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Critique de MicheleP


« le siècle » de Ken Follet est une trilogie qui a l'ambition de faire connaître l'histoire du XXe siècle à travers un certain nombre de personnages anglais, américains, allemands et russes. Histoire touffue, puisque chaque volume fait dans les 1000 pages.
Le tome I, « La chute des géants », qui traite de la première guerre mondiale, est assez agréable, la valse hésitation qui aboutira à l'entrée en guerre est assez bien décrite, essentiellement vue à partir d'un couple d'amoureux, lui allemand et elle anglaise, follement pacifistes parce que la guerre les séparerait. On marche plus ou moins, même si on a parfois quelques doutes : est-il loisible de raconter la prise du Palais d'hiver de St Petersbourg sans la moindre allusion au croiseur Aurore ? Est-il honnête de présenter le Chemin des dames comme une victoire allemande à l'arraché, c'est-à-dire de faire d'un épisode de cette lutte acharnée une rapide victoire ? Est-il normal de raconter la première guerre mondiale sans dire un mot des combattants français qui, me semble-t-il, souffraient autant sur le front que les Anglais…
Le tome II, « L'hiver du monde » a pour sujet la montée des grandes dictatures en Allemagne et en Russie, la guerre d'Espagne et la seconde guerre mondiale. Ici aussi, de curieuse lacunes : les nazis sont vraiment vilains et brutaux, il est parlé de leurs velléités d'eugénisme par euthanasie des malades mentaux, mais on ne trouve rien ou presque sur la Shoah, au point que les grandes éliminations de juifs en Ukraine (Babi Yar) sont passées sous silence et transformées en liquidation de prisonniers en Russie. Les communistes sont tout aussi vilains et brutaux, la critique est sans concession (et assez méritée), mais si poussée à l'extrême qu'il n'est question ni de la résistance héroïque de Stalingrad, ni du siège de Leningrad. Les Japonais, en revanche, ne sont pas si vilains que ça : c'est que les Américains les ont bien enférocés en interdisant leur ravitaillement en pétrole. Les Américains ne savent pas trop ce qu'ils veulent, quand aux Français… - Ah bon, il y avait des Français dans cette affaire ? – pas un mot de de Gaule, pas un mot de la Résistance, pas un mot de l'armée d'Afrique, de Monte Cassino, du débarquement en Provence (ni de la campagne d'Afrique d'ailleurs, résumée en une seule ligne : une bande de 80 kms qu'Américains et Allemands se disputent au Maghreb). En revanche, ceux qui sont gentils-gentils, ce sont les travaillistes anglais qui ont inventé la retraite, la sécurité sociale, les grèves et tout et tout, bien sûr, puisque la France n'existe pas, ni, de ce fait, le Front populaire. Enfin, pourquoi appeler Sainte Mère Eglise du nom bien postérieur d'« Eglise des soeurs » ? Donc, à mon avis, pour une bonne vulgarisation sur la deuxième guerre mondiale, mieux vaut lire les ouvrages de Max Gallo.
Restent les aventures des personnages, convenues et longuettes. Ce sont les enfants des personnages du tome I, tous brillants et excellents dans leur partie, tous diplomates ou officiers d'élite ou infirmières pour les dames, tous se connaissant plus ou moins les uns les autres, tous amoureux les unes des autres, pour après maintes souffrances et séparations, s'unir enfin et mettre au monde les babies qui seront les personnages du tome III. Car tout le monde survit, tout le monde en réchappe, avec de sacrés coup de pouce du destin qu'on pourrait aussi appeler stratagèmes de narration. Seuls meurent, comme par hasard, les homosexuels, les impuissants et les vilaines filles qui ne veulent pas d'enfant : ne se reproduisant pas, ils n'ont sans doute aucune utilité pour la mise en place de la suite de l'histoire !
Sinon, pour passer le temps en vacances, ça se laisse lire, ça ne « prend pas la tête », on a quelques scènes de c… (qui reproduisent toujours le même schéma, mais qui coupent aimablement la narration), on a aussi plaisir à retrouver des faits historiques connus et à suivre mollement les amourettes contrariés de quelques braves gens.
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