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Critique de domi_troizarsouilles


Ce livre, publié en même temps que le tome suivant (que j'ai également dans ma PAL) a fait beaucoup parler de lui au moment de sa sortie. Déjà rien que sa couverture a eu son lot de commentaires, certains la disant « magnifique » ! Bon, pour moi, elle évoque avant tout un essuie de cuisine (un torchon, pour mes amis français, mais un torchon étant tout autre chose chez moi, je reste sur mon essuie de cuisine, on dit aussi essuie-vaisselle, à la belge !) ; alors, certes, elle est très sympathique cette couverture, mais elle n'est pas au top du glamour non plus, quand même !

Quant au contenu…
Dans la série « les cosy mysteries sont à la mode », parmi les quelques séries dont j'ai déjà lu l'un ou l'autre tome, celui-ci gagnerait sans aucun doute le prix de la mièvrerie, à peine sauvé par un certain humour. Certains disaient que ça a quelque chose de « Desperate housewives » - pour le peu d'épisodes que j'ai vus de la série, je ne saisis franchement pas le lien ; on est davantage dans une espèce de « Bridget Jones » à l'américaine, farouchement accrochée à son célibat mais qui finit toujours par sa laisser convaincre par sa mère, autoproclamée marieuse en cheffe, de rencontrer autant de mâles que nécessaires, auxquels elle est moins insensible qu'elle ne prétend, jusqu'à espérer trouver la perle rare qui deviendrait son époux… Par ailleurs, notre Hannah n'a pas une cour d'amis plus clichés les uns que les autres (bye bye, Bridget !), mais un chat qui, à l'en croire, penserait comme un humain particulièrement hautain (ah ben si, il y a du cliché quand même, finalement), et Lisa, sa charmante assistante à la boutique de cookies qu'elle tient dans la petite ville de son enfance, depuis son retour parmi les siens après ses études.

C'est une petite ville à l'esprit « village », où tout le monde se connaît, où les cancans et autres ragots vont bon train dans tous les sens, où les diverses fêtes des différentes associations (que ce soient les scouts ou des réunions féminines assez improbables parfois) rassemblent tout le monde, et font toujours appel au « Cookie Jar » dont la réputation semble bien acquise.
Ainsi, quand Hannah découvre un matin par hasard que son livreur de lait et crème habituel est mort, vraisemblablement tué, dans son camion de livraison, c'est le branle-bas de combat !

Le hasard fait bien les choses : le policier en charge de l'enquête n'est autre que son beau-frère, c'est-à-dire le mari de sa soeur Andrea – Hannah ayant deux soeurs dont elle est l'aînée, mais Michelle, la benjamine, ne sera que citée de temps en temps, tandis qu'Andrea, la cadette, tient un second rôle de pimbêche, mal à l'aise dans son rôle de mère, d'autant plus qu'elle semble préférer sa carrière dans l'immobilier qu'elle a provisoirement mise de côté pourtant. Et surtout, on se demande ce qu'une femme aussi stéréotypée « pétasse » (désolée pour l'expression, mais je ne trouve pas mieux, car même si le mot n'est jamais dit, c'est vraiment ainsi qu'elle est décrite tout au long du livre, ou presque !), fait avec ce Bill, policier qui rêve de devenir inspecteur, mais qui n'a pas la moindre envergure, pas le début d'une idée, pas la moindre capacité d'initiative – pas de cerveau, on dirait parfois le benêt du coin ! Ah, pardon, si, il a une idée de génie : il va demander à Hannah de l'assister dans son enquête, lui prêtant des qualités qui pourraient aider à débusquer le coupable, d'autant plus que, avec ses cookies, comme on l'a compris, elle est toujours présente partout et connaît tout le monde, mieux que personne !

