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Critique de Soleney


D'Anne Fine, je connaissais déjà Quand Papa était femme de ménage, et Mon amitié avec Tulipe, que j'avais lus quand j'étais jeune et que j'avais adoré. La Guerre sous mon toit ne me tentait pas vraiment parce que c'est un livre jeunesse (et que, bon, entretemps, j'ai quand même grandi), mais je me suis rappelée de l'humour mordant de l'auteur et j'ai donc tenté l'aventure.

Je ne regrette pas. de un, parce que c'est un bouquin de même pas 200 pages qui ne demande pas beaucoup de temps de lecture, de deux, parce qu'au final, même si ça parle de crise d'adolescence (épreuve qui ne me concerne plus tellement parce que j'en déjà triomphé), l'histoire m'a beaucoup plu. Parce que ça parle aussi de vie familiale, de guerre, de conflit intergénérationnel...

William nous raconte son quotidien dans une vie de famille qui part à vau-l'eau à cause de sa petite soeur, Estelle. La crise d'adolescent est arrivée brusquement, et elle multiplie les comportements égoïstes, devient irrationnelle et s'emporte pour un rien (surtout quand elle est en tort). Toute la famille est obligée de se plier à ses exigences, et il devient de plus en plus difficile pour les parents de s'opposer à leur fille. Au final, ils devront mettre les choses à plat et s'analyser eux-mêmes pour pouvoir progresser. Mais bien sûr, l'esprit de famille triomphe toujours (je reviendrai sur la fin tout à l'heure)...

J'ai beaucoup aimé la psychologie du narrateur. Je me retrouve un peu dedans. Il a tendance à laisser faire les choses, à tempérer et s'écraser pour éviter les conflits. À cause de cela, il ne parvient pas à se faire entendre de ses parents (ils ne l'écoutent pas quand il leur demande de l'argent pour acheter de quoi manger le midi, il se fait diriger son emploi du temps, il fait profil bas devant sa soeur - sa petite soeur !). Il est aussi obligé de s'occuper de Muffy, la petite dernière de quatre ans, parce que plus personne ne prend soin d'elle.
En parallèle, il comble son envie de se battre par un livre de guerre qu'il lit et relit depuis plusieurs mois. C'est le témoignage d'un jeune homme de 18 ans prénommé William, comme lui. Il s'identifie au narrateur et y fait référence à chaque coup d'éclat qui a lieu au 27 avenue des Métairies ("Et Papa monta courageusement à l'assaut de la chambre d'Estelle"), d'où le titre et la couverture du livre.

Estelle est agaçante. J'ai eu envie de la gifler du début à la fin. Elle est décrite comme étant altruiste et responsable avant sa crise, et du jour au lendemain, elle est devenue plus peste que la dernière des bimbos. J'ai haussé un sourcil. En général, la crise d'ado ça tombe pas comme ça, un matin au réveil. C'est progressif, les hormones ! Je me suis même demandée si elle n'a pas eu un problème inavoué (à l'école, avec les garçons...), mais non, on nous donne pas de raison.

Mais progressivement, on se rend compte que si on la perçoit de cette manière, c'est parce que c'est Will qui nous donne son point de vue. Au fil du livre, il change d'opinion, réalisant qu'elle ne fait que suivre ses convictions. Il la compare de plus en plus avec William et se met à l'admirer car elle se révolte contre ce en quoi elle ne croit pas (contrairement à lui et William, qui sait que les raisons de la guerre sont mauvaises, mais suit quand même les ordres). Elle affirme son point de vue et son existence, et il réalise qu'il est incapable de faire la même chose. À partir de ce moment, elle commence à devenir légèrement plus vivable.

J'ai trouvé ce point de vue étrange. Parce qu'une fille gueule contre ses parents (et aussi contre sa petite soeur de quatre ans, je le souligne) pour un oui ou pour un non, qu'elle vole les affaires de sa mère, qu'elle refuse de s'habiller le matin parce qu'elle ne veut pas aller en cours, qu'elle s'efforce de leur pourrir le quotidien, elle affirme sa personnalité et c'est cool ? Y a quand même d'autres moyens d'être cool...



Mais malgré ça, le style d'Anne Fine est très agréable et très facile à lire. Si vous ne savez pas quoi offrir à votre fils/neveu/petit frère, achetez ce livre (surtout si la crise d'ado est difficile. Et même, lisez-le au passage, ça peut aider).
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