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Critique de Alfaric


C'était une forte intuition, c'est maintenant une véritable certitude : avec "Havrefer" l'auteur anglais Richard Ford écrit un "Légende" de 1500 pages à la sauce "Game of Thrones"… Les easy readers devraient passer un bon moment avec ce cycle !


Après la défaite et la mort du roi Cael Mastragall, il ne reste aux Cités Libres qu'une dizaine de jours avant que la horde sauvage du mago psycho Amon Tugha ne déferle sur leur capitale. La menace n'a pas encore atteint l'horizon mais la peur est de plus en plus palpable (ce n'est plus les réfugiés qui arrivent en masse, mais les troupes en déroute), et c'est dans une ambiance de fin du monde que se débattent tous les personnages.
Nobul Jacks retrouve la beauté de la sauvagerie ; Regulus Gor découvre la laideur de la civilisation. La courageuse Kaira Feuillevent se découvre une cause ; le lâche Waylian Grimm se découvre un destin. le cynique Merrik Ryder est confronté au retour du père qu'il a abandonné, et malgré ses sarcasmes après avoir été Lannister il a fortement envie de devenir Stark… ^^
La princesse rebelle doit affronter seule ses responsabilités de reine alors qu’elle prend conscience que c’est seule également qu’elle va bientôt devoir affronter ses responsabilités de mère : c’est une adolescente enceinte qui va devoir remplacer le vieux lion Churchill, et elle n’a que du sang et des larmes à offrir au peuple qu’elle veut protéger…
Loque qui pensait se mettre à l'abri du besoin en intégrant la pègre comprends rapidement qu'elle n'est pas à sa place dans ce monde de pervers narcissiques qui se complaisent à écraser les autres, alors même que si elle monte en grade c'est bizarrement parce qu'elle est la seule à penser aux autres et à avoir le sens de la responsabilité de ses subordonnés… (Arya Stark, prend des notes car cela te sera utile dans les prochains tomes du Trône de Fer ^^)
Rivière est presque absent de se livre puisqu'envoyé en mission dans le Sud, pion du Père des Assassin qui le manipule à sa guise, lui-même pion d'Amon Tugha qui le manipule à sa guise… Mais quand il découvre à la toute fin du roman qu'il a été trahi et qu'on s'en ait pris à l'amour de sa vie, il bascule dans l'autre camp en mode search & destroy : ça va chier des bulles pour les homines crevarices !
Du coup son POV est remplacé par celui de l'homme-lion Regulus Gor, obligé de s'exiler de son pays avec ses amis pour sauver leurs propres vies. C'est tout naturellement qu'il se réfugie chez ceux qui ont délivré leur peuple de l'esclavage, Mais ils vont devoir subir le parcours du combattant et le chemin de croix de tout émigré, et ils vont voler de désillusions en désillusions au fur et à mesure du mauvais accueil qu'ils reçoivent d'un Occident plus arrogant que jamais bien que pourtant au bord du gouffre… (Une allégorie d'un problème universel certes, mais aussi tragiquement actuel : gageons que les critiques autorisés passeront comme d'habitude à côté…)

