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Critique de JBLM


Je suis très mitigé sur cette lecture.

D'un côté, le cadre est vraiment exaltant, et il est indiscutable que l'auteur maîtrise son sujet, la culture, la géographie et l'histoire de l'Inde. Il emploie souvent le point de vue indien, pour qui les habitudes et les croyances européennes semblent barbares et grossières, ce qui force le lecteur à remettre en cause le caractère universel de ses certitudes. On visite les plus grandes villes de l'Inde, avec des descriptions qui ne sont ni vagues ni barbantes.

De l'autre, l'ensemble est très manichéen, entre des Indiens sages et raffinés, et des Européens avides et sales. Là où le clergé chrétien alterne entre espionnage intéressé, supervision de bordel, pédérastie et exaltation ridicule contre l'idolâtrie, les brahmanes hindous sont des modèles de sagesse, d'abnégation et de vision de l'avenir. L'hindouisme et la société qu'il façonne font au moins l'objet d'un vrai regard critique, et l'islam d'une habile neutralité, alors qu'on a le sentiment d'un règlement de compte pas très courageux avec le christianisme. Même Warren Hastings, de loin le personnage le plus réussi du roman, se voit sali gratuitement avec des obsessions tordues, à croire qu'on ne peut pas être Blanc en Inde sans troubles compulsifs ... Ensuite, la 4e de couverture promettait un roman d'aventure ; j'aurais été servi si chaque scène de sexe sans amour avait été remplacée par une péripétie. Les pensées et les échafaudages théoriques rarement suivis d'effets de quelques personnages engloutissent la majeure partie de ce gros livre, où les tournants sont la plupart du temps suggérés d'un chapitre à l'autre et non vécus par les personnages sous les yeux du lecteur.

Enfin, l'oeuvre tombe dans une bonne partie des travers de la littérature contemporaine, avec laquelle j'ai beaucoup de mal pour ma part : phrases nominales à vau-l'eau pour créer des emphases toutes pourries (sinon, la virgule, c'est bien aussi), fascination du morbide et du psychiatrique, culte de l'anti-héros, détestation de la force et de l'ambition, scènes érotiques régulières pour stimuler l'instinct du voyeur à défaut de retenir l'intérêt du lecteur. Je passe à autre chose sans regret.
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