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Critique de Arakasi


Malheureux Paul ! Non content de voir sa famille ruinée et sa mère mourir dans la pauvreté, ce jeune noble désargenté s'est vu contraint d'endosser la fonction la plus méprisable, la plus vile, la plus ridicule, celle de… Cachez-vous les yeux, les petits enfants, ça va faire peur… Inspecteur de police ! Ah ouais. Ca craint quand même. Et comme si travailler sous les ordres du crapuleux Vidocq ne suffisait pas à sa misère morale, Paul, ce lambin, se meurt d'amour pour une beauté inaccessible, à savoir la fille aînée du général de Champmas. Or voici que le général vient d'être arrêté pour complot contre la Couronne – par Paul lui-même d'ailleurs, c'est con, hein ? – et, alors que Paul s'apprête à se sacrifier héroïquement pour le faire sortir de prison, il se fait couper l'herbe sous les pieds par un bellâtre importun. La jolie demoiselle de Champmas tombe aussitôt dans les bras du bellâtre avec d'autant plus d'enthousiasme que celui-ci s'avère être le fils caché de Louis XVII venu récupérer son trône vilement accaparé par le Maison d'Orléans. Vous y croyez, vous ? Non ? Ben, vous avez raison puisque cette affaire n'est en réalité qu'une habile escroquerie montée par la bande des Habits Noirs, la plus redoutable association de malfaiteurs qu'ait connue la vieille Europe.

Le truc avec Féval, c'est qu'on a parfois beaucoup de mal à deviner quand il est sérieux ou pas… Ce troisième tome de la série des « Habits noirs » semble par moment verser ouvertement dans la parodie, notamment dans la narration des déboires sentimentaux de ce sombre nigaud de Paul. Paul est typique des jeunes premiers de Féval : il est beau, il est honnête, il est généreux, il est noble et serait incapable de se faire cuire un oeuf dur tout seul. S'il parvient à sauver sa trop tendre peau, c'est uniquement grâce à l'intervention d'adjuvants ingénieux, tel que le délicieux Clampin dit « Pistolet », tueur de chat par vocation, mouchard de profession et, sans conteste, véritable héros de ce roman.

En revanche, le faux complot légitimiste ourdi par les Habits Noirs est clairement humoristique : mettre la main sur le trône de France ? Ces braves gredins n'y songent même pas ! Par contre sur un très gros paquet d'argent, c'est toujours appréciable. L'occasion nous ait enfin donné de découvrir plus en détails les rouages de l'association et de nous immerger dans leurs querelles intestines. La petite guerre sournoise que se livre monsieur Lecoq et le « beau Nicolas » – notre pseudo Louis XVII – est particulièrement savoureuse à suivre. Et j'adore l'idée prudemment avancée par l'auteur que Lecoq et Vidocq soit une seule et même personne. C'est complétement improbable mais tellement fun : les loups chassés par des loups ! On ne s'étonnera pas que la bande des Habits Noirs ait encore de beaux jours devant elle… La dernière partie du roman est notamment excellente, portée par une narration trépidante et débouchant sur une fin plus grinçante que celles des tomes précédents. Probablement mon opus préféré à ce jour.
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