Même à cet instant, j’ai peur qu’elle remarque quelque chose, dans mes traits, qui l’alarme. Si elle alerte quelqu’un, je ne sais pas ce que l’homme serait capable de lui faire. À elle, et à tous les autres.
Alors je garde les yeux rivés sur mes pieds nus, par sécurité.
À l’époque, je pensais que c’était une coïncidence si elles s’étaient retrouvées captives des hommes de Giorgos. Je pensais que les Grecs surveillaient ma maison. Mais je n’avais peut-être pas sauvé la vie de Belle ce soir-là.
Peut-être que j’avais interrompu leur cavale.
Mais j’ai envie d’apaiser ses peurs. Je veux qu’elle sache que je suis prêt à brûler cette ville entière s’il le fallait, juste pour la sortir des décombres et essuyer la cendre sur ses joues.
Quand Belle sera à nouveau avec moi, je pourrai m’inquiéter de mon état de santé. En attendant, la douleur n’est qu’une sensation comme une autre.
Elle est folle de jalousie, cette salope. Ça ne lui aurait pas plu. Et je n’avais pas envie de mettre Xena en colère et de risquer de mettre Belle en danger. Comme Christo l’a si bien dit, Xena pourrait profiter de m’avoir au téléphone pour torturer Belle. Juste pour le plaisir.
Non, il vaut mieux conserver l’avantage de la surprise. Même si ça veut dire que j’y vais en aveugle, sans la moindre idée de ce qui m’attend.
Il y a quelque chose qui cloche. Je ne sais pas quoi faire, à qui faire confiance. Je n’arrive même pas à croire en mon instinct.
Mon infirmier est bizarre. Il est trop gentil, genre… vraiment trop. Je dois avoir l’air complètement folle, de me plaindre que mon infirmier soit trop gentil. Mais je t’assure, quelque chose ne va pas, il faut que tu viennes. J’ai vraiment besoin de toi.
Le regard de la femme alterne entre moi et l’homme, comme si elle essayait de comprendre quelque chose. Pendant ce temps, je sens mes tripes se nouer. Lorsqu’elle sort de la chambre avec l’infirmier, je me rue sur mon téléphone et compose le numéro de Nikolai.
C’est une vague, un tsunami qui emporte tout sur son passage. Je ne peux qu’étouffer mes sanglots et attendre qu’elle passe. Puis toutes ces émotions, toute ma tension disparaissent.
Mon bébé est encore en vie.
Je n’ai jamais été quelqu’un de violent ni de particulièrement colérique. Avec tout ce que j’ai traversé, je pense que ça mérite d’être salué.