Et c'est ainsi que Hannah se lance à corps perdu dans cette enquête, parfois aidée par sa soeur Andrea dont elle se rapproche peu à peu (une Andrea qui, en plus, sera l'un des rares personnages à réellement évoluer), tandis que Bill, qui est quand même le principal enquêteur, du moins en théorie, non ? sert essentiellement de potiche.
Jusque-là, ce n'est déjà pas follement emballant, mais ça peut le faire, pourquoi pas après tout ?
Hélas, l'enquête devient très vite poussive, selon un schéma récurrent qui est intéressant la première fois, mais dont la répétition systématique est plus que lassante : Hannah a une soudaine idée sur tel ou tel point de son enquête, paf elle se rend chez la personne qui pourrait l'éclairer sur ledit point, et invente alors une quelconque histoire plus ou moins plausible dans laquelle elle noie sa question principale, au milieu d'un inévitable sachet de cookies… et des litres et des litres de café ! Et ainsi, d'idée en réponse, de question en nouvelle découverte, elle cerne peu à peu le coupable de ce meurtre, car il s'agit bien de ça.

C'est tellement trop facile et irréaliste que j'ai peu à peu décroché, avec l'impression que cette enquête sans queue ni tête apparente n'aboutirait jamais ; ça devenait extrêmement long et lassant. J'étais à peine aux alentours de la page 170 (32% du livre) quand j'ai provisoirement mis de côté, je n'en pouvais plus !
Il a fallu que ce livre soit proposé en LC sur l'un des (nombreux) challenges auxquels je participe, pour que je me rappelle que je l'avais en cours quelque part. le lire avec d'autres était une bonne façon de m'encourager à le terminer – moi qui n'aime décidément pas ne pas finir un livre ! Je l'ai repris là où j'étais arrivée quelques semaines plus tôt : pas envie de reprendre à zéro un livre qui m'avait déjà tellement ennuyée ! Et pour preuve qu'il n'est décidément pas passionnant : je n'ai eu aucun mal à le reprendre ainsi en plein milieu, il se passe tellement peu de choses intéressantes que j'ai très vite retrouvé le fil, sans souci, avec l'espoir de le terminer au plus vite désormais, quitte à passer quelques passages en diagonale…

Lors de cette reprise toute récente, la première chose qui m'a choquée, si l'on peut dire, c'est ce que je disais juste ci-dessus : Hannah boit des mégalitres de café, du matin au soir (et même parfois du soir au matin), sans oublier que certaines personnes qu'elle va voir préfèrent le thé, et alors, même si elle n'aime pas ça (elle le répète à chaque fois à l'attention du lecteur), elle l'accepte quand même… Ciel ! Déjà moi, qui adore pourtant le café, avec 2 à 3 tasses entre matin et midi (pas ultra-corsé, mais pas du jus de chaussette non plus !), j'ai déjà tendance à me transformer en pile électrique ; à partir de la 4e tasse, j'ai des soucis potentiels d'insomnie… mais alors, soit notre Hannah est définitivement immunisée, soit elle est une centrale atomique en puissance et couve un méchant ulcère qui va éclater tôt ou tard !?
Quant aux cookies qu'elle avale et distribue également à longueur de journée, on finirait par croire que tous les habitants de cette petite ville vont finir par se transformer en Obélix…

En parlant de ces cookies : l'autrice nous partage un grand nombre de recettes, et réellement ça met l'eau à la bouche – à condition de dépasser la déception qu'on est alors davantage dans un livre de cuisine que dans un roman policier. Mais alors, je ne comprends pas – du tout – la démarche de l'éditeur… C'est que toutes ces recettes sont traduites « à l'américaine » ! Les mesures sont des cuillères à thé, des tasses, etc., autant de façon de compter les ingrédients qu'on utilise outre-Atlantique (il me semble avoir vu de telles mentions dans des recettes sur des sites canadiens, notamment), mais de ce côté-ci du monde, on parle en grammes, en cuillères à café (tiens donc !) ou soupe, au pire en pots de yaourt ou ce genre de choses « courantes » dans les basiques d'une cuisine, mais pas en « livres », en cuillères à thé ou autres tasses !
Oh, pardon : en fait, si, il y a, à la toute, toute, toute dernière page du livre, après même l'index des recettes, une page de « Conversion des volumes ». C'est une blague !? Était-il donc si compliqué d'appliquer ces conversions directement dans les recettes ? Ce choix de montrer les recettes « à l'américaine », était-ce censé participer à l'ambiance ? Ça dépasse mon entendement, car le vrai problème, c'est que ça va surtout compliquer la vie du lecteur qui, lassé de lire ce livre inintéressant, aurait tout à coup des envies de pâtisserie…
Et surtout, cela donne un goût tout à fait inabouti à la traduction, et c'est bien dommage, car le texte de chacune de ces recettes est quant à lui bien traduit : pourquoi ne pas avoir été cohérent jusque dans le « détail » qu'est la liste des ingrédients ? La traductrice est-elle donc si mauvaise cuisinière (et l'éditeur / éditrice pire encore) pour n'avoir pas vu que, présentées ainsi, ces recettes sont impraticables sans une conversion supplémentaire, dont on se serait pourtant bien passé.e.s au moment de tester ces fameux cookies ?

