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Conteuse hors-pair, Alice Ferney nous revient dans son dernier roman, avec la saga d'une famille, Les Bourgeois, des bourgeois et l'entame avec un décès, le décès de Jérôme Bourgeois, quatre-vingt ans, qui "fut résolument français et provincial", "né chez les nantis et soignant les pauvres". Donc pas "méchant bourgeois".
Né en 1933, il était le fils d'Henri et Mathilde et frère de sept garçons et deux filles: Jules, Jean, Nicolas, André, Joseph, Louise, Claude, Guy, Marie, "Être dix, c'était avancer dans la vie comme une étrave avec derrière soi le tonnage d'une énorme famille".
Sous forme d'un journal, dont les nombreux feuillets auraient été dispersés, et regroupés sans chronologie, Ferney ( probablement la narratrice, une Zelig qui nous interpelle directement dans le récit) suit la trajectoire de cette famille conservatrice de la droite chrétienne, embrassant tout un siècle d'histoire de France et celle européenne. Je dis conteuse hors pair car raconter sur un siècle, aussi clairement, sans ordre chronologique, l'histoire intime dans la grande histoire, relevée d'une multitude de réflexions intelligentes et profondes sur les liens entre les évènements et les émotions, avec un regard critique déroutant, c'est indéniablement du talent.
La famille, le couple étant ses sujets de prédilection, elle nous décortique ici l'évolution des rapports sur trois générations; rien de nouveau mais romancé par Ferney c'est toujours innovative. Elle a presque l'air d'avoir la nostalgie du temps où le mariage était l'unique solution pour une vie commune entre les deux sexes; apparemment il avait plus de valeur et de poids qu'aujourd'hui (".....mariage, qui n'était pas –comme il arrive que le ressentent aujourd'hui les jeunes mariés –la fin de quelque chose, l'aboutissement ou le point final du temps de la passion libre, mais son commencement et celui de la vie commune, la découverte de la sensualité partagée et la création de sa propre existence."). Aussi une certaine nostalgie de l'éducation bourgeoise d'antan, mais l'écrivaine, coquine, après l'avoir vantée, ajoute : "On n'était pas malheureux ! dit Claude aujourd'hui, sans songer une seconde que cette affirmation pourrait bien signifier le contraire de ce qu'elle prétend dire". Elle titille d'autres sujets, comme les droits des femmes, ont-ils vraiment avancé, ou juste changé de perspective ? ou les privilèges acquis de la bourgeoisie du début du siècle, que d'autres classes sociales ne pourront y accéder que tardivement, comme les vacances payés (1936).
Deux autres thèmes récurants,
Le thème de la guerre, toutes ces vies perdus pour rien avec des slogans du genre du général Lattre en Indochine, "Je vous apporte la guerre et la fierté de cette guerre. Notre combat est désintéressé. Nous ne combattons pas pour la domination mais pour la libération".....révoltants,
Le thème de la mort, la fin inévitable pour tous sans aucun échappatoire qui semble beaucoup l'occuper,vu le nombre de fois qu'elle y revient avec des réflexions nuancées, "une abstraction.....un souvenir. Voilà ce que fait de nous la mort."

J'ai trouvé les personnages peu attachants, figés dans leur cadre bourgeois et catho, une rigidité, une perfection ( celle des hommes presque tous vertueux, et surtout celle des femmes, avec au moins un contingent de 9 à 10 mômes, toujours impeccables, super serviables au mari ...., les maris qui les aiment follement après 9 enfants, un conte d'Andersen ....) qui m'a un peu exaspérée. Une rigueur morale qui bien qu'étant leur force fut aussi leur faiblesse. D'autre part la vie d'une famille bourgeoise, de surplus profondément catho sur fond d'histoire de France et d'Europe n'est pas un sujet qui me passionne vraiment, surtout qu'ici c'est un peu long. Donc si ce n'était la plume grandiose d'Alice Ferney et son faux regard impartial qui donne encore plus de pep à son sens critique, je ne l'aurais probablement pas lu.


