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Critique de mumuboc


Je lis très peu de nouvelles et il est toujours difficile d'en parler, d'exprimer son ressenti en fin de lecture car elles peuvent nous mener dans différentes directions ou se rejoindre, s'accumuler, se mélanger. Mais ici je vous donnerai mon ressenti général même si l'ensemble de ces 10 nouvelles, plus ou moins longues, m'a embarquée dans un voyage intérieur et solitaire dans la solitude, tel le personnage de couverture, au moment dans la vie où les souvenirs reviennent, frappent à la porte de vos pensées, à l'occasion d'un événement, d'une rencontre, d'un lieu, ils sont là, ils remontent et vous envahissent.

Il y est question de retrouvailles d'un amour vieux de 35 ans, de deuils, de maison de vacances, d'identité, de Paris, de voyages, d'élections américaines, de profiter d'un jour de liberté ou d'un remariage, autant d'événements comme des épisodes de vies, qui sont sources de prises de conscience, d'interrogations ou de constats mais également de se pencher sur le passé. Un testament, des bilans de vies mais jamais tristes non, parfois quelques regrets mais c'est comme si chaque personnage (ou l'auteur) les regardent à distance comme des événements qui les ont construits et les révèlent.

Je ne connaissais pas du tout Richard Ford et je vous avoue que chaque nouvelle aurait pu être un roman ou l'ébauche d'un roman à elle seule. Pourquoi est-ce que je parle d'ébauche car finalement la nouvelle se suffit à elle-même, c'est comme des pages de vie que l'on feuillette, quand on regarde derrière soi et que l'on choisit dix moments représentatifs de ce qu'est une vie, à différents âges ou sexes, d'un pays (très imprégné du contexte américain bien sûr en particulier de la Nouvelle-Orléans avec les ravages immédiats et à plus long terme de l'ouragan Katarina et des identités raciales) mais également de l'Irlande que ce soit à travers les physiques de ses personnages ou paysages. En évoquant comme je l'ai dit la solitude omniprésente parce que finalement nous sommes dans ces moments-là seul avec nous-mêmes même s'il s'agit d'un regard sur le couple.

Richard Ford nous propose son voyage solitaire dans la solitude de l'humain, qu'il soit seul, en couple ou parent, c'est à la fois doux, mélancolique, nostalgique, constitué de petits détails qui se révèlent significatifs sur une posture, un regard, des mots, une sorte d'album mémoriel de sentiments, d'observations avec une préférence pour Savoir se tenir et Langue seconde (les deux plus longues) pour lesquelles Richard Ford se laisse le plus aller à la confidence sur l'intimité, sur le couple, sur les lieux de vie et les choix.

Alors oui c'est difficile de dire pourquoi j'ai beaucoup aimé mais parce qu'il y a parfois des rencontres qui se font, sans pouvoir l'expliquer, parce que l'auteur soulève en vous une onde de reconnaissance pour le regard porté, sa bienveillance, parce qu'il vous donne envie de le découvrir dans la longueur, parce qu'ici pour moi ce ne fut qu'une ébauche et une promesse future d'un univers où la justesse, la pudeur mais aussi la qualité de plume ne peuvent je l'espère que continuer à me ravir. Alors certes pas d'actions spectaculaires et pourtant parfois des moments cruciaux de vies, des ambiances, une traversée du temps….. de son temps.

J'ai beaucoup aimé et je l'ai ajouté à ma liste d'envies et peut-être que Canada sera le prochain (il avait remporté un prix Médicis Etranger).
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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