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Critique de Yanoune


Le cochon rose.... Ou le bouquin nostalgie, colère et serrage de tripes... mode combattant alors que la bataille est déjà pliée...

- Nostalgie, serrage de tripes ?
- Oui en fait tu vois, la base de cette histoire est un élément réel, et j'étais en plein dedans... les expropriations de Montmartre par les politiques et les promoteurs dans les années 90... j'ai fait partie du lot..
- OOOOh...
- Et 30 ans après ça me fait toujours mal au bide, et ça me rend toujours triste.. témoin d'une destruction d'un quartier populaire et vivant pour le transformer en un truc chic et pour se faire de l'argent au passage... Ouais ce Cochon Rose je m'en souviens encore, le rideau bleu avec le cochon au milieu, la boutique blanche avec des grands miroirs et des moulures au plafond.. les pâtés, le merveilleux jambon et les rillons.. Qui mange et sait où trouver des rillons à l'heure actuelle, hein je te le demande ?..

Oui le Cochon Rose la charcuterie en face de ma rue, la boutique d'un autre temps c'est vrai.. la boutique si jolie, remplie de cochonnailles merveilleuses... tout fait maison... coeur d'un quartier... allez aux z'oubliette... un théâtre vous m'entendez.. pour la danse... dans le style gréco romain... et puis tant et tant d'autres, lieux ou immeubles, et la vie allez aux z'oubliette... tout ça aux noms de la propreté et de la salubrité... et je soupire parce que ces raisons c'étaient du flan.. et moi ça je le sais bien... circulez y a rien à voir...
En face du Cochon Rose y avait un tripier tout petit, et puis une droguerie, à côté une pâtisserie dans un écrin dix-neuvième, là aussi miroir, sculptures au plafond jusqu'aux fresques remplies d'angelots comme une bonbonnière, avec une vraie sorcière derrière la caisse, mais c'était la meilleure pour les éclairs... qui se souvient ?

- Tu nous fais un coup d'ancien combattant ?
- Oui... j'admets.. c'était mon enfance... bizarrement j'ai l'impression qu'elle s'est arrêtée brutalement, le jour ou on a déménagé... malgré les batailles, les avocats, la salubrité prouvée de notre immeuble, ils ont gagné... et nous on s'est retrouvés ailleurs, toujours dans Paris mais dans une barre, avec la station service en dessous, dans le douzième.. là ou passé huit heure, y avait plus un tabac... ça a fait bizarre quand t'es habituée à la vie tout le temps, jour et nuit... ça fait triste... et je fuyais l'endroit, ce quartier sans vie... les promoteur nous rattraperais plus tard une histoire de coulée verte...
- Ok je comprends... Mais tu dis rien sur ce livre... oublie un peu ta nostalgie, et ton passé, soit objective... au moins un peu... et parle du livre...
- Je vais essayer... ça va pas être simple... Parce que..

Parce que dans chaque page c'est chez moi... mes racines... chaque nom de rue mentionné m'amène un souvenir pour une raison ou pour une autre... le livre nostalgique...
Je pense même qu'il a été écrit pour ça... Pour qu'on se souvienne de la destruction de ce quartier populaire, entre chien et loup ( Pigalle n'est pas loin, et les travestis et autres tapineuses ne le sont jamais non plus).. L'auteur était sans doute un voisin que j'ai croisé, allez savoir ?.. vu les associations d'odeur avec certains lieux... et il faut y avoir vécu pour s'en rendre compte... Donc un livre là-dessus vivant, réel.. le livre d'un copain pourrait-on dire, d'un camarade...
- Tu recommences ! Fais nous un pitch ! Recadre toi !
- Désolée... hum...

Donc Pitch:
Montmartre est voué à la destruction, conflit des pour et des contre, cristallisé par le proprio de la charcuterie le Cochon Rose, Camille Bouchagrain, un enfant de la butte... comme dit la quatrième de couv, la saucisse et l'andouille en guerre contre les Arts... Enfin pas vraiment, il y aura même des ponts entre la littérature et la cochonnaille ( instant magique, quoi manger alors qu'on lit untel ?... une galantine tendre ou un pied de porc pané ? )... Les énarques sont bien décidés, rien n'arrêtera le chantier !...
Rien ?
C'est sans compter de drôles de phénomènes et d'étranges apparitions qui mettent le quartier en émoi (encore plus) et vont attirer une nuée de reporter du monde entier... ( et merci quatrième de couv, pour que je reste dans les clous ^^)

Le combat perdu d'avance d'un quartier contre des promoteurs, avec les habitants et leur gouaille... on est sur le ton de l'humour, mâtiné d'une dose de fantastique, même si le sujet est plutôt sombre...

Pennac lui c'était Belleville, Guy Franquet c'est Montmartre... avec le même constat... mais pas avec le même ton, chez l'un c'est le polar, chez l'autre la comédie fantastique...
Mais si chez Pennac y a pas besoin d'y avoir vécu pour y voir un intérêt, je suis pas certaine que chez Franquet ça marche aussi bien... Même si c'est drôle et truculent, et que le bouquin a reçu un prix à l'époque de sa sortie...

Non ça objectivement je peux pas le dire... Je peux seulement ajouter..
Ah les cochons Gruik Gruik Gruik !
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