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Critique de gabrielleviszs


Suite au partenariat avec Babelio, je les remercie ainsi que la maison d'édition Flammarion pour la lecture de ce roman.

Qui n'a jamais entendu parler du radeau de la méduse ? Un lointain souvenir ou au contraire une vérité qui fait mal d'imaginer ce qui a pu se produire. le 18 juillet 1816, l'Argus trouve une embarcation bancale avec à son bord des survivants du naufrage de ce navire : la Méduse. une quinzaine d'hommes et de femmes, enfin qui y ressemblaient bien avant d'être découvert. Les conditions ont été terribles durant les treize jours entre le naufrage et leur retour à la civilisation. Si certains ont réussi à s'en sortir, non sans avoir perdu un peu de leur esprit, d'autres n'ont pas survécu malgré les soins reçus. Nous suivons Savigny, médecin de bord et Osée, matelot durant quelques temps après leur retour en France. Puis le retour sur le navire, au moment du départ. Ce moment où tous les passagers, matelots, hommes d'armée partent pour trois semaines de voyage vers le Sénégal. Ce moment où personne ne prend conscience que ce lieu est dangereux, autant parce que les mousses risquent gros, mais surtout avec la mer qui peut se déchainer à n'importe quel moment.

Bien entendu ce livre n'est pas le récit typique de ce qui est arrivé, mais de ce qui aurait pu se produire à bord. À cette époque, au temps des rois, chacun doit rester à sa place. Pourtant, sur ce navire, les grades ne restent pas forcément en l'état. La bourgeoisie n'est pas isolée comme elle le voudrait, je pense à la famille Picard, par exemple. Victor, celui dont Osée ne cesse de dire son prénom depuis son retour sur la terre ferme, nous le suivons. Ce petit devient un souffre-douleur, pourtant il arrive à s'en sortir de situations plutôt dramatique. Tentatives de viols, tentatives de pertes de peau par la cuisinière chauffée... Et puis il y a cette vie sur ce rafiot, La Méduse continue son bonhomme de chemin, emportant avec elle les passagers qui ne voient rien. Les tracas sont les mêmes qu'à terre, mais en ayant moins de place, moins d'intimité. Les relations sont exacerbées, les besoins deviennent terre à terre. Les rancoeurs sont tenaces, la vie devient plus difficile. Et c'est là que tout prend l'eau. Les trous se forment, les seaux arrivent mais c'est trop tard.

L'histoire de ce navire qui s'est perdu en route, c'est le récit de bon nombre de passagers qui ont tenté de survivre à des éléments indépendant de leur volonté, mais pas uniquement. Les désaccords se suivent tant que les personnages sont ensemble. La rancune est tenace et les esprits vont commencer à sombrer. Essayer de ne pas s'attacher à eux est difficile, ne pas les haïr ou ne pas les adorer devient un problème. L'auteur donne assez de détails sur chacun pour imaginer sa vie avant de mettre un pied sur La Méduse, jusqu'à ce qu'il remette le pied sur terre, s'il survit. Car c'est bien le hic, sur le nombre impressionnant, on se retrouve dans la même position que le Titanic. Trop de monde, pas assez d'embarcations en cas de naufrage, un bateau qui se fracasse au pire moment. Qui doit vivre ? Qui doit mourir ? Les éléments se déchainent, les requins font leur apparition.

Les personnages sont nombreux. Nous les suivons, découvrant le pourquoi ils sont sur ce navire. Arétéé Schmaltz, fille du gouverneur qui recherche un médecin pouvant effacer la tache de vin qui lui couvre la moitié du visage. Victor qui fuit, Osée qui aime cette vie depuis ces 6 ans, la Reine qui se veut tout puissante, et tous les autres qu'on a envie soit de torturer, soit de les protéger. Rien n'est simple. Ceux qui meurent se demandent pourquoi eux non pas pu être sur un rafiot. Ceux qui y sont se demandent comment survivre sans nourriture, avec de simples tonneaux de vins. L'esprit humain est complexe. Vouloir survivre pour retrouver ses proches, ses amis, sa famille, oui, mais à quel prix ? Qui serait capable de continuer en devenant autre chose qu'un être humain ? L'animal en nous semble prendre vie et nous faire oublier qui nous sommes : des gens civilisés. La plupart du temps.

C'est un conflit permanent entre ce que l'on veut et ce que l'on doit faire. Les personnages ne cessent de retrouver un peu de lucidité, mais, car il y a un mais, initialement certains ne sont pas "corrects". Ils préfèrent s'amuser aux dépends des autres. Il est question de Bonaparte également qui pourrait peut-être aider, à moins que le fait d'écrire ce qui s'est produit ne dérange ? L'humour souvent noir de l'auteur est parfait à mes yeux. C'est ce type d'humour que je préfère, plus dans le sombre, le glauque qui fait rire, pour éviter de s'apitoyer sur le sort de ses hommes et femmes qui vont y passer, autant le dire. Un naufrage à cette époque, des personnages qui ne sont pas tous d'accord, forcément il va y avoir des moments où il faut trancher dans le vif !

En conclusion, c'est un récit qui permet de nous poser des questions. La principale étant de savoir si nous aurions agit de la même façon que certains. Survivre dans de telles conditions, aurions-nous laissé la faim nous envahir ou la folie prendre le pas sur notre corps ? Sacrifice, amitié, dénigrement, les mutineries si infimes quelles soient auraient pu être le bon déclencheur pour tous les sauver. Aller jusqu'au fond des choses comme le doc, fouiner dans les cerveaux, dans les entrailles, ça il sait le faire. Un dernier point, on sait enfin ce qui est arrivé à ce fameux Victor, c'est un soulagement de savoir s'il a survécu ou non a cette folle épopée.

http://chroniqueslivresques.eklablog.com/a-ce-point-de-folie-franzobel-a148464850
Lien : http://chroniqueslivresques...
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