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Critique de Lire-une-passion


J'ai vu ce livre passer sur la toile avec des avis plus que positifs, du coup j'étais très curieuse de le lire. Alors quand Michel Lafon nous l'a proposé j'ai sauté sur l'occasion et je dois dire que je suis pas du tout déçue. On sort de ce roman changé, déboussolée et on voit la vie différemment. Parfois j'avais l'impression d'être à la place de Matthew et je peux vous dire que c'est déstabilisant.

Mathew est un jeune qui, à l'âge de 9 ans, a perdu son frère dans des circonstances particulières. Depuis, il est hanté par sa mort et se renferme peu à peu sur lui, et la schizophrénie prend souvent le pas sur sa réalité. Il va essayer de comprendre pourquoi il est ainsi mais surtout pourquoi il n'est pas accepté par ceux qu'il côtoie, et pourquoi ces derniers ne le comprennent pas.

Si d'habitude j'ai beaucoup de mal avec les récits hachés, ici, j'ai réussi à passer au-dessus et à vraiment m'immerger dans ce récit différent de ce que l'on peut voir. Même si c'est une fiction, on n'en oublie pas la réalité de la chose. On peut souvent se mettre à la place des personnes qui vivent avec un schizophrène, mais ici, on est dans sa peau à lui. On vit avec lui, on pense avec lui, on est lui, tout simplement.

À travers cette histoire, l'auteur nous montre que le malade vit autant que ses proches une vie difficile mais que malgré les apparences il essaye de s'en sortir. Ici, vous n'aurez pas de chronologie bien établie. Non, ici, le jeune garçon nous raconte sa vie à sa manière, au gré de ses pensées et de ses souvenirs. Dès qu'il se rappelle de quelque chose, il nous le dit, même si dans la logique des choses, il devrait juste nous en faire un résumé. C'est ce que j'ai le plus apprécié : être aussi proche de lui et de vivre son passé comme il nous le présente.

On est touché par ce personnage et son caractère fort. de fait, on veut qu'il s'en sorte, on veut qu'il prenne ses médicaments, qu'il se soigne et qu'il sorte de ce cercle vicieux qui ne cesse de l'éloigner de tout, même de ses parents. Parlons un peu d'eux : ils sont aussi touchants que lui, même s'ils sont plus effacés. Ils n'ont pas eu forcément une vie facile mais n'ont pas non plus baissé les bras devant les difficultés de la vie. Leurs enfants sont atteints de syndromes différents, mais ils n'en font pas non plus de grandes différences : ce sont leurs enfants, leur sang et rien que pour cela, ils sont prêts à se battre pour tout.

L'auteur ne nous parle pas que de la maladie, même si c'est le sujet principal. Il nous parle aussi de l'amour inconditionnel de ces personnes qui tentent de voir toujours le positifs. La mère de Matthew, même si elle est très affectée par ce qui lui arrive, garde toujours la tête haute et est très présente pour son fils afin de lui faire passer facilement les caps pas toujours simples de la maladie.

Lorsqu'on commence ce livre, on se rend vite compte qu'il est difficile de le lâcher. Les chapitres sont poignants, prenants, addictifs malgré le sujet. le fait que Nathan Filer soit infirmier psychiatrique, aide en partie à ce que ce roman ne soit pas qu'une fiction, mais bien une réalité que beaucoup de personnes ne voient pas ou ne veulent pas voir. À travers ses mots, on comprend qu'elle est autant importante qu'une vie belle et sans fioriture. On s'attache d'autant plus aux personnages, car on les pense réels. Dans ce roman, je me suis surprise moi-même à devenir peu à peu schizophrène, à être Matthew à chaque instant. C'est déstabilisant, certes, mais ça montre d'autant plus que l'auteur a réussi le pari de nous embarquer dans un univers que l'on ne connaît pas forcément.

Je ressors changée de ce roman. Je ne vois plus de la même manière ces personnes qui ne sont finalement pas si différentes que nous. C'est simplement qu'elles ne vivent pas de la même manière que moi. Je les respectais déjà énormément, mais après cet ouvrage, mon respect s'est vu décuplé. Je pense que je n'oublierai pas de ci-tôt ce roman, qui m'a chamboulée à tel point que j'y pense souvent, bien que je l'ai fini il y a quelques temps déjà. Un presque coup de coeur pour ce roman, que je vous conseille vraiment !

* Je remercie les éditions Michel Lafon et Camille pour leur confiance *

Justine P.

« le pire, dans cette maladie, ce n'est pas ce qu'elle me fait croire ni ce qu'elle me fait faire. Ce n'est pas l'emprise qu'elle a sur moi, ni même l'emprise qu'elle autorise les autres à avoir.
Le pire de tout, c'est qu'elle m'a rendu égoïste.
La maladie mentale nous replie sur nous-même. C'est mon avis. »

« Raconter le passé, c'est une façon de le revivre, une façon de le voir de déplier. On dépose des souvenirs sur des morceaux de papier pour être sûr qu'ils ne disparaîtront pas. Mais cette histoire n'a jamais eu pour but de les conserver, mais de m'en défaire. J'en ignore la fin, mais j'en connais la suite. »
Lien : http://lireunepassion.blogsp..
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