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Critique de Cannetille


Lui qui, victime d'une grave maladie cardiaque, a failli mourir à seize ans avant de renaître grâce à la chirurgie, le sait bien : rien de tel que la confrontation à la mort pour vous redonner comme jamais le goût de la vie. S'inspirant d'une pratique coréenne qui vous fait assister à la simulation de vos propres funérailles pour mieux vous sortir de la dépression, l'auteur a imaginé la renaissance d'un homme après cette expérience.


Lorsqu'une ancienne camarade d'école lui propose de la rejoindre pour l'épauler dans ses fonctions de directrice de cabinet du secrétaire d'État au Commerce extérieur, Eric Kherson qui, sans vraiment se l'avouer, se sentait tourner en rond entre son poste de cadre dirigeant chez Decathlon et sa vie solitaire de père divorcé très peu investi, est le premier étonné de son empressement à sauter sur l'occasion. Grand bosseur et bien vite le bras droit de cette femme ambitieuse, le voilà qui l'accompagne en Corée pour convaincre les dirigeants de Samsung d'implanter une usine de trottinettes en France. C'est là, à Séoul, que tout bascule, quand Eric découvre par hasard cette pratique thérapeutique inventée ici pour endiguer un taux record de dépression et de suicide : assister à ses propres funérailles et ressentir la mort enfermé dans un cercueil, tout cela pour se sentir ensuite plus vivant et trouver la motivation de réorganiser sa vie.


Electrifié par la course en avant de personnages si bien occupés à leur réussite sociale qu'ils finissent par réduire leur vie à sa façade sur Instagram sans réaliser le vide affectif et familial qui s'est creusé autour d'eux, le récit atteint son point culminant en son mitan, dans un beau morceau de tension narrative, avant de dévaler la pente d'un second versant qui pourrait être celui de la dégringolade ou de la reconstruction. En ce moment de remise en question, c'est toute la vie d'Eric qui se retrouve en balance. Pour se réinventer, il lui faudra régler de vieux comptes avec lui-même et se libérer d'une culpabilité remontant à l'enfance, qui le freine et l'empoisonne insidieusement. Si la satire se fait alors gentil conte tendance feel good, pour le plus grand triomphe des bons sentiments, cela n'occulte pas l'intérêt global de la réflexion proposée.


Face à la tyrannie des injonctions sociales et à rebours de la vanité des apparences, est-il possible de changer d'état d'esprit pour une vie plus heureuse et équilibrée ? Il semble que ce soit le rappel de notre finitude qui soit le plus à même de nous convaincre de l'urgence de la joie et du bonheur : à appréhender sa mort, l'on n'a que plus envie de profiter de sa vie. Un roman doux-amer, où l'on retrouve avec plaisir l'incomparable sens de la formule de David Foenkinos.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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