AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de morganex


La nostalgie çà travaille parfois, çà donne envie de monter au grenier et de ressusciter les vieilleries . Les années ados remontent alors immanquablement à la surface.
Les miennes pivotent autour de 1967. Mes lectures d'alors s'imprégnèrent facilement de "mauvais genres"; les années à venir et ce jusqu'à maintenant s'en ressentirent. La faute d'être tombé un jour sur un Bob Morane en Marabout Junior. J'étais sur "la piste de Fawcett" et me suis senti seul quand j'en suis sorti. Henri Vernes écrivait moins vite que je ne lisais et il fallut vite trouver un substitut acceptable. Marabout Junior semblait territoire fertile et je trouvais Nick Jordan. Mais je buttais sur les différences: Morane aidait l'orpheline tandis que Jordan taillait souvent en contre-espion made in France dans le communisme, sans rarement ressentir d'états d'âmes. le premier était pur humanisme, le second parfois s'arrangeait avec sa conscience. Allez va, faute de grives...

41 tomes parurent en Marabout Junior (dont 6 en Pocket Marabout) J'en avais encore quelques uns sous la poussière des combles. Ce fut "Nick Jordan prend la mouche" (6ème aventure du héros et n°188 de la collection) en couverture jaune typique, Marabout chercheur (pour ceux qui se souviennent de çà) en annexe, 4 illustrations internes en N&B et bon Club International des Chercheurs Marabout en dernière page (çà ne parlera qu'aux connaisseurs).

Le Marabout chercheur nous parle de l'Opération Andreas. Pendant la seconde guerre mondiale, Hitler valide l'idée d'inonder la Grande Bretagne de fausses livres Sterling pour ruiner la monnaie anglaise. En phase d'essai les banques suisses n'y voit que du feu. Les faux billets serviront à payer les agents infiltrés en territoire ennemi (Ciceron). Après guerre les alliés perdirent trace de ce qui ne fut pas utilisé quelque part en Autriche.

André Fernez, l'auteur (il devint rédacteur en chef de Tintin pendant l'age d'or du magazine), imagine une Opération Andrèas n°2 qui vise à inonder de faux dollars le marché US. Mais la fin des hostilités met fin à l'initiative. Un trésor de papier gît quelque part en France. Nick Jordan est sur la trace.

Le premier chapitre pose les données (on ne s'ennuie pas), les suivants brodent et délaient. On assiste au jeu classique du chat et de la souris entre espions est-allemands (et autres) et contre-espions français. J'ai piqué du nez, somnolé, parcouru en diagonale, joué à saute-paragraphes jusqu'à ce que le bon droit triomphe et me sauve, soulagé d'en avoir terminé.

Me reste un gentil sourire néanmoins au souvenir d'une infime particularité du récit: les 156 pages sont peuplées de personnages qui fument comme des pompiers (les marques sont citées et existent encore). Etonnant pour une collection destinée à la jeunesse. Mais tout çà date de 1961. Ceci expliquant cela.

C'est bien beau la nostalgie mais quelquefois ce que l'on déterre ne tient pas ses promesses, loin de là, l'oeil n'est plus le même, les attentes changent car mûrissent, par exemple la guerre froide ne fait plus peur (encore que ?) et puis le regard porté en seconde lecture est définitivement celui d'un adulte qui ayant vu des romans passés sous les ponts n'est plus celui d'un ado qui n'avait encore presque rien lu.

N'empêche, reste le souvenir de cette collection qui au milieu de récits éducatifs de découvertes scientifiques, de documentaires romancés d'explorations, gratifiait ses jeunes lecteurs de petits et courts romans d'espionnage ou d'aventures presque semblables à ceux que lisaient les adultes.

Cette chronique est dédiée à Bob Morane, Nick Jordan, Kim Carnot, Dylan Stark, Doc Savage, Jo Gaillard et Gil Terrail qui peuplèrent les pages de chez Marabout et l'imaginaire de ses alors petits lecteurs.
Commenter  J’apprécie          50



Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}