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Critique de hervethro


Tout le monde a lu - ou entendu causer - de ce meilleur des mondes.
Il est toujours souhaitable de replonger dans ces bases, comme une piqûre de rappel.
On retrouve avec plaisir un monde calibré par la génétique et le conditionnement, écrit 50 ans avant la naissance de la brebis Dolly et la toute puissance des écrans. Mais, à bien y réfléchir, Huxley n'a rien d'un visionnaire (si, pourtant, lisez sa préface à l'édition de 1946) : lorsqu'il écrit Brave New World en 1931, tout est déjà là : les ateliers Ford à Detroit ont institué la production de masse par le travail à la chaine (ce n'est surement pas un hasard si le nom de Dieu a été remplacé par Ford dans le roman), même si la télévision n'avait pas ce pouvoir hypnotisant, elle existait déjà, portée par la publicité qui s'appelait réclame. On retrouvait autant dans les jeunesses Hitlériennes que dans les camps de rééducation soviétiques le même souci de conditionnement des masses. Enfin, savoir que le livre parait au même moment où Hitler accède au pouvoir donne la chair de poule. Sûr que ce meilleur des mondes a fini sur quelques autodafés dans l'Allemagne nazie! L'art est l'ennemi du meilleur des mondes ainsi que toute société totalitaire. L'Inde et son système de castes n'est pas si éloigné du délire eugénique de l'utopie ici présentée.
Bref, Huxley n'a rien inventé. Il nous montre simplement un monde si merveilleux où les jolies filles sont pneumatiques et où l'alcool et le tabac sont avantageusement remplacé par le Soma, véritable usine à rêves, drogue ultime censée vous faire évader de votre quotidien.
Tout ça c'est réellement passé dans la seconde moitié du XXème siècle.
Le meilleur des mondes n'est pas seulement un roman d'anticipation. Au chapitre 3, on a le cas du premier (seul?) zapping littéraire. Mais surtout, cette science fiction se transforme assez vite en philosophie lorsqu'on découvre qu'il existe des ilots de sauvagerie, un peu comme dans notre monde libéral bien réel où le nouveau Dieu se nomme Dollar, il existe encore des tribus primaires au fin fond de la jungle ou sur des iles désertes. Imaginez alors une sorte de Tarzan propulsé dans la "civilisation". Au passage, Huxley en profite pour jouer sur l'intemporalité de l'oeuvre de Shakespeare (dont la traduction fait perdre beaucoup de son piquant, l'éditeur s'en excuse platement).
Au terme, le "sauvage" se trouvera devant ce terrible dilemme : devoir choisir entre le confort ou la liberté.
L'administrateur lui explique alors le pourquoi d'un tel meilleur des mondes. Et l'on se rend compte, quasiment un siècle plus tard, qu'il parle de notre monde à nous.
L'humanité est divisée en catégories (sortes de castes), allant des Alphas à qui sont attribués les travaux les plus prestigieux jusqu'aux Epsilons, simples manoeuvres, tous conditionnés (y compris la classe dirigeante) à aimer leur travail. Une société composée uniquement d'Alphas serait vouée à l'échec : ils ne pourraient pas effectuer les basses besognes, ils en deviendraient fous ou se révolteraient. le problème de l'occident actuellement, c'est que nous sommes tous conditionnés en Alpha mais il n'y a pas que des tâches intéressantes à effectuer. Cela pose le problème du travail.
Décidément, ce livre est d'une modernité confondante.
L'administrateur l'analyse très bien : "le bonheur n'est jamais grandiose".
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