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Critique de Fleitour


"Puisque les Anglais ne voulaient pas de moi, je deviendrais espion pour le compte des allemands ; une fois la chose faite, je retournerai voir les Britanniques en me prévalant de ce nouvel emploi. Cela me conférerait une importance évidente aux yeux des Anglais !" Ainsi on se rasant, page 94 , le catalan Pujol, avait trouvé la faille qui lui permettrait de quitter définitivement l' Espagne et le tueur de Guernica.

Guillaume de Fonclare en dénouant la vie de Joan Pujol comme le ferait le père de Joan teinturier à Barcelone avec une pelote de laine, il faut attraper le brin principal, celui qui permet de comprendre toutes les subtilités d'une vie faite de pirouettes en tous genres, celle qui mène à Garbo le plus insolite espion d'Hitler.

Quelle fructueuse imagination développe Juan Pujol, sans cesse pour retourner, détourner, redresser, la courbe insolente de ses fils de toutes les couleurs, leurs circonvolutions, pour qu'enfin l'adversaire soit mystifié, passant de la catalogne à l'Espagne franquiste, puis, de la croix gammé à la croix de St Georges.

En écrivant à son fils Jorge, Juan Pujol, lui dévoile son obsession trouver un passeport, le nerf de sa guerre, fuir, la fuite comme un étrange Éloge de la Fuite d' Henri laborit. Cette fuite que ce récit tente de réparer.

Il commence éleveur de poule plein nord, ce qui lui permet de trouver le passage vers la France, il voit son plan s'effondrer, puis il se verrait bien déserteur ! Il s'engage dans l'armée catalane , déserte et va combattre ses amis comme un franquiste, après avoir reçu sa médaille de guerre, marié et démobilisé, il se retrouve à négocier avec Emilio à Madrid de l'ambassade d'Allemagne un passeport pour l'Angleterre. CQFD.


Le jeune Grabo jubile, encore à Lisbonne il est capable de s'incruster dans l'administration anglaise. Mais c'est tout simple, il suffit d'affirmer qu'il est bien à Londres, qu'il habite Time-Square, qu'on l'écoute déjà au ministère de la guerre  ! Bref que l'on parle anglais avec les premières embauches de cette nouvelle équipe d'espions aux ordres de Berlin, du vent !


Scénariste de son propre personnage, il invente Garbo, le fait vivre, lui donne une famille des sentiments des convictions, ce que Emilio attend, partage, comme un ami, en lui donnant une épaisseur, un passé, il le projette dans l'avenir.


Guillaume de Fonclare, se délecte à suivre les échos que son personnage suscite auprès de l'Abwerh, rageant des replis de l'armée allemande, félicitant l'Abwehr et Hitler pour ses succès.

À tout instant , financé par les Allemands, Garbo analyse, imagine, écrit où et comment avec son équipe il pourrait orienter les Allemands ?
Si la situation n'était pas si cruciale pour la liberté on pourrait y voir dans les relations entre Garbo et Émilio, le vaudeville burlesque d'un jeu à qui perd gagne.

Jusqu'où est -il cru ? Suivi.... On apprendra après la guerre qu'il eut grand crédit auprès d'Hitler...
Formidable odyssée intra-muros dans quelques dizaines de mètres carrés, sans bouger d'un pouce !
Guillaume de Fonclare avec son écriture acérée, ses mots percutants, et son style plein d'humour, railleur et espiègle, livre des heures palpitantes, au chevet de l'humanité, parfois, " les pensées de Garbo étaient enserrées dans un étau de coton et tous les sons me parvenaient étouffés comme au travers d'une épaisseur de laine.page 203".
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