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Critique de montmartin


Ils n'ont aucun papier, ils occupent un terrain sans autorisation, les parents sont illettrés, leur dernier enfant n'a pas été déclaré à la mairie. Ils sont des gitans de France, des cinq fils aucun n'aurait songé à quitter leur mère Angéline, cela aurait été un déshonneur. Ils vivent donc avec leur femme et leurs enfants sur un terrain privé appartenant à une vieille institutrice. le ravitaillement sans argent, l'eau que l'on puise à la pompe, les sources occasionnelles de revenu, voilà leur quotidien. Et puis, un jour apparaît Esther, elle compte sur les livres pour les apprivoiser.

« C'était la responsable d'une bibliothèque. Elle pensait que les livres sont nécessaires comme le gîte et le couvert. »
Et peu à peu les femmes se confient, les enfants s'attachent et les hommes observent dont Angelo le seul célibataire qui se retrouve amoureux avant même de comprendre ce qui lui arrive. Cette femme là, marié, mère de trois garçons, n'est pas pour lui, il faut s'empêcher de tomber dans des amours impossibles.
Grand merci à notre amie Colette de nous avoir offert ce petit bijou. Publié en 1997, je n'avais jamais eu l'occasion de lire. J'ai tout de suite été emporté par la qualité littéraire de ce roman. Alice Ferney nous introduit au coeur d'un camp de gitans sédentarisés en banlieue parisienne. Elle évoque avec beaucoup de pudeur l'exclusion, l'illettrisme, l'intolérance, les rapports hommes-femmes, l'importance de l'éducation, la place de l'école et des livres.
« Le mariage tzigane c'est sur l'honneur, une femme tzigane elle supporte le mari comme il est, elle a de la chance quand il ne la bat pas et que sa belle-mère est gentille. »
Chaque groupe de personnages a son importance, les femmes bien sûr, dont Angéline la matriarche, mères avant tout, « Si les promesses sont sacrées, celles faites aux enfants le sont plus que les autres. » Les hommes et leur fierté « Rares sont les gitans qui acceptent d'être tenus pour pauvre, et nombreux pourtant ceux qui le sont », et les enfants naïfs et sensibles « Ils n'avaient pas les jouets que reçoivent d'ordinaire les enfants, mais ils avaient la liberté. Ils faisaient un butin de tout ce qu'ils ramassaient. Ils allaient et venaient comme bon leur semblait. » Et au milieu Esther, la bibliothécaire qui va leur faire découvrir Jean de la Fontaine, Babar, Perrault, Andersen et Saint-Exupéry.
C'est donc bien le quotidien de cette tribu que l'auteur nous invite à partager, les naissances, les décès, les fêtes, les violences et l'amour.
Les dernières pages où Angéline a décidé d'arrêter la route de sa vie et convoque une à une ses belles-filles pour leur transmettre le sens de leur vie sont absolument magnifiques. Un roman rempli d'humanité où l'auteur sait à merveille nous faire entendre les sentiments inavoués, les désirs brimés et surtout que la grâce peut se trouver dans le dénuement absolu.





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