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Critique de NMTB


« Je présume qu'il est arrivé à la plupart d'entre vous de se trouver saisi au revers de la veste par un de ces bavards qui, avides de faire entendre le son de leur voix, recherchent un compagnon dont la seule fonction consistera à prêter l'oreille sans être pour autant contraint d'ouvrir la bouche », écrit Louis-René Des Forêts au début de cet excellent texte, comme pour définir le bavardage. Personnellement, ça m'est arrivé quelques fois, dans la vie et en tant que lecteur. Cette désagréable impression qu'on vous postillonne au visage sans le moindre égard. Ce n'est pas tout à fait le cas ici, car l'auteur de ce texte est en vérité très attentif à son lecteur et s'adresse très souvent à lui, même s'il n'est pas forcément amical.
De fait, l'auteur a écrit un livre qui ressemble à du bavardage, rempli de confidences, avec une certaine impatience à dégurgiter son discours et qui, parfois, pourrait paraître incohérent. Pourtant, tel que le narrateur commence par se décrire dans son rapport au monde et aux autres, il semble être le contraire d'un bavard. C'est un grand taciturne qui ne se confie jamais à ses proches.
Cependant, en son for intérieur, lui sait qu'il est un bavard et il le prouve. Un bavard spécial, un bavard de l'intériorité, un bavard en puissance, dont seul le désir pressant de s'épancher importe, qu'il devienne effectif ou non. Et ce désir - ces « crises », écrit-il, car ce n'est pas un désir constant et il le ressent comme un « mal » - s'abîme invariablement dans l'angoisse. Doucement, alors, à travers le récit d'une soirée trop arrosée qui a mal tournée, une nuit blanche, il analyse le sempiternel mécanisme chrétien : désir, assouvissement, honte, culpabilité, peur irraisonnée, expiation.
Mais où est la vérité, où commence le mensonge, le bavardage, dans cette entreprise de sape de la communication, mise-en-abyme infernale et ironique, aux contradictions assumées ?
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