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Critique de theliteraryvoyager


Il est 18h46 dans le métro 7 qui me ramène dans mon studio parisien. Les soirées ont la fraîcheur de février et l'odeur des crêpes au chocolat. Et pourtant, pourtant ! Je suis en Italie, entre Naples et Florence pour être précise. L'atmosphère est à l'émulation intellectuelle et politique des années 1960-70.

Elena Greco, le personnage principal de « Celle qui fuit et celle qui reste », vient de publier son premier roman. Sous le regard de la fiction, elle s'y inspire des expériences qui l'ont forgées. Pourtant, tout ce que le public et ses proches retiendront, c'est la scène de sexe qui y est retranscrite et que chacun interprète à sa façon : libératoire pour les uns, mal à propos pour les autres. Elena devient aux yeux des autres cette femme libérée qu'elle aspirait à devenir grâce à l'éducation. Mais l'organisation de son mariage avec Pietro Airota semble la rattraper dans une vie de femme au foyer étouffante, dans laquelle elle peine à trouver sa place en tant que femme mais également en tant bourgeoise, bien loin du milieu dans lequel elle a grandi et qu'au fond, elle n'a jamais réellement quitté.

Et Lila dans tout ça ? le lien entre les deux amies est toujours aussi fort qu'avant. La distance atténue le caractère malsain que je trouvais à cette amitié, les deux femmes vivant clairement dans l'ombre l'une de l'autre et à travers le regard omniprésent de chacune. Néanmoins, aussi imparfaite soit cette relation, Elena n'hésite pas à aider Lila qui travaille désormais dans une usine de charcuterie dans des conditions déplorables mettant sa santé en danger. Malgré les souffrances et la jalousie, les deux femmes sont liées par une amitié inaltérable, comme deux aimants. Traversant les épreuves, Lila demeure cet être envoûtant, doué d'une intelligence farouche et féroce. Il va sans dire que peu de personnages féminins de littérature ont une telle détermination et force de caractère !

Je dois admettre m'être beaucoup reconnue en Elena et ses questionnements sur la place de la femme dans la société et par rapport aux hommes, tant d'un point de vue social que corporel. Elle me fait étonnamment penser à Annie Ernaux. J'y retrouve les mêmes désillusions sur la croyance d'une réussite par les études, très vite rattrapée par les réalités sociales et sur la construction d'un monde fait pour les hommes auquel les femmes doivent s'adapter. Quel bonheur de lire ces pages et de se reconnaître dans ces mots, se dire « C'est ça ! Mais oui, c'est exactement ça ! ». Et puis faut-il ajouter que ce style fluide et direct donne une envie irrésistible de tourner les pages et rater sa station de métro ?

Il me tarde désormais de dévorer le quatrième et dernier tome de l'Amie Prodigieuse. Mais pas trop vite tout de même… ☺️
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