Michel Foucault affirmait que « dans son versant critique, la philosophie est ce qui remet en question tous les phénomènes de domination ».
Cette analyse des rapports de pouvoir demeure au coeur de tout un pan de la tradition philosophique et s'incarne dans un questionnement qui passe par le rapport au terrain. Comprendre les effets de domination et tenter de les contrer c'est aller là où ils s'exercent, c'est-à-dire là où ceux et celles qui les subissent peuvent en devenir, par leur expérience même, des expert·e·s.
En franchissant le seuil d'une prison ou d'un camp de réfugié·e·s, en enquêtant sur les expérimentations autogestionnaires et écologiques au travail, chacun·e des philosophes invité·e·s façonne un discours critique qui engage un autre rapport au réel et à la philosophie. La réflexion critique se forge ainsi par les entretiens comme par le travail sur les sources et les archives, rendant présente autrement la puissance d'un terrain passé.
Retrouvez sur notre webmagazine Balises, les articles en lien avec la rencontre : "Philosophie de terrain et sciences sociales : rapprochement, hybridation ou dissolution de la philosophie ?" et "L"entretien en philosophie de terrain"
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Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux. Il faut lire.
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La prison ne peut pas manquer de fabriquer des délinquants. Elle en fabrique par le type d'existence qu'elle fait mener aux détenus : qu'on les isole dans les cellules, ou qu'on leur impose un travail inutile, pour lequel ils ne trouveront pas d'emploi, c'est de toute façon ne pas « songer à l'homme en société ; c'est créer une existence contre nature inutile et dangereuse » ; on veut que la prison éduque des détenus, mais un système d'éducation qui s'adresse à l'homme peut-il raisonnablement avoir pour objet d'agir contre le vœu de la nature ? La prison fabrique aussi des délinquants en imposant aux détenus des contraintes violentes ; elle est destinée à appliquer les lois, et à en enseigner le respect ; or tout son fonctionnement se déroule sur le mode de l'abus de pouvoir. Arbitraire de l'administration [...] Corruption, peur et incapacité des gardiens [...] Exploitation par un travail pénal, qui ne peut avoir dans ces conditions aucun caractère éducatif.
"Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire"
" Si vous saviez, lorsque vous commencez à écrire un livre, ce que vous allez dire à la fin, croyez-vous que vous auriez le courage de l'écrire ? " [octobre 1982]
Le meilleur moyen de coloniser quotidien des gens par des mécanismes de contrôle renforcé et global consiste à solliciter non pas seulement leur approbation, mais leur contribution active. (Tony Ferri)
Il appert que, en mieux ouvert, le fait d’être placé en détention domiciliaire sous surveillance électronique et d’être soumis ou ordonné à une exigence de traçabilité (c’est-à-dire le sentiment d’être surveillé quotidiennement et de devoir rendre constamment des comptes faisant écho à l’affect) entraîne la réapparition des murs carcéraux en soi et autour de soi. (Tony Ferri)
Jamais la psychologie ne pourra dire sur la folie la vérité, puisque c'est la folie qui détient la vérité de la psychologie
j'écris pour me changer moi-même et ne plus penser la même chose qu'auparavant.
Michel Foucault a une lecture de notre société comme étant, pour une bonne part, particulièrement disciplinaire, c’est-à-dire qu’elle vise, au premier chef, à la normalisation des pensées et des conduites, ce qui implique, selon lui, la mise en oeuvre et le développement d’une foule de techniques de correction, de punition, de coercition, au sein même de la collectivité, au plus près des corps, afin de produire des transformations, des conditionnements, des résignations. (Tony Ferri)
Avant, on parlait de malade ; le terme de patient n'est venu que dans les années 80. "De l'homme à l'homme vrai, le chemin passe par l'homme fou".