AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Pecosa


Si Michaël Douglas avait lu ce livre, il n'aurait pas expédié Glenn Close ad patres depuis la salle de bain familiale. En quelques billets et lettres, drôles, caustiques, impertinents, Benjamin Franklin, Monsieur paratonnerre et accessoirement père fondateur des Etats-Unis d'Amérique nous livre ses points de vue sur la société américaine. Editeur de livres, journaux et almanachs populaires, journaliste doté d'une plume élégante et efficace, il use de pseudonymes pour faire passer ses idées, sur un ton faussement badin, et fort réaliste. Il devient ainsi Anthony Afterwit (Anthony le-sage-tardif) pour convaincre les habitants de la Nouvelle-Angleterre de la nécessité d'être économe, Alice Addertongue (Alice langue-de-vipère) pour colporter des scandales et égratigner la bonne société, ou s'auto-adresse des réponses dans ses propres journaux. Homme politique et scientifique, il aborde tous les sujets, dès qu'il s'agit de critiquer les convenances et de défendre ses convictions. Favorable à l'indépendance des Etats-Unis, il ridiculise les Britanniques dans "Pour transporter des serpents à sonnette" ou "Pour humilier les rebelles américains", et parvient à vulgariser la théorie copernicienne dans "Un cuisinier fantasque". Tous les textes sont drôles, habiles et d'une incroyable modernité.
"L'art de choisir sa maîtresse" qui rappelle certains lignes des Petites misères de la vie conjugale d'Honoré de Balzac, s'adresse à un ami qui refuse le mariage. Pour l'aider à faire le bon choix, Benjamin Franklin croque en huit points, l'art de choisir une compagne quand on ne veut pas s'engager. Il faudra, lui écrit-il, qu'elle ne soit pas trop jeune, mais plus âgée, car moins sotte, plus expérimentée ("c'est grâce à la pratique que le tour de main s'améliore") et surtout beaucoup plus discrète: "Quant à la leur (réputation), si l'affaire venait à se savoir, on peut considérer que les gens seraient plus enclins à absoudre une femme d'un certain âge de s'être gentiment préoccupée d'un jeune homme, de l'avoir formé par ses conseils et d'avoir évité ainsi qu'il ruine sa santé et sa fortune avec de vénales prostituées". Et enfin, "parce que le remords est moindre. Avoir rendu une jeune fille malheureuse peut vous faire ressasser de sombres pensées. Rien de tout cela pour avoir rendu une femme mûre heureuse."
Pour connaître les règles afin de devenir un compagnon détestable ou construire un cadran solaire détonant, il ne vous reste plus qu'à lire cette merveille, rééditée par le Livre de poche dans l'amusante collection" La lettre et la plume", dans laquelle on trouve aussi "Je ne suis pas jolie, je suis pire" de la princesse de Metternich ou " Cette pute me fera mourir" du duc de Saint-Simon, étrangement absents du Lagarde et Michard.

Commenter  J’apprécie          293



Ont apprécié cette critique (28)voir plus




{* *}