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Critique de cprevost


Si Michel Foucault avec son cours atteint son lectorat malgré l'aspect chaotique de son propos, nous devons bien admettre qu'il ne parvient pas à une telle réussite malgré ses atermoiements mais bien grâce à eux. Ce sont les aspects incertains, contradictoires et peu vérifiés de sa recherche qui intéressent les commentateurs de tous bords, ils permettent, sous l'autorité du grand intellectuel, de dire un peu près tout et n'importe quoi sur le néolibéralisme.


Ce qui frappent dans les cours donnés aux collège de France par Michel Foucault ce sont les mouvements permanents, les glissements, les revirements rapides des analyses et les hasardeux travellings historico-géographiques. Michel Foucault tâtonne, brouillonne au fur et à mesure qu'il prend connaissance de nouveaux objets néolibéraux et nul ne serait le lui reprocher : « souvent [recherche] varie, bien fol est qui s'y fie ». Ce qu'il faut ici, croyons-nous, c'est plutôt interroger, l'épistémologie foucaldienne, son efficience, ses conséquences politiques, car « (…) [les] recherches ne méritent pas une heure de peine si elles ne devaient avoir qu'un intérêt spéculatif ». Est-ce qu'un subjectivisme qui tend à ramener tout jugement de valeur ou de réalité à des actes ou des états de conscience individuel est le mieux à même de rendre compte d'une phase du capitalisme qui très matériellement libère les capitaux, dysfonctionne et exacerbe les inégalités, qui très physiquement contrôle et réprime ? Ce qui compte pour le philosophe, ce ne sont pas les pauvretés, les crises économiques, écologiques et existentielles à répétition, mais semble-t-il la seule capacité normative des théories néolibérales d'informer des politiques qui font agir les individus dans la direction attendue et souhaitée. Ce qui l'intéresse dans le néolibéralisme, ce sont seulement ses discours qui permettent un certain type « d'action sur les actions », ce sont, relevant d'un moment historique des pouvoirs, ses vérités économiques révélées qui sous-tendent ses théories. le néolibéralisme n'est pas essentiellement considéré par Michel Foucault comme une phase économique concrète du capitalisme mais relève bien plutôt d'un certain mode de gouvernement des hommes, d'une certaine manière de conduire les individus dans une société donnée, relève d'une certaine forme historique de savoir-pouvoir façonnant des subjectivités d'homo oeconomicus. L'épistémologie foucaldienne qui postule des manières de gouverner et de se gouverner qui s'exercent sur les individus par eux-mêmes en tant que technique de soi et qui fait crédit à la vérité économique néolibérale du marché, a des implications politiques naturelles : la réponse au pouvoir néolibéral ne peut que se situer sur le terrain des normes et des pratiques utopiques ; l'émancipation de l'individu ou du groupe ne peut que consister à se produire subjectivement et à se réinventer.


Michel Foucault dans son cours fait la généalogie du néolibéralisme à partir des discours qui ont contribué à sa constitution et à son émergence. Il retrace pour nous dans sa « Naissance de la biopolitique », les manières non pas effectives mais réfléchies dont les gouvernants ont tenté de conceptualiser leurs pratiques, d'établir les domaines, les différents objets, les règles générales et les objectifs d'ensemble de leur intervention afin de gouverner de la meilleure façon.
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