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Critique de Sokleine


J'aime beaucoup Jacques Ferrandez, ses graphismes réalistes, détaillés mais poétiques - souvent des aquarelles - sa façon d'aborder l'Algérie, le pays où il est né, qu'il a quitté bébé et où il retourne régulièrement, comme en pèlerinage pour essayer de mieux le comprendre et de démêler les souvenirs familiaux.

Plus de dix ans après les Carnets d'Orient dédiés à l'histoire de l'Algérie depuis 1830 date de la conquête par les français jusqu'à 1962 année de l'indépendance en passant par l'horreur de la guerre à partir de 1954, Jacques Ferrandez publie le premier tome des Suites Algériennes en s'intéressant à la période comprise entre l'indépendance de 1962 et l'époque actuelle. Un pan de l'histoire très complexe et relativement mal connu que l'auteur essaie d'appréhender.

On retrouve, dans cet album, des personnages (ou leurs descendants) que l'on avait croisés dans les Carnets d'Orient. Pour ma part, je les avais un peu oubliés et cela m'a légèrement perturbée dans ma lecture, mais cela n'est pas très grave. Comment ont-ils pu évoluer ? Comment ont-ils traversé les décennies menant à l'Algérie d'aujourd'hui ?

C'est ce que Jacques Ferrandez imagine de manière assez romanesque, tout en nous contant en arrière plan les grands événements historiques qui ont marqué son pays. Il mélange ainsi différentes époques.

L'histoire de cet album commence le 1er novembre 2019 par la grande manifestation du Hirak, pleine d'espoir pour la jeunesse algérienne avide de liberté. "Rendez nous notre indépendance !" scande elle.
Elle se poursuit par de nombreux retours en arrière nous rappelant les manifestations de 1988 sauvagement réprimées, puis la prise de pouvoir par le FIS et les années noires, sanglantes qui ont suivi. Flash back également sur le coup d'état de Houari Boumedienne en 1965 renversant le gouvernement de Ahmed Ben Bella : et enfin en 1992 l'assassinat du président Mohamed Boudiaf. Une histoire marquée par de nombreux soubresauts, par la violence, la peur et la corruption.

Ici encore Jacques Ferrandez rapporte les événement factuellement, sans prendre parti, donnant la parole à tous les protagonistes afin de tenter de comprendre l'évolution tumultueuse de l'Algérie. Alliant souvenirs personnels et fiction, il invente des personnages représentatifs et laisse parler toutes catégories de gens : employés, étudiants, fonctionnaires, militaires, chauffeurs de taxi, ...
Et comme à son habitude il enrichit sa narration par des graphismes agréables, précis et réalistes - souvent inspirées d'illustrations ou photographies d'époque - et par la reproduction de documents originaux (comme par exemple le titre de concession du caveau familial).

J'ai trouvé beaucoup d'intérêt à cet ouvrage même s'il est un peu complexe par la multiplicité des personnages rencontrés et des flash back. Je pense que je vais le relire pour mieux m'en imprégner avant de le rendre à ma médiathèque.


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