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Critique de Ana-Eluar


Alice Ferney raconte l'histoire d'une famille catholique française, les Bourgeois sont des bourgeois, sur quatre générations. L'histoire familiale et l'Histoire de France s'entremêlent, particulièrement sous l'angle des guerres, car les Bourgeois sont essentiellement des militaires. Ainsi, du père et des oncles à la guerre de 14-18, puis des fils pendant la seconde guerre mondiale, et les guerres coloniales. La galerie de personnages est plus masculine que féminine. Les femmes s'y ressemblent toutes un peu, frappées par la fatalité de la maternité. Elles ne sont cependant pas idiotes, et souvent dominent l'ordre affectif et l'organisation du foyer.
Mais le pouvoir donné au patriarche ne se discute pas. Historienne, l'autrice met en garde le lecteur et l'enjoint à respecter ce contrat : il ne faut pas lire les évènements à l'aune des connaissances du présent, avec nos ressentis actuels, mais les replacer dans leur moment d'apparition. Il est crispant de suivre son postulat, et sa lecture est une lutte pour une femme féministe qui a lut tout Ernaux. On ne peut s'identifier à aucune femme, mais plutôt à certains hommes (mais c'est si souvent le cas pour une femme lectrice), qui laissent voir des fragilités, des oppositions au père. Etre mère (plus que femme) chez les bourgeois, c'est se taire, brider sa personnalité et son ambition, mourir doucement sans avoir dit qu'on était malade, mourir à la dixième grossesse. « C'était l'ordre des choses, celui qu'on accepte le mieux » ? Voire…
Le dispositif du récit s'épuise peu à peu, et le style est parfois pesant, mais il faut reconnaître deux choses à Alice Ferney. le récit des événements historiques est très bien documenté et donne un point de vue rare sur les drames, celui des gens de droite, des légitimistes, souvent trompés par le pouvoir politique. le monde dont nous parle Alice Ferney est celui de la permanence et du confort, mais aussi des conflits intérieurs.
Elle développe un art certain de la nuance. La soumission à l'ordre patriarcal s'achève avec la reconnaissance des grandes lois libérales des années 70 : divorce par consentement mutuel, contraception, légalisation de l'avortement et l'on sent alors sous sa plume qu'elles étaient nécessaires : « Il était temps que les femmes cessent de mourir pour vivre comme elles voulaient. Il était juste qu'elles devinssent sujets de leur vie familiale et sentimentale plutôt que ventres au service d'une société patriarcale et nationaliste qui avait été capable de les condamner à mort au nom de la protection de la vie. »
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