Sans même parler du fait que lesdites recettes sont prévues pour plusieurs douzaines à chaque fois – normal dans une boutique de cookies, nettement plus embêtant pour une maman (par exemple) qui veut juste faire à goûter pour sa famille : dommage que les quantités n'aient pas été adaptées (par l'autrice alors ?) pour un format plus familial.
Ou encore : certains ingrédients sont (quasi) introuvables chez nous, mais ça non plus ne semble pas avoir posé problème, ni à l'éditeur, ni à la traductrice. Je pense notamment à la mélasse, jamais vue en Belgique, mais présente dans plusieurs recettes : mes co-lectrices (françaises) m'ont informée que ça peut se trouver au rayon exotique de certains supermarchés, dans les spécialités du Maghreb. Sérieusement ? Il faut aller chercher une spécialité du Maghreb pour réaliser une ou plusieurs recette.s américaine.s ?!? J'ai halluciné ! Après consultation rapide sur Internet, il semble que ce n'est pas si simple que ça à trouver, mais que ça peut être remplacé (avec plus ou moins de succès) par l'un ou l'autre ingrédient plus courant chez nous, allant du miel au sirop d'érable, certains compatriotes parlaient même de notre fameux « sirop de Liège », sauf qu'alors le goût devient fruité ; les plus avisés conseillent de commander cette fameuse mélasse sur l'un ou l'autre site de produits américains en ligne…
Alors, bien sûr, une fois encore, je ne demande pas que la traductrice fasse une adaptation complète de ces recettes (quoique : quelque part, c'est quand même son job) ; mais adapter les unités de mesure à ce qu'on connaît en Europe n'aurait pas été du luxe, pour cette édition destinée à la France et aux pays voisins, et donner une indication (en note de bas de page ?) sur le concept de mélasse ou autres ingrédients plus inhabituels aurait été bienvenu !

Tout cela n'empêche pas (heureusement !) ce livre d'être gentiment plaisant : on est à fond dans le « cosy » (à défaut du « mystery » qui, pour moi, ne convainc guère), dans l'ambiance très marquée, à la limite de l'exagération même, d'une petite ville américaine et en plus « à l'ancienne », dans cet esprit « village » que je mentionnais plus haut : tout le monde se connaît au moins de vue, tout le monde participe à l'une ou l'autre association qui resserre encore davantage ces liens entre les habitants, ou bien dans un autre registre : on va encore acheter ses vêtements à la boutique du coin où la gérante sait d'un coup d'oeil ce qui vous ira (à part dans mon village quand j'étais petite, pour moi c'est du jamais-vu !). Et bien sûr, c'est une époque où les portables sont encore très peu répandus : seul le riche bourgeois du coin semble en avoir un, et Hannah par exemple passe et reçoit tous ses appels sur son fixe ou celui de sa boutique ! le tout est saupoudré d'une fine couche d'humour léger, parfois teinté de sexisme mais qui ne m'a pas fait hurler.
Tous ces éléments donnent un petit goût suranné à l'ensemble, désuet mais sympathique ; par moments, on aurait presque envie d'aller s'installer quelques instants au « Cookie Jar », déguster l'une de ces spécialités tellement alléchantes réalisées par Hannah, avec un inévitable café bien sûr… et surtout, qu'on ne me parle pas d'un quelconque meurtre ! Bref, c'est agréable, malgré l'enquête qui ne rime à rien.

En ce sens, la nouvelle qui clôt le livre (sur près de 125 pages quand même !) est beaucoup mieux réussie ! Elle se déroule dans cette même ambiance, mais débarrassée d'un crime inutile, mettant à la place une gentille petite énigme, et on ne peut que craquer… ou, pour le moins, se réconcilier un tant soit peu avec les déceptions de l'enquête principale de ce livre.
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