"L'esprit occidental aime tant les causalités, les explications rationnelles, les fondements."




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Les Bourgeois, une famille suivie sur plusieurs générations de la fin du XIXe siècle à nos jours, ont les caractéristiques de leur nom. Les plus anciens vont connaître les deux guerres mondiales, certains y mourir prématurément, d'autres les pleurer. Tous auront à coeur de perpétuer la tradition : une manière de vivre avec naturel ce qui est culturel et hérité.

Ces Bourgeois bourgeois, catholiques, de droite, qui pensent qu'il vaut mieux accepter qui l'on est plutôt que prétendre se créer, Alice Ferney les décrit comme : " les représentants d'une époque et d'un milieu typiquement bourgeois, parisien, catholique, très " Action française " comme on le dit maintenant, avec la sévérité de ceux qui viennent après et n'ont guère de mérite, puisqu'ils savent où mènent certaines idées et que l'Histoire a jugé. " Alice Ferney le dit et le répète, il faut se garder de juger les gens qui ont vécu dans un autre temps : « Le présent est lourd et opaque, la teneur des jours n’est pas historique. »

Une famille (la sienne ?) dont l'histoire indissociable de l'Histoire inspire à Alice Ferney de belles et justes phrases sur la mort, la maternité, la transmission des valeurs bourgeoises. Mais elles ne doivent pas cacher le revers de la médaille, ce que ne fait pas Alice Ferney avec une certaine honnêteté, car si elle évoque longuement les aspects positifs de la bourgeoisie, justifie ses choix, comprend ses erreurs, parfois aussi elle se demande dans quelle mesure ce milieu est fermé, obtus, non progressiste.
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Voila un curieux roman, qui se démarque des sagas familiales par son ancrage historique fort et très bien intégré. C'est toute l'histoire du vingtième siècle, revue à l'aune de quatre générations d'une famille aisée, appartenant à la bourgeoisie, bien que le titre se réfère simplement à leur nom de famille.

Outre une analyse intéressante de l'histoire des conflits qui ont marqué ce siècle passé, de la grande boucherie de 14-18, à la guerre d'Algérie longtemps pudiquement évoquée comme « les événements » , en passant par la seconde guerre mondiale et la guerre d'Indochine, on mesure l'impact de ces événements sur les vies individuelles et l'évolution de la vie familiale.

C'est aussi une fresque chronologique qui illustre le processus lent d'une métamorphose de la condition féminine avec ses conséquences sur la cellule familiale. Avec cette impression de courbe exponentielle, avec une progression lente au départ puis extrêmement rapide. Avec cependant dans le milieu étudié, une résistance forte aux changements, et un maintien obstiné des traditions, étayées par la religion, malgré l ‘évolution importante des valeurs traditionnelles

Témoin de la succession des naissances et des décès , qui alternent avec les mariages , le lecteur assiste en une sorte de de diaporama accéléré au déroulé du destin de cette famille. Et bien entendu, la mort y est très présente, naturelle, ou induite par la folie des hommes, mais de toute façon inéluctable et seul réelle égalité entre les humains.

C'est sans doute la mise à distance, l'observation minutieuse mais désaffectée , à la manière d'un entomologiste scrutant une colonie de fourmis, qui donne un ton particulier à ce roman. Ce n'est donc pas un roman qui induit un attachement aux personnages, d'autant qu'ils défilent génération après génération.

Belle chronique d'un milieu social particulier , dans la tourmente d'un siècle mis à mal par la haine ordinaire et la mégalomanie des dirigeants peu enclin à tenir compte des malheurs individuels qu'ils créent.


Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Tout a été dit déjà et en plus je suis une admiratrice de l'auteur depuis "-LElegance-des-veuves " et "Grâce et dénuement".........
Je n'écrirai rien d'original , simplement qu'Alice F .réalise une fresque vertigineuse longue à lire vu le déploiement d'une famille et ses complexités généalogiques , un récit narratif riche d'anecdotes familiales. Il imbrique nombre de destins individuels ,en construisant avec maestria un siécle d'engagements - de la grande guerre à la seconde, -de la Décolonisation à l'après mai 68 ---
En allant du singulier au collectif , elle tisse une mosaïque géante différente à mon sens d'une simple saga familiale., plutôt un essai déguisé en roman rythmé par l'apparition et la disparition des personnages, leurs engagements et leurs aspirations . Elle se fait historienne et conteuse !
Les "Bourgeois , cette grande famille qui a le goût de la transmission et de la continuité vit avec naturel ce qui est culturel et hérité : de Jules l'aîné "le magnifique" , André "le simple" , Nicolas le "héros discret", Louise "la passionnée", Jean "le bon", Joseph " l'ambitieux ", Guy " le chevalier " , Jérôme le "brave ", Claude " l'impétueux," à Marie "nourricière" , la petite dernière qui n'a pas connu sa mère, : son décès , une Blessure Invisible " pour les dix enfants de la fratrie jusqu'à leur disparition !

Comment s'exprimait leur conscience d'être des privilégiés et des catholiques ?
La matrice culturelle qui avait vu naitre leur père en 1895, avait traversé une incroyable série d'évolutions .
Il connut une belle collection de premières fois !
Toutes les évolutions sociales et les grandes réformes furent de son époque. Henri verrait le monde changer au point d'être méconnaissable ! de son vivant , on privilégiait les sujets convenables aux sujets intéressants ! Sous pretexte de tenue , on ne déballait pas ses états d'âme..
"Les-Bourgeois "sont sérieux comme la pluie, droits, dignes, élégants et volontaires, conservateurs, peut - être un peu raides , dévoués aux autres.
Ils portent haut le sens du devoir , une valeur partagée par tous !
Au sein de ce puzzle temporel , cet album au souffle romanesque , ample et captivant nous passons du 28 avril 1869 , naissance de la "racine de l'arbre de Valentine" , veuve à 40 ans de Jules Bourgeois jusqu'en 2013 !
L'auteur compose une oeuvre à la fois intimiste , universelle , une intéressante réflexion sociologique sur l'emmêlement cruel de la mort et de la vie, l'évolution des moeurs , les valeurs , le statut et la "place" des femmes, le deuil, le rôle du père, la religion, les progrès sociaux , les évènements porteurs de tragédies comme les guerres , les mutations essentielles .......
Là où le temps s'en mêle , elle donne à voir sans jugement ni concession , avec délicatesse , bienveillance et profondeur , l'éternel recommencement des choses , ses multiples personnages sont des "caractères" .........
L'écriture est d'une grande beauté, précise et colorée, incisive .
Une saga que je n'aurais certainement pas lue si elle n'avait été écrite par Alice F , c'est une conteuse hors- pair , remarquable ! Mais ce n'est que mon avis , bien sûr .
Je n'ai pas lâché ce livre depuis deux jours ,même la nuit........
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Voilà 20 ans qu'après « L'élégance des veuves », je suis une inconditionnelle d'A.Ferney .
Cette fois c'est une chronique familiale qui nous est contée , et ce sur plus d' un siècle .
le patronyme de cette famille est Bourgeois , et ça tombe bien , ce sont des bourgeois.
Peut -être sous couvert de cette famille, A.Ferney nous parle t 'elle de la sienne, car les grandes fratries lui sont familières.
C'est à partir de l'enterrement de l'un de ses membres et en compagnie d'un des survivants de la première fratrie Bourgeois, que revient en mémoire le destin de chacun .
Et c'est avec énormément de délicatesse et un infini respect que l'auteur dessine tous les destins individuels de ces bourgeois catholiques , conservateurs, toujours en écho avec L Histoire , des prémices de la Grande Guerre à nos jours.
Henri et Mathilde Bourgeois ont eu 10 enfants , et 40 petits enfants.
Ce qui peut paraître déraisonnable de nos jours , pour certains, en général ne l'était pas pour l'époque, et c'est là toute l'intelligence d'A.Ferney, c'est qu'elle est toujours dans le temps des événements et non avec le regard actuel.
Il en est ainsi des guerres, de la Résistance, de l'Algérie plus tard, jamais revues a l'aune du futur mais de l'instant, ce qui éclaire les évènements d'une manière différente de celle imposée par les livres d'Histoire.
Le sens du devoir, est une valeur partagée par tous les Bourgeois, ils font de belles carrières dans l'armée, la marine, les affaires, la médecine , la justice.Ils sont bien vivants , acteurs de l'Histoire.Ils font le lien entre les époques et les esprits avec une adaptation (parfois relative pour certains). Les femmes ont beaucoup d'importance dans cette saga familiale, on y voit tout doucement leur émancipation , chacun jugera selon son propre parcours si ces femmes qui ne faisaient qu'enfanter et s'occuper de leur famille étaient des malheureuses.
Le maillage du roman est une mosaïque de souvenirs , de vies multiples immortalisées sur photos. Un très grand roman ; A. Ferney semble de plus en plus talentueuse au fil des années .

