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Critique de Mallysbooks


S'approprier les mots de Dominique Fortier n'a pas été chose facile. Et pour cause, la construction narrative de la porte du ciel est surprenante. A la lecture des premières pages, on s'attend à découvrir le portrait de deux amies aux bagages bien différents. L'une blanche et fille de médecin, l'autre noire et fille d'esclave. Deux destins qu'on devine s'entremêler alors que gronde la guerre civile et que le centre du débat semble plus que jamais les séparer. Pourtant, ce n'est pas à une histoire d'amitié indéfectible que nous aurons affaire, mais à une sorte de chronique sociale de l'Amérique du XIXème siècle.

Certes, nous suivons l'histoire d'Eve et d'Eleanor, mais entrecoupée de bribes de vies complètement étrangères à l'intrigue. Au fin fond de l'Alabama, on découvre des couturières qui s'adonnent à l'art de la courtepointe, dans une Amérique plus contemporaine, on vit les derniers instants d'un condamné à mort, et comme dans un livre d'Histoire, l'auteure nous révèle les grands enjeux de la Guerre de Sécession. On alterne entre le romancé et le didactique, entre histoires particulières et Histoire avec un grand H.

Avec une écriture métaphorique et pleine de mystère, Dominique Fortier chamboule tous nos repères. Tout au long de son texte, elle joue avec la symbolique. Celle de la liberté tout d'abord, qu'elle évoque avec une retenue presque pudique. Par petites touches, elle définit les contours de cette indépendance tant espérée et à la fois tellement relative. En toile de fond, se dessine bien évidemment l'émergence d'un rapport de force autour des droits de l'homme. A travers différentes situations, l'auteure laisse entrevoir l'évolution de la ségrégation, tout d'abord raciale, qui se mue peu à peu en ségrégation sociale. Mais son ton est étrangement neutre, comme figé par le poids de la destinée. Révoltes et prises de positions sont finalement absentes, comme pour laisser planer un flou gaussien sur ces questions universelles. Et pourtant entre les lignes s'esquisse un soupçon de réponse. L'idée de la construction et de la réunion est largement développée par l'auteure, à travers les scènes de couture, mais aussi lorsqu'elle parle de cette église élevée de bric et de broc grâce à la volonté des habitants du comté. N'est-ce pas là l'allusion à une Amérique faite de communautés différentes ?

Pour résumer…

La porte du ciel est un roman atypique qui se plait à laisser planer le mystère. Entre bribes de vie et métaphores, l'auteure dépeint la construction difficile des Etats-Unis tels que nous les connaissons aujourd'hui. Sous couvert de l'esclavage, Dominique Fortier aborde des questions plus universelles mais nous laisse difficilement entrevoir son cheminement de pensée. Reste une impression d'inachevé qui nous laisse sur notre faim.

Ma note…

13/20
Lien : http://www.mallysbooks.com/2..
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