Nous sommes donc dans le roman choral avec les qualités et les défauts de la formule. Alors oui, il faut attendre plusieurs dizaines de pages pour retrouver tel ou tel personnages laissé en mauvaise posture. Mais je n'ai jamais ressenti d'impression d'éclatement ou de délayent comme dans l'oeuvre phare de G.R.R. Martin, car il y a unité de lieu puisque tout ou presque se déroule dans la capitale d'Havrefer mais en en plus l'auteur ne ménage pas ses efforts pour ses personnages se croisent ou s'entrecroisent quand ils ne se retrouvent pas (d'ailleurs cela donne une belle fluidité au roman, avec des transitions très cinématographiques : on sentirait presque les changements de caméras ^^).
Ce qui m'étonne c'est le côté page-turner de l'ensemble pour un premier cycle car j'ai avalé les 450 pages en une seule soirée, ce qui ne m'était pas arrivé depuis des lustres (après recherche l'auteur a déjà un peu roulé sa bosse dans le monde des novellisations franchisées). L'ensemble est forcément un peu haché mais les chapitres de 8/10 pages sont bien dosés, car même courts ils racontent tous quelque chose, avec un début, un milieu et une fin ce qui nous évite l'horrible tirage à la ligne de la fantasy américaine. Alors oui on aurait pu approfondir l'univers, l'histoire et les personnages mais si c'est pour se farcir un cycle de 10000 pages inachevé pour cause de décès de l'auteur, non merci !
Et qu'est-ce qu'on nous raconte finalement ? le parrain Friedrick veut faire la peau à ses vieux amis Nobul Jacks et Merric Ryder, Kaira Feuillevent essaie de remettre ce dernier sur le droit chemin en intégrant avec les Manteaux Verts puis la Garde Royale, Garde Royale qui a fort à faire avec les tentatives de meurtres organisées par l'envoyé du Grand Capital (dans une super scène d'action où un sorcier et quatre assassins shaolins sème la chaos et la destruction avec de se faire latter la gueule) et celui de la Bête Immonde (dans une super scène d'horreur où l'exécution des guerriers-lions zataniens tournent à la boucherie et où c'est les condamnés qui sauvent la mise à leurs bourreaux). Pendant ce temps après avoir ramené les chevaliers d'élite de la Garde de Vouivre, Waylian occupe est à la première places des intrigues de Gelredida pour déjouer les complotes des traîtres de la guilde des magiciens (c'était d'ailleurs assez malin de voir tout ça par le bout de la lorgnette pour respecter l'équilibre des POVs, le personnage ne comprenant pas grand choses des intrigues dans lequel il est pris en tenailles mais l'auteur semant tous les indices nécessaires pour que lecteurs comprennent les tenants et les aboutissants desdits complots).
Mais comme dans le tome 1, le fil rouge reste celui du libre-arbitre, des choix que l'on réalise, les responsabilités qu'on choisit d'endosser et les causes qu'on choisit de défendre. Chaque personnage est soumis à la tentation (du pessimisme, du renoncement, de la facilité, de l'égoïsme, de l'argent-roi), et chaque personnage doit subir son épreuve du feu…
"Nous avons tous quelque chose à prouver, chaque jour de notre vie. le plus dur, c'est de choisir envers qui ou quoi nous devons le faire."


Après l'exposition et la transition, que nous prépare le tome 3 de conclusion ? Jusqu'à présent l'hécatombe ne concernait que les personnages secondaires mais maintenant elle va également frapper les personnages principaux… C'est donc 4 jours de combats interrompus qui attendent les lecteurs, où tous vont se retrouver sur les remparts d'Havrefer pour lutter aux côté de son peuple de toutes leurs forces contre la Bête Immonde envoyée par le Grand Capital : s'unir ou périr, la victoire ou la mort !!!
Et pour ne rien gâcher, on a eu droit a pas mal de foreshawing en vue de la dernière bataille : les pouvoirs cachés de l'un, la noble ascendance ignorée de l'autre, le retour du héros légendaire Casque Noir (oui, je te vois Druss ^^) et cette épée noire runique buveuse d'âme qui traîne dans un coin (oui, je te vois Stormbringer ! ^^)
J'avais anticipé un duel à la Achille et Hector entre Casque Noir et Regulus Gor. Oui mais non, le Rambo médiéval fantastique et le Hercule black combattront finalement côte à côte.

PS1 : Michael Moorcock, China Miéville, Joe Abercrombie, Dan Abnett, David Gemmell, Simon R. Green, Jon Courtenay Grimwood, Brian Ruckley, Neal Asher, Mark Lawrence, John Gwynne, Richard Ford, etc. : si quelqu'un en doutait encore, dans la lutte des classes la SFFF a clairement choisi son camp outre-manche !

PS2 : je voue aux gémonies la critique du hype-o-mètre Elbakin.net, réalisée par Gillossen toujours d'aussi mauvaise foi quand il s'agit de fantasy épique. Mais qu'attendre de quelqu'un qui crie sur tous les toits qu'il n'aime plus la fantasy épique concernant la fantasy épique ? Ben, absolument rien du tout à part jouer les rageux de service… (car on se passerait bien des allusions aux blaireaux de Babelio ou aux imbéciles d'Amazon par exemple)
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