Il faut nous rendre à l'évidence, le passé est derrière nos yeux, notre mémoire est nécessaire
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Bourgeois par le patronyme, bourgeois par le statut social.

Alice Ferney observe à la loupe le fonctionnement d'une grande famille catholique, aux naissances dans l'entre-deux-guerres. La tribu Bourgeois de 8 garçons et 2 filles, sorte d'ectoplasme fusionnel, mouvant et autosuffisant, est un vaste sujet d'étude par ses composantes de personnalités, de mentalités, de trajectoires.

Inséparable du contexte social et historique sur plusieurs décennies, ce focus sur la famille bourgeoise aisée, évoque les valeurs éducatives et chrétiennes, la rigueur de bon ton où on doit savoir se tenir droit dans les grandes joies et les drames. Un mode de fonctionnement disparu, jugé archaïque et réactionnaire, en socle de pater familias.

Un récit exclusivement narratif en voix off, où se mêlent les anecdotes et, en creux, une réflexion sociologique passionnante. Collé à l'histoire du siècle, l'album-photo suit chaque génération en accompagnant l'évolution des moeurs et des mentalités. Une forme très proche de L'élégance des veuves et de la superbe adaptation cinématographique qui en a été faite (Eternité-2016 par Tran Anh Hung).

L'auteur pousse au plus loin ses réflexions sur la vie, la confiance en l'avenir, la mort, le souvenir, le statut des femmes, l'éternel recommencement des choses, une génération en remplaçant une autre.
Car " les grandes familles ne finissent pas de mourir...comme si elles payaient la rage qu'elles avaient eue à proliférer "

Je me demande comment Alice Ferney arrive à exprimer aussi clairement des ressentis qui font écho en moi et que je suis bien incapable de formuler. le parfum de nostalgie passéiste qui imprègne ce récit de souvenirs est touchant, universel, sans jugement ni concession. Une vie passe si vite...

Un livre à la fois intime et social de l'ordre bourgeois, dans lequel on se projette aisément, dans un fonctionnement familial qu'on a pu connaître, de près ou de loin.
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Que voulais-tu qu'on dise?
Fait remarquer Louise aujourd'hui.
Nous ne pouvions pas parler de maman, nous n'en parlions pas.
Page 117 du roman les Bourgeois d'Alice Ferney.
Je suis bouleversé par ces mots, qui résonnent de façon si troublante, dans mon propre passé, ce déni des moments perdus, cette difficulté à respirer nos deuils, pour retrouver notre mémoire.


Ces mots, comme ces heures encagées dans le silence du père, Henri même remarié ne vibre plus à l'unisson de ses enfants ; "dans le deuil Henri n'eut pas un mot" page 117.
Alice Ferney avec une délicatesse de maman, évoque, dénombre, raconte les blessures les plus vives, les plus inconsolables, celles qui marquent à jamais l'enfant qui sait mais qui ne comprend pas, et à qui, on ne dit rien. Ils sont plusieurs entre 3 et 10 ans à se rassurer, se réchauffer, ce sont Louise, Claude, Jérôme, Guy.


