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Critique de frandj


frandj
29 septembre 2016
Je ne m'attendais pas à ce que Jérôme Ferrari s'empare d'un tel sujet: son personnage principal fait partie du panthéon des plus grands physiciens du XXème siècle: il s'agit de Heisenberg. D'abord, je me permets de faire un bref historique de cette science moderne à laquelle le héros a apporté une contribution majeure.
Aujourd'hui, on a du mal à se représenter la rapidité de l'édification de la théorie quantique. Il y eut d'abord les grands précurseurs - comme Max Planck (le rayonnement du corps noir, en 1900) et Albert Einstein (l'effet photoélectrique, en 1905) - mais ils ne saisirent pas aussitôt toutes les conséquences extraordinaires de leurs découvertes. C'est une autre génération qui mit en place le formalisme mathématique de la mécanique quantique mais aussi, surtout, ses concepts tout à fait nouveaux et même paradoxaux, en opposition complète avec les principes de la physique classique. Cette révolution gigantesque a été réalisée, pour l'essentiel, en une douzaine d'années seulement. Le "pape" de cette nouvelle science était Niels Bohr (un Danois), mais la majeure partie des acteurs de cette aventure étaient allemands - et Werner Heisenberg n'était pas le moindre ! Finalement, en 1938, Otto Hahn découvrit à Berlin la fission de l'uranium, ouvrant la voie à l'utilisation de l'énergie nucléaire - pour le meilleur et pour le pire, hélas. La mise au point de la première bombe A fut un énorme projet - industriel plutôt que scientifique - qui a nécessité surtout des compétences d'ingénieurs... et beaucoup de dollars !
Werner Heisenberg s'est impliqué dans la recherche fondamentale: sa principale contribution a été le "principe d'indétermination" (1927) qui est une clé de voute pour la mécanique quantique; J. Ferrari en donne un énoncé exact. Et puis Hitler est arrivé au pouvoir: de nombreux savants allemands (pas tous juifs) se sont exilés. Mais pourquoi Heisenberg n'est-il pas parti ? par amour des lacs et des montagnes de sa patrie ? Est-il envisageable de rester indépendant sous un régime totalitaire ? En tout cas, Heisenberg a collaboré à un programme qui aurait pu déboucher sur la construction d'une bombe allemande. En 1945, détenu par les Alliés après la défaite allemande, il s'est défendu d'avoir oeuvré efficacement dans ce projet: faut-il le croire ? En tout cas, on est sûr à présent que le régime nazi n'en avait pas la capacité industrielle.
J. Ferrari s'est documenté très sérieusement sur la vie et sur le travail de W. Heisenberg. Il en fait un récit à sa manière habituelle, c'est-à-dire sous la forme de cette logorrhée qu'il produit naturellement: de très longues phrases pleines de mots, avec beaucoup d'incises et de virgules. Pour ma part, j'avoue ne pas voir l'intérêt d'un tel procédé d'écriture, utilisé systématiquement. Mais je rassure les lecteurs potentiels: malgré tout, cette prose reste lisible ! Et j'ai trouvé le sujet original et intéressant.
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