AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Nathalire


Ce roman, je l'ai lu il y a quelques années et j'en avais gardé un bon souvenir. Alors, étant en train de préparer un huis clos avec mon atelier théâtre pour notre représentation de mai, j'ai eu envie de relire celui-ci, basé sur une soirée "jeu de société" - sorte de jeu de la vérité - entre membres de la famille et amis de longue date.
Et j'ai vraiment bien fait de le relire, je l'ai encore plus aimé qu'à l'époque... La maturité sans doute, la relecture aussi, qui permet de s'attacher moins au contenu, que l'on connaît déjà, pour apprécier pleinement le style de l'auteur et la construction du récit. 

J'aime le style d'Alice Ferney. J'aime son sens de l'observation, sa claivroyance, son acuité, la façon dont elle creuse la psychologie de chacun de ses personnages en profondeur. J'aime la finesse de son écriture, la façon dont elle se sert des mots.
J'ai noté de nombreux passages, ses réflexions pleines de justesse sur la famille, la maternité, la féminité, la vieillesse et la mort, la fragilité des relations, mais surtout sur le regard que "les autres" portent sur nous, thème principal de ce roman. 
En nous invitant à nous identifier aux personnages, qu'elle a rendu très attachants, avec leurs failles et leurs faiblesses, elle nous propose de tenter de répondre à certaines questions que nous nous posons tous : Comment suis-je perçu par les autres ? Et suis-je vraiment ce que je parais être ? 

Mais j'ai surtout adoré la construction du récit, car Alice Ferney a choisi un procédé stylistique assez original, où la forme est véritablement au service du fond. 
Elle a en effet découpé le livre en trois parties : les "Choses pensées", les "Choses dites" et les "Choses rapportées". En présentant trois fois la même histoire, d'un point de vue différent - par les monologues intérieurs des personnages d'abord, par des dialogues sans didascalie ensuite, et par un récit en focalisation externe enfin - elle apporte des éclairages différents sur les évènements de cette soirée.
Je n'ai pas du tout trouvé cela répétitif, chaque partie ayant ses propres révélations à nous offrir, de nouveaux détails qui nous font appréhender différemment les personnes. Je trouve que ce procédé illustre parfaitement les différences de jugement entre ce que pensent les uns et ce que perçoivent les autres.

Vous l'aurez compris, j'ai trouvé "Les autres" très intéressant au niveau de la forme, mais aussi au niveau de la psychologie des personnages et des rapports humains. A cet égard, ce que j'ai surtout mis en évidence dans mes notes est que certaines paroles qui auront été prononcées ne pourront plus être rattrapées...

"Voilà, avait pensé Luc un peu plus tard : on se tue avec des phrases. On cesse d'exister sous les yeux de celui qui a prononcé les paroles irréparables. Puis on cesse de l'aimer parce qu'il vous a fait disparaître en vous parlant si mal. Tout cela sans un mot après trop de mots. (p.480)"
Commenter  J’apprécie          62



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}