projets collectifs partent d'une bonne intention mais le résultat n'est pas convaincant. Parfois les recueils présentent des nouvelles de qualité inégale. Et bien pas là! Les onze auteur·rice·s différent·es ont su créer une homogénéité de style et de sens donnant l'impression d'une seule et même histoire, tout en apportant chacun·e sa touche et sa sensibilité personnelles. Les héros des onze récits sont tous différents et pourtant si semblables dans leurs doutes et leurs espoirs... Et ils oeuvrent autour d'une préoccupation commune: sauver l'association solidaire qui leur apporte tant au quotidien.

Ces étudiants sont en effet en situation précaire. Leurs parents ne peuvent pas prendre en charge la totalité des frais liés à leurs études et le confinement a fait perdre leur job à la plupart d'entre eux. On a tous vu à l'époque des reportages sur la situation critique de certain·es, complètement isolés dans leur minuscule chambre. Grâce à "Liens publics", les jeunes non seulement récupèrent de la nourriture mais sont aussi en mesure de maintenir un minimum de relation sociale (autrement que par zoom!). Etre écouté est aussi important que d'être nourri.

J'ai été touchée par Marwan, qui travaille comme gardien d'hôtel la nuit, victime de propos racistes dans la file d'attente des Restos du coeur ("Sale noir qui mange le pain des Français"). Marwan s'efforce de "me concentrer sur mon objectif. Ca a été tellement dur d'en arriver là"... C'est très dur également pour Célian qui a peur de sortir de chez lui... Depuis le confinement, il n'a pas remis un pied dehors ("Cet appartement est mon cocon") car "dehors, je ressentais l'obligation viscérale de me conforter aux attentes des Autres". Ils ont en effet beaucoup de pression, ces étudiants: trouver le moyen de financer leurs études, ne pas décevoir leurs parents qui se sacrifient, rester motivés malgré les cours à distance... Vita a complètement arrêté la danse: impossible de s'entraîner dans 17 mètres carré! On sent ces étudiants meurtris, déprimés. Comment garder courage dans ces conditions? Avec l'association, ils tentent de tenir grâce au "lien entre nous". Certains en sont même transformés, comme Théo le timide chanteur guitariste.

Espérance, la co-fondatrice de "Liens publics", est aussi une femme meurtrie. C'est une bonne idée d'apporter le point de vue des adultes, on comprend que les jeunes apportent autant à Espérance qu'elle leur apporte. Les adultes peuvent aussi être fragiles... comme le montre le personnage de Benjamin, qui oeuvre aux côtés d'Espérance ("Si on avait pu en bouffer, des "non", on aurait nourri tout le quartier. Mais les "non", ça remplit pas les ventres, à la place, ça ronge les coeurs").
Victor, quant à lui, est un opposé pertinent aux étudiants de "Liens publics": il n'a pas de souci d'argent, mais son "masque d'insouciance" cache "un gars bouffé par le stress et incapable d'empathie". Et n'oublions pas le petit Yannis, grâce à qui les journalistes s'en mêlent!

Tout ce petit monde évolue dans des nouvelles courtes et dynamiques dans lesquelles les protagonistes changent tout en se croisant, jusqu'à une jolie fin où il n'est plus seulement questions de "liens publics" mais de "liens familiaux" et de "liens affectifs". Une réussite!
Lien : https://www.takalirsa.fr/au-..
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