La mort de Mathilde, à sa 10 ème grossesse, marque un tournant essentiel dans le déroulement du roman, un deuil que la guerre ne fera qu'amplifier, déstabilisant toute la famille.
Les sourires s'étaient couchés comme le soleil, personne n'entendra plus la voix de Mathilde quand ses doigts se posaient sur les touches noires et blanches


Dans la première partie ce sont les souvenirs de la guerre 14/18 qui dictent le tempo du texte, et les photographies, font remonter les visages, et présentent déjà une nombreuse famille, campée dans une tradition catholique immuable, La famille est plutôt très bourgeoise, conservatrice voire maurrassienne. C'est aussi une famille qui voit dans l'engagement militaire une vertu et un devoir que les enfants et petits-enfants d'Henri et de Mathilde suivront.


Avec l'avènement d'Hitler, les idéaux et les options des enfants d'Henri se fissurent, certains iront vers la résistance, d'autres resteront fidèles à Pétain, ils sortiront meurtris du procès fait à l'homme de Verdun.
L 'engagement militaire de plusieurs des enfants d'Henri, après la libération de Paris, ouvre une épopée familiale qui s'égraine de l'Indochine à l'Algérie sur toute la période de la décolonisation.


C'est par ce biais, que l' histoire, récente de la France s'écrit dans ce roman, « les Bourgeois « devient le témoignage des militaires engagés, soutenus ou injuriés au gré des hommes politiques devenus fébriles .
Le rôle du général de Gaule et ses décisions arrogantes ou incomprises, seront largement commentées, notamment les morts de la rue d''Isly , et l'abandon des harkis.


Cette fresque mérite d'être lue avec attention, les positions parfois divergentes des enfants devenus militaires éclairent ces moments tragiques.
Alice Ferney n'a toutefois pas oublié de nous parler des familles, Claude et Jérôme sont sans doute ceux que nous allons connaître le mieux. Claude qui a vécu l'accident dramatique de Jérôme, dans cette famille forte en thème, a du mal à trouver sa voie, quand un certain Jean Emile Guggenheim lui offre un avenir. Jérôme lui sera cette figure attachante, il séduit, il amuse avec cette fantaisie et ses bras qui guérissent, et ses brins d''humour et de compassion.


Comme dans tous les autres livres Alice Ferney entretient cette grâce, cette légèreté de la plume, cette élégance des mères, cette passion pour les enfants qui m'enchante.
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Un élément est indéniable: Alice Ferney écrit remarquablement bien. Elle choisit ses termes avec choix et soigne la syntaxe de manière à donner un souffle à chaque phrase.
Par contre, j'ai été réellement très déçue par l'intrigue de son dernier roman, à savoir l'évolution d'une famille dont le patronyme, Bourgeois, est le synonyme de leur classe sociale, depuis les dernières années du XIXe siècle à nos jours. Les personnages, trop nombreux et trop similaires, n'ont pas d'âme, et puis, à moins d'avoir un crayon et un papier où griffonner l'arbre généalogique de la famille, il est plutôt difficile de s'y retrouver.
De plus, la romancière passe d'une date et d'une époque à l'autre, ce qui nécessite une attention et une mémoire à toute épreuve pour pouvoir situer les faits narrés dans chaque étape du récit. En effet, point de chapitre, mais des passages précédés d'une date précise qui tissent à plus de cent ans d'intervalle la toile d'une famille française aisée mutilée par les deux guerres mondiales.
Bref, une immense déception car j'attendais ce roman avec impatience, tellement j'avais aimé les précédents livres d'Alice Ferney...
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Né en 1895, Henri a vécu la séparation de l'État et de l'Église. En bon catholique, Henri obéissait au pape, quoi qu'il lui en coûtât.
Quant à Mathilde, elle n'eut d'autres choix que d'être heureuse, comme épouse et mère. Elle a mis au monde dix enfants, en a élevé huit. Qui lui a demandé ce qu'elle pensait ?
La vie de cette tribu tout au long du siècle. J'ai aimé comprendre leur point de vue, souvent issu d'un monde fermé. Dans les institutions catholiques, il n'y a pas eu de sièges vides le lendemain de la rafle du Vél d'Hiv. Comment alors réaliser que des familles entières disparaissaient ? Uniquement parce qu'elles étaient juives. Choquant bien sûr, mais sans doute proche de la réalité.
Il est assez rare qu'un auteur s'efforce de reconstituer les points de vue des personnages d'une époque plutôt que de leur donner un point de vue contemporain. Moins révoltant, mais invraisemblable.
Comprendre leur point de vue n'est pas les excuser bien entendu. Peut-être, pourrions-nous réfléchir au monde que nous traversons. Sans doute, dans le futur, nos arrières petits enfants seront choqués de voir ce que nous avons ignoré et qui, selon, leur point de vue, crève les yeux.

