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Critique de Mevlan


Mevlan
27 septembre 2016
Cet essai publié en 1996 est d'une actualité étonnante. Si son auteure, disparue en 2013, vivait encore, elle ne pourrait constater qu'amèrement la justesse de son constat de l'époque.
Ce livre apporte un recul nécessaire et salutaire sur l'état catastrophique de la société dans laquelle nous sommes plongés, auquel, consciemment ou non, nous souscrivons. Ce constat porte principalement sur la disparition du travail. le chômage, depuis les années 80/90 ne cesse de préoccuper nos élites politiques. Selon l'auteure, il ne s'agit là que de comédies. Si le chômage était conjoncturel (donc provisoire) depuis l'époque où Marx analysait les « crises capitalistes » jusqu'à la fin du XXème siècle, il est devenu, d'une part en raison des progrès techniques, d'autre part en raison des délocalisations, aujourd'hui irréversible (en tout cas en Occident, selon moi). le plein emploi, c'est fini ! Il faut se mettre cela dans la tête. Les grandes sociétés licencient à tour de bras. L'inverse n'arrivera pas. C'est évident, on ne va pas démonter les machines qui ont remplacé des centaines de bras, comme non plus on ne va pas créer de l'emploi dans nos pays occidentaux, alors qu'une main d'oeuvre servile et bon marché existe partout ailleurs ! Et ce, malgré toutes les gesticulations empressées de nos élites politiques et leurs vaines promesses !

Ce que souligne Viviane Forrester, c'est le désarmant paradoxe suivant : le travail disparait, mais le loisir n'augmente pas pour autant ! Tout se passe comme si plus l'on manque de travail, plus on le cherche ! Toutes les idées selon lequel le progrès technologique entraînerait nécessairement une vie plus libre, moins « aliénée » par le travail, est balayée par les faits. le progrès technologique n'a jusqu'ici que mis à la porte des millions de vies, laissées sur le carreau, et ces laissés pour compte n'en profitent nullement, obsédés par le désir de retrouver un travail qui n'existe pas.

Tout cela remet en cause notre vision de la société, nos préjugés sur les chômeurs « assistés », sur les discours théâtralisés des politiques… Viviane Forrester porte un regard lucide sur l'état alarmant dans lequel notre société plonge tête baissée depuis deux ou trois décennies. Et ce regard lucide, c'est ce qui fait notre dignité, notre qualité d'être humain. Même si nous ne pouvons apporter de réponse à cette tragédie, il nous reste au moins cette dignité. Voilà ce que m'a appris ce livre.
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