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Critique de Ellane92


"La vampire existait, voilà le point de départ et la chose certaine : que ce fût un monstre fantastique comme certains le croyaient fermement, ou une audacieuse bande de malfaiteurs réunis sous cette raison sociale, comme les gens plus éclairés le pensaient, la vampire existait." Peut-être est-ce sa présence, et le relief de ses repas, qui créent la pêche miraculeuse du côté de l'île Saint Louis ? Peut-être fomente-t-elle le retour de l'Empereur, ou sa mort, qui sait ce qu'il peut se passer sous ses boucles brunes, ou blondes, on ne sait ?
En tout cas, dans le Paris de 1804, Jean-Pierre Séverin, dit Gâteloup, part sur ses traces. D'abord, parce qu'ayant toujours défendu la veuve et l'orphelin, il souhaite protéger Paris d'un monstre éventuel. Ensuite, parce que le mystère, c'est intriguant. Mais surtout parce que sa fille, la belle et pure Angèle, a perdu le sommeil et l'appétit à quelques jours de son mariage avec le beau René de Kervoz, neveu d'un Chouan recherché dans tout Paris. Et que ce dernier donne rendez-vous dans des églises à la femme la plus belle et la plus attirante, parfois brune et parfois blonde, la Vampire sans doute, ou sa soeur peut-être.
Regardez-les au tout début du livre : René marche vite, impatient, brulant d'une passion incontrôlable, littéralement subjugué par une femme, et portant le poids du remord vis-à-vis d'Angèle. Angèle, elle, peine à suivre son promis qui court en rejoindre une autre, avec son souffle court et la peur de le perdre qui lui coupe les jambes. Et Gâteloup derrière, le pied sûr et la démarche guerrière, et le coeur brisé du malheur de sa fille, bien décidé à découvrir le fin mot de l'histoire.

Pour moi, Paul Féval, c'est "Le bossu", le roman de cape et d'épées par excellence, au même titre que les fameux mousquetaires de Dumas (qui étaient 4 si je ne m'abuse, mais c'est un autre débat). Je n'imaginais absolument pas que cet auteur avait réalisé des incursions dans le monde du fantastique, et que c'était une réussite ! La Vampire, c'est un roman d'aventures, un roman historique, un roman fantastique, et un roman "policier" également, avec de l'action, de la passion débordante, de l'amour pur et désintéressé, des trahisons, des complots, de la politique, une société secrète et une meneuse charismatique. C'est aussi la description de la vie au début des années 1800, un amour immodéré pour la ville de Paris (qui est traité comme un personnage à part entière, qui vit, frémit et ressent des émotions !), et une critique hilarante de l'administration policière de l'époque, avec des fonctionnaires dont l'incompétence semble proportionnelle avec leur place dans la hiérarchie (et pourtant, le simple troufion en tient déjà une sacrée couche).

C'est vrai que le début est un peu laborieux. Pour ma part, je n'ai pas eu de difficulté avec l'écriture de Féval, qui, bien qu'un peu ampoulée, me parait toujours élégante et parfois même poétique. Ce qui m'a gêné, un peu, est plus la chronologie des évènements, qui nous est relatée de façon un peu aléatoire, avec pas mal d'explications et de flashbacks dans les premiers chapitres, pour installer le contexte historique et politique de l'époque, ainsi que les personnages.
J'ai été en revanche charmée par le renouveau du mythe du Vampire (Bram Stoker n'avait pas encore écrit son Dracula lorsque La Vampire a été publiée) qui ne vit ou ne revit qu'en revêtant le scalp sanglant de jeunes filles assassinées (d'où la couleur changeante de sa chevelure !). La vampire apparait tour à tour comme un chef de guerre, une espionne, une amoureuse ou un monstre. Elle a ses propres buts qui ne seront dévoilés qu'à la toute fin, et malgré son pouvoir de séduction, est amenée à suivre sa propre loi.
J'ai été également très étonnée par l'imaginaire évoqué autour de la Hongrie, pays supposé originaire de la Dame, avec des personnalités exotiques, du folklore, et même des légendes, notamment celle d'Adhema. Et puis, je suis toujours amusée de ces écrivains du passé qui s'émerveillent pour les découvertes "des sciences nouvelles". Dans la Vampire, on semble croire que le salut de la santé passera par une nouvelle médecine décriée mais très efficace : l'homéopathie !

En bref, La Vampire, c'est un livre qui se situe avec bonheur au carrefour de plusieurs types de littératures, passionnant, plein de suspense et d'actions, et fantastiquement romantique ! A lire !
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