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Critique de LaBiblidOnee


« "- J'attache une valeur inestimable à un bon livre posé sur ma table de nuit. Malheureusement quand je vais enfin me coucher, je tombe de sommeil aussitôt après avoir lu quelques pages."
Florence calcula qu'à ce rythme, un bon livre durerait plus d'un an au directeur. le prix moyen d'un livre était de douze shillings et six pence. Elle soupira. »


Florence, qui vit depuis quelques années sur le capital décès de son mari, décide d'acquérir une vieille bâtisse du village afin d'y ouvrir une librairie. Mais contre toute attente, cette décision n'est pas accueillie avec enthousiasme par les villageois et surtout par Violet, une bourgeoise influente du village qui fera tout pour faire échouer son projet : Elle tentera d'abord de l'en dissuader en prétendant vouloir cette maison pour organiser un centre artistique, puis devant la détermination de Florence, elle use de stratagèmes plus pernicieux : Faire courir des rumeurs, jouer de ses relations, faire passer des lois pour la faire partir, etc… Pourquoi le village ne veut-il pas de la librairie de Florence ? Et surtout, qui va gagner cette lutte un peu puérile ?


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Nous n'aurons pas réellement de réponse à la première question, et c'est bien ce qui m'a le plus chagriné dans cette lecture. Tout le roman s'appuie sur cette lutte intestine, mais pourquoi des gens voudraient-ils s'acharner à empêcher une librairie d'ouvrir ? Finalement, en apprenant à connaître les personnages, je pense que Violet la bourgeoise ne supporte tout simplement pas qu'une autre femme, moins influente et plus récemment arrivée au sein de la communauté, entreprenne quelque chose avant elle, réussisse, et risque de devenir influente à son tour dans le village. Et je crois que c'est le noeud du roman.


Celui-ci doit beaucoup à la plume incisive qui le porte et à son atmosphère désuète de village anglais. Tout l'intérêt du livre réside dans l'opposition entre d'un côté cette femme récemment arrivée qui a le courage de se lancer, veut s'intégrer en participant à l'activité de la ville, et de l'autre côté les hiérarchies et relations villageoises dans lesquelles il est difficile d'interférer. Ainsi, Florence ne comprend pas pourquoi mais tous se liguent contre elle, y compris un drôle d'esprit frappeur qui hanterait la librairie.


Car Pénélope FITZGERALD est réputée pour son humour froid et sa prose raffinée, et c'est ce qu'elle nous offre à la lecture de ce roman. On pourrait tout simplement déduire de cette histoire qu'aujourd'hui, la littérature a moins la cote que d'autres formes d'art que Violet et les villageois prétendent vouloir promouvoir dans un centre culturel ; Mais plus sûrement, l'auteure a dénoncé dans ce roman, un peu à la manière de Jane Austen en son temps, à la fois la vie de village (le rejet, l'importance des invitations et réceptions en vue, etc…), mais aussi la fierté bourgeoise (avec ses jeux d'influences, de pouvoir, et d'argent) et les rivalités féminines. Il sera donc très dur de s'imposer pour Florence qui est une femme droite mais sans relations ni grande richesse, et récemment arrivée dans cette communauté. La librairie parviendra-t-elle à s'imposer ? Comme le suggère l'image utilisée par l'auteure, autant se battre contre un fantôme …


Je suis contente d'avoir découvert Pénélope FITZGERALD et j'ai apprécié sa plume, mais je ne conseille cette satire sociale qu'aux amateurs du genre : En effet, l'histoire demeure extrêmement simple et linéaire, et l'auteure laisse le lecteur déduire la morale qu'il veut de sa fin à la fois abrupte et attendue, ce qui peut donner une impression de frustration. Enfin, si vous avez du mal à trouver ce livre, sachez qu'il a été réédité en 2006 sous le nom bien moins pertinent de « L'affaire Lolita », titre d'un roman cité dans l'histoire. N'hésitez pas à me conseiller d'autres livres de cette auteure si vous en aimez un !


Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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