Échec et mat, tome 2 : À l'amour comme à la guerre

Parce que je ne suis pas comme ces héros de romance. Je suis le mec qui te baisera contre un mur, qui passera ma main autour de ta gorge, qui te tirera les cheveux alors que tu hurleras mon nom. Je suis le mec à cause duquel tu te réveilleras sur un matelas nu parce qu’on aura tellement baisé pendant la nuit que les draps en seront tombés au sol. Je suis le mec qui chante horriblement faux, mais je te dirai chaque jour de ma vie à quel point je tiens à toi. Alors, avant que tu ne prennes ta décision, tu dois savoir tout ce que ça implique.

Je fais un pas vers elle, essayant d’ignorer la douleur dans mes côtes, et je passe un bras autour de sa taille. Elle observe chacun de mes mouvements, sa respiration s’arrêtant un instant alors que je me penche plus près d’elle. Mes lèvres effleurent les siennes, et je sens le goût de son café sucré.
Je l’entends lâcher un grognement alors que j’approfondis le baiser, mais je me recule avant d’aller plus loin.

Je sais que le jeu auquel nous jouons comporte des risques. Je sais ce que nous avons à perdre, mais nous avons tellement plus à gagner. Viola Fisher a toujours été mienne, et nous ne terminerons ce jeu qu’ensemble.

Je plonge mon regard dans le sien avant de jeter un coup d’œil derrière lui, vérifiant que la voie est toujours libre. Je suis sur les nerfs, et mes émotions sont sens dessus dessous. Alors que ses lèvres se rapprochent de mon oreille, une pulsion d’électricité traverse mes veines. Travis est ma drogue et, quand je reçois ma dose, il m’est difficile de me concentrer sur quoi que ce soit d’autre. Mais je n’ai pas le choix.

Elle est belle à en couper le souffle. Sa poitrine se lève et s’abaisse à un rythme régulier, et ses lèvres ressortent en une moue tendre. Le goût de ses baisers me manque, et j’ai désespérément envie de l’embrasser de nouveau.
Mais je ne peux pas.
Si je dois faire mes preuves, lui montrer qu’elle peut me faire confiance et que j’ai l’intention de tout donner, je dois changer les règles du jeu.

Je déteste demander de l’aide, mais je ne peux pas me permettre de laisser ma fierté me contrôler. Mais tout d’abord, je dois essayer. Après avoir réussi à me glisser hors du lit, je me lève avec l’aide de quelques jurons. Je me suis douché à l’hôpital avant d’en sortir, et c’était l’expérience la plus humiliante de ma vie. Nancy et moi avons tissé une sorte de lien la nuit, mais lorsque son créneau a pris fin, Helen l’a remplacée. Disons simplement qu’elle a été beaucoup moins patiente avec moi. Cette infirmière avait dû être envoyée directement de l’enfer.

Une bouffée de chaleur m’envahit, et j’ai bien trop peur de demander s’ils ont couché ensemble. En vérité, je veux tout savoir, chaque détail. Mais j’ai peur que ça brise mon cœur en un million de petits morceaux, et je ne suis pas sûre de pouvoir le supporter de nouveau.

Je dissimule mon excitation et m’efforce de faire bonne figure. J’adopte une attitude indifférente en entendant la nouvelle de son retour, même si mon cœur bat immédiatement la chamade à la simple mention de son nom, et que j’ai encore un million de questions.

Ne pas savoir est une torture, mais je refuse de tirer mes propres conclusions jusqu’à ce que nous puissions en discuter. Je ne sais pas ce que je devrais penser ou faire maintenant, mais une chose est certaine : je ne pourrai pas supporter d’avoir le cœur brisé une nouvelle fois à cause de lui.
Au début des vacances de printemps, j’ai dit que je ne voulais pas me retrouver en compagnie de Travis. Maintenant, être loin de lui est une torture. Je me réveille, le samedi matin, à cause de la sonnerie de mon téléphone. Les battements de mon cœur s’accélèrent quand je vois le nom de Travis s’afficher à l’écran. Je réponds rapidement, et des papillons se bousculent dans mon corps, accompagnés d’un sentiment d’inquiétude.

Des souvenirs de bruits de verre brisé et de métal froissé refont surface en moi, mais je ne peux pas vraiment les distinguer, ce qui empire les choses. Peut-être que ça vaut mieux. J’aimerais pouvoir effacer tous ces souvenirs de mon esprit.