Un seul conseil me vient à l’esprit, mais capital : fais ce que tu aimes. Fie-toi à ta passion ou à tes désirs, ils en savent long sur ce que tu veux. Fie-toi à eux, tout en cherchant à comprendre les raisons. C’est le meilleur moyen de garder de la sympathie pour soi-même et de ne pas se traiter de domestique : sinon tu te balanceras comme une feuille au vent, ou tu resteras inerte comme une souche, sans comprendre comment ton antipathie pour toi-même s’est muée, un jour, en rancœur envers la vie.
Si les gens ne se consacrent qu’à la prolifération de l’argent, alors le monde restera tel que tu le vois, peuplé de désespérés.
Ce que je crains, aujourd’hui, après ces années d’observations, c’est que le genre humain débouche dans le désert de la méchanceté ; qu’il se déclare vaincu, comme se fanent les plantes, ou comme les animaux qui, au moment de mourir, exhalent une odeur particulière. La méchanceté est notre défaite. Si nous disparaissons un jour, ce sera à cause d’elle.
Les peuples font la guerre pour détruire ce qu’ils refusent d’admirer. Au fond de la haine, il y a du mépris de soi, ainsi qu’une notable dose de stupidité.
Le sentiment de culpabilité précède la faute et non l'inverse (...)
Le sentiment de culpabilité nait d'une grande peur, souvent inavouée car les gens sont maîtres dans l'art de se cacher ce qu'ils redoutent de comprendre (...). Ils s'attendent à être blessés (par la vie) et finissent par se comporter comme s'ils méritaient de l'être. S'ils le méritent, ça veut dire qu'ils sont coupables. S'ils sont coupables, autant commettre la faute : forme d'attaque qui prévient l'insupportable attente de l'attaque de quelqu'un ou de quelque chose.
En observant un nouveau-né ou même un enfant de 6 ou 7ans, tu verras qu'ils ne doutent aucunement que le monde ait été créé pour eux, illusion dont se berce l'humanité actuelle.
L'ignorance est la vraie source de désespoir