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Critique de svecs


Largo Winch, le milliardaire en blue jeans avec la gueule de Patrick Swayze, qui fuit sa destinée comme un cheval sauvage... Un personnage archétypal et transgenre, héros de romans, de bandes dessinées, d'une série télévisée et de films. Qui dit mieux ? Personne ! Largo Winch est. Mais comment expliquer le succès et la versatilité de ce héros ?
Largo Winch, c'est l'assurance d'une structure immuable, sécurisante comme un épisode de Walker, Texas Ranger.
Largo Winch, c'est un phare dans un monde en pleine mutation. C'est une Canary Bay moite dans un océan déchaîné de choses changeantes qui ne restent pas les mêmes. Largo ne change pas, ou si peu.
L'imagination au vestiaire, comme les vêtements des créatures féminines qui hantent les pages de cette série (je n'ose les qualifier de femmes parce que, franchement, on peut difficilement qualifier de femmes les artefacts féminins qui s'abandonnent, alanguies, dans les bras de notre beau héros), et une idéologie très années 80.
Rassurez-moi, dans ce monde en crise… Donnez-moi une bouée à laquelle me raccrocher, une vision du monde que je comprends, un canevas familier dans lequel je peux me plonger sans risquer de perdre pied.
Largo Winch, ce sont des cycles de deux albums, parce que la complexité de l'intrigue ne permet pas de tout faire rentrer dans le cadre étriqué de 46 planches. Nous parlons quand même d'un héros de romans. Largo Winch, qui est un homme bon et pétri de principes humanistes inspirés de son mentor bouddhiste (sans doute le même que celui de Steven Seagal, même que je me demande pourquoi Largo n'a pas les trait de Steven), toujours enclin à faire confiance aux autres. Et quand il s'y attend le moins, PAF !, le voilà attiré dans un piège mortel par des méchants.
Largo, qui est bon, pétri de principes humanistes, se fait enquiller comme un bleu. Il devrait se méfier depuis le temps. Mais il a confiance en la nature humaine. Ce doit être son côté bouddhiste, tendance Wall Street. Et à la fin du premier volet de ce diptyque, il se retrouve en bien mauvaise posture. Comment se tirera-t-il de ce mauvais pas ? Il faudra attendre deuxième volet de ce diptyque (parce qu'il faut deux tomes pour développer toutes les subtilités de l'intrigue qui est trop bien) pour qu'il ait la possibilité de se rebiffer. Il rue dans les brancards, ses sourcils se plissent dans une grimace qui indique un tempérament rendu soucieux par la duplicité de ceux qui ont voulu l'enquiller, de préférence en s'en prenant à un de ses proches. Et dans un feu d'artifice final beau comme une cascade de Rémy Julienne, pif, paf, pouf, justice est faite.
Je trouve un certain charme à cet étalage de lieux communs, comme aux pires James Bond avec Roger Moore. C'est n'importe quoi, mais tellement éhonté que cela en devient délassant.
Mais je m'aperçois que je n'ai pas encore parlé de l'intrigue de ce diptyque, qui se décline en deux albums.
Pékin. Ministère de l'Administration générale de l'aviation civile. La division aéronautique du Groupe W, représentée par André Bellecourt, est sur le point de conclure une joint venture avec la Tsai Industries. Cette alliance permettrait à la division, en difficulté depuis plusieurs années, d'appréhender plus sereinement son avenir. Mais il reste un caprice de M. Tsai Huang à satisfaire pour entériner l'accord : inviter Largo Winch en personne à signer les documents. le hic, c'est que Largo est injoignable. Notre héros s'est provisoirement déchargé de ses obligations et vit coupé du monde dans un lieu tenu secret. Seul Simon sait comment le contacter. Dwight Cochrane le somme d'avertir son patron que l'avenir du groupe est en jeu et qu'il doit impérativement se trouver à Hong-Kong dans moins de dix jours. Largo acceptera-t-il de retourner en Chine, là même où quelques années plus tôt, il a connu les pires déboires ? Une vieille dette contractée en Birmanie et qui se rappelle à son mauvais souvenir ne lui permet plus d'hésiter. Une toile s'est tissée dans laquelle Largo n'a d'autre choix que de se précipiter...










Mais c'est un piège, Largo ! Grand dadais, tu vas encore te faire enquiller comme un bleu !



Du cousu-main, du solide, du costaud. Largo à Hong Kong.
Mais je m'en voudrais de ne pas parler des femmes qui interviennent dans cette intrigue si haute en couleurs. Nous croisons d'abord Miss Pennywickle, qui reste la Moneypenney de Largo en moins sexy, tendance super Nanny.
Puis un rapide détour chez Marilyn, la secrétaire dévouée, qui était justement en nuisette. A quelques minutes près, elle était en training diadora.
Puis intervient le meilleur personnage féminin créé par Jean van Hamme. Pour replacer dans le contexte, il faut se rappeler que ce baroudeur de Largo avait pour ami et pilote personnel un ancien de l'armée israélienne, le visage barré d'une cicatrice (parce que c'est un dur qui en a vu de dures), mais il avait décidé de prendre sa retraite pour filer le parfait amour avec une jeune femme. Il fallut bien le remplacer, le choix des auteurs s'est posé sur Silky Song. Voilà un nom qui sonne comme un pseudo d'actrice porno. Mais ce n'est pas le plus sexiste dans ce personnage hallucinant, sorte de synthèse de fantasmes mites d'adolescents boutonneux. Imaginez, une jolie asiatique un peu garçonne, au corps fin, musclé, souple comme une liane, lesbienne insatiable, amatrices de gros cubes et adepte des arts martiaux... On l'imagine grande prêtresse de la communauté de guerrières de Canary Bay.
Enfin, signalons des esclaves sexuelles chinoises que Largo refuse d'utiliser parce qu'il est bon, pétri de principes humanistes et le retour de Marjan Texel (croisée dans un dyptique précédent), super-flic en vacances et en goguette avec une collègue. L'une passe dans le lit de Simon, l'autre dans celui de Silky. Parce que les personnages de Largo ont visiblement de gros besoins, en tout cas, une partie des personnages a de gros besoins que l'autre partie est chargée d'assouvir. Et Largo, qui est bon, pétri de principes humanistes, se retrouve souvent incapable de conclure.
Du gros rouge qui tache, mais de temps en temps (une fois tous les 18 mois, à peu près), je ne crache pas dessus.
J'aime les plaisirs simples.
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