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Critique de Yurade


Arthur Frayer, jeune journaliste, est entré dans le milieu carcéral pour pouvoir écrire sur la réalité de la vie en prison – le reportage officiel est très (trop ?) encadré par l'administration pénitentiaire donc n'est pas parlant, on nous montrera et on nous cachera toujours les même choses. Pour lui il n'y avait que deux solutions : être gardien ou être détenu.

J'ai voulu lire ce livre parce que j'ai connu plusieurs personnes incarcérées dont une très proche. Pour des raisons qui lui sont personnelles (et que j'ai acceptées malgré moi) mon ami n'a jamais voulu partager cette période de sa vie avec moi, se confier ou solliciter mon soutien, ce qui a mis fini à notre relation. Ce sujet à longtemps été très sensible pour moi, j'ai pu lire ce livre aujourd‘hui avec du recul.

Au début, je pensais qu'Arthur Frayer ne serait qu'un jeune journaliste « bourgeois » prétentieux, pédant. Un préjugé de part mon milieu – la banlieue parisienne, mais aussi dû à certaines formulations employées dans le livre, certaines réflexions qu'il a pu avoir.
Il passe plusieurs concours dans la fonction publique pour « brouiller les pistes » : « Bien évidement, j'échoue à tous les concours, sauf à celui de surveillant – niveau brevet des collèges. », alors c'est peut-être moi, mon côté « la valeur et l'intelligence d'une personne ne se mesure pas à son niveau scolaire » mais j'ai été agacée par cette précision.
Une autre sur ses collègues stagiaires-gardiens, il évoque une période de cours entre deux stages en milieu carcéral : « Aux cours de ces deux mois, Michèle Alliot-Marie à remplacé Rachida Dati à la justice, notre ministère de tutelle, et nous n'en avons pratiquement jamais parlé ». Avec ces deux remarques, j'ai eu l'impression qu'il voulait absolument montrer que les gardiens étaient des personnes dénuées d'intelligence et de culture générale.

Puis au fil du livre, j'ai compris qu'il voulait juste infiltrer le milieu pour en connaître toutes les facettes et non pas ce qu'on nous raconte dans les médias justement. Il voulait connaître les gardiens, leur vision des choses de la vie en prison, leur vision de leur métier. Il voulait aussi parler aux détenus, connaître leurs conditions d'incarcération, les dangers et les troubles qu'ils peuvent vivre. Pour moi, c'est un pari réussi.

J'ai compris parce qu'à travers son livre, avec son écrire type journal de bord, on ressent l'humanité qui l'anime. Plusieurs fois vexé, atteint par une remarque d'un gardien ou d'un détenu et il sent qu'il n'a pas le recul nécessaire, à ces moment là il dit qu'il est plus maton que journaliste.
C'est un livre plein de citations, paroles de gardiens et paroles de détenus, dans un langage très cru. On peut dire vulgaire ou langage de la rue, je n'en ai pas été choquée : j'ai l'habitude de l'entendre et surtout ça ne rend son livre que plus vrai, l'inverse – la censure m'aurait choquée et étonnée de la part d'un journaliste voulant tout montrer, tout dire.

On « découvre » que les bons ne sont pas toujours les gardiens, que certains sont « durs » mais n'abusent pas de leur pouvoir sur les détenus et que d'autres sont méprisants et mesquins vis-à-vis des détenus. On « apprend » que les détenus ne sont pas des bêtes, que malgré les insultes de certains les notions d'honneur et de respect sont très importantes.
Frayer dénonce le problème de surpopulation, du nombre trop important de détenus pour un gardien (donc du manque de temps à consacrer à chacun) et le problème de prison au coeur de la prison… sentiment qu'on tous les détenus face à certaines situations.

Ma seule petite déception par rapport à ce livre : la fin.
Comme je l'ai dit, Arthur Frayer n'a pas de recul et prend tour de front durant son insertion, alors j'ai pensé que le livre se terminerait par une « conclusion » rédigée quelques mois après la fin de son enquête et non pas par son dernier jour de travail.
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