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Critique de ODP31


ODP31
03 septembre 2023
Mauvais esprit, es-tu las ?
Valentin Verne est une gueule d'ange revenue de l'enfer. Enfant, il fut séquestré et abusé par un tueur pédophile, déguisé en homme d'église de peu de foi et de beaucoup de folie, surnommé le Vicaire. Adulte, Valentin est devenu un policier solitaire et mystérieux qui excelle dans la résolution de crimes étranges. Passionné de science, il chasse le charlatan comme d'autres la palombe ou la gallinette cendrée. Comme le limier n'est pas trop porté sur les plaisirs de la vie, il occupe son temps libre avec la traque du Vicaire. Valentin est du genre à ramener du travail à la maison. Sous la monarchie de juillet, on ne parlait pas de droit à la déconnexion.
Inutile de consulter Irma et sa boule de cristal ou Marc avec son mug de café équitable pour présager une adaptation Netflixée de ce polar occulte à succès. C'est dans l'horoscope d'un prochain programme TV.
Dire que j'avais été modérément convaincu par le premier roman est un doux euphémisme. J'avais apprécié la description du contexte historique, mes retrouvailles avec le roman-feuilleton et il fallait bien installer les personnages, décrire l'origine du mal, mais les chapitres qui décrivaient la captivité des victimes du vicaire en alternance avec l'intrigue policière cassaient beaucoup trop le rythme du récit à mon goût.
Comme les premières impressions ne sont pas toujours les bonnes, que l'habit ne fait pas forcément le vicaire, j'ai lu ce second tome et les retrouvailles ont permis d'oublier ce premier rendez-vous manqué.
L'enquête s'intéresse aux agissements d'un médium de qualité Marques Repères, qui se vante auprès du très fortuné Ferdinand d'Orval de le mettre en communication, forfait illimité, avec sa fille disparue. La jeune et nouvelle épouse du père éploré demande l'aide du nouveau bureau des affaires occultes, technocrates du tarot, pour démasquer le charlatan de la table tournante avant que le pire arrive. En parallèle, le Vicaire refait son apparition et propose un jeu de piste macabre à l'inspecteur. Que serait Sherlock sans son Moriarty ? Valentin se met en chasse avec l'aide d'un nouvel adjoint et de sa belle actrice Aglaé qui commence à se lasser de son amour platonique. Certains soirs, les parties de Cluedo peuvent agacer et le lecteur a parfois envie de secouer l'amoureux transi en transit des chambres à coucher.
Le récit est rocambolesque même si l'intrigue est un peu convenue et qu'il n'est pas utile d'avoir un CAP en cartomancie ou une formation en ligne … de la main pour supputer le dénouement.
L'instabilité politique de l'époque est si bien décrite que j'ai eu envie de me laisser pousser des rouflaquettes (mais ma moitié a bloqué avec un 49-3), avec un régime « Comme j'aime…pas » dont les portefeuilles changent souvent de poche et un Louis-Philippe qui a compris que les prénoms composés étaient préférables aux séries numérotées.
Je like du Connemara également les décors parisiens que ne font pas que de la figuration. Ils font plus qu'ambiancer l'histoire, ils l'animent. Airbnb ne cautionnera pas mais j'ai trouvé que dans ce récit, les visites guidées dans les bas-fonds de Paris à patauger dans la tripaille et slalomer entre les ruelles coupe-gorges étaient bien plus immersives que les jeux de pouvoir dans les salons des hôtels particuliers. La précision des détails prouvent que l'auteur ne s'est pas limité à consulter Wikipédia en bermuda et qu'il a dépoussiéré toute la documentation de l'époque. Éric Fouassier offre ici plus qu'une gentille reconstitution : c'est un voyage dans le temps.
Dernière évolution favorable par rapport au premier opus, les personnages sont bien moins manichéens, plus adultes, et le Valentin commence à avoir du poil au menton même si ses psychoses le laissent prisonnier de son enfance.
Dommage pour le prestige des rouflaquettes.
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