Lien : https://dequoilire.com/les-b..
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Ce n'est pas tant l'histoire d'une famille que le roman du XXè siècle, ébauché à travers les joies et vicissitudes d'une famille, les Bourgeois, très catholique et bien-pensante, où en vertu de "croissez et multipliez, et remplissez la terre" les mâles avaient à coeur de féconder régulièrement leurs épouses.

L'intérêt de cet ouvrage c'est de plonger une famille avec ses préoccupations quotidiennes dans le bain des grands bouleversements historiques du XXè siècle. Famille qui, bien sûr ne peut pas prendre la mesure de la gravité de certains événements, car au quotidien on perçoit les choses de façon beaucoup trop parcellaire ; c'est ce qui fait la force de ce récit. Effectivement comment, en dehors des guerres bien entendu, apprécier au travers d'événements et faits divers apparemment anodins, ce qui va transformer le monde ?

Ici, point de manants mais des bourgeois relativement aisés et douillettement installés dans leurs privilèges et leur existence protégée, inconscients de la misère des classes ouvrières, à peine évoquées, sinon par le biais des serviteurs de la famille !
Ici point de Zola, pas d'Assommoir ni de Germinal !
Uniquement des nantis qui traversent les cataclysmes du monde, préoccupés par leur confort, la fabrication des confitures, l'éducation de leurs enfants, la bonne marche de leur entreprise, les naissances, mariages et enterrements, bref tout ce qui forme le cours habituel de l'existence pour des gens privilégiés !

Et l'auteur d'embarquer le lecteur de 1869 à 2016, de façon hachée, en changeant constamment d'époque, forçant ainsi le lecteur à une attention sans faille.
Trois générations, des dizaines d'enfants, de petits enfants, de cousins, de pièces rapportées ...
C'est souvent plaisant à lire, grâce surtout à l'aptitude de l'auteur pour créer de chaudes ambiances de réunions familiales, et restituer par moments avec minutie les interrogations citoyennes face aux changements politiques.
Il y a aussi un très louable effort de recherche historique .....
Mais pourquoi diable gâcher tout cela en se répandant en d'aussi interminables logorrhées ?
Alice Ferney, qui au demeurant écrit de façon agréable, manque vraiment de concision et c'est franchement dommage, car que de bavardage inutile et que ce verbiage au final devient lassant !
D'autant plus qu'il y a beaucoup de faits qui ne sont qu'esquissés et donnent lieu à de pénibles digressions, de même que les différents personnages ne sont souvent croqués que d'une façon très sommaire !
Rien à voir donc avec la bourgeoisie d'entre les deux guerres remarquablement évoquée par Maurice Druon dans "Les grandes familles" !
Rien non plus à voir avec une page d'Histoire destinée à offrir au lecteur le panorama complet du siècle passé.
Une lecture distrayante, sans plus, à condition d'être attentif aux incessants changements